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  • JARDINS JAPONAIS

    JARDINS JAPONAIS

    Suite aux oeuvres de Cathelin, je ne peux que vous inciter à revoir des jardins japonais. 

    « Au tout début de leur conception, les jardins japonais ont été édifiés afin que les esprits divins puissent se reposer. C’est ainsi le lieu privilégié pour entrer en contact avec les dieux. Afin d’atteindre cette quête ultime, ces endroits se devaient alors de représenter la sobriété et la simplicité. On parle alors de jardin zen là où la sérénité s’unit avec la nature pour rencontrer les esprits divins. »


    Trois types de jardins japonais : 

    – Le jardin sec des temples bouddhistes ou KARESANSUI : vous avez surement en vous l’image de ce gravier, strié régulièrement et évoquant les mouvements de l’eau. Les blocs rocheux sont les îles. Ces jardins sont liés aux croyances bouddhistes et on les trouve près des temples. On retrouve dans ce type de jardin la simplicité évoqué dans le principe du « wabisabi » dont on parle tant en loisirs créatifs et décoration depuis quelques temps. 

    – le jardin de Thé ou CHANIWA : ce sont les espaces à franchir avant de participer à la cérémonie du thé. Il est composé de plantes a feuillages persistants afin que votre vie quotidienne ne transparaisse pas lorsque vous êtes dans cet espace. Pas de fleurs qui vous rappelle le temps qui passe, pas de prise sur les végétaux lors de l’automne. Tout est pensé pour que vous soyez à l’abri du temps, de l’ordinaire. C’est un rite d’initiation, tout est dans l’équilibre et le fait que vous quittiez votre espace normal pour entrer dans une autre dimension.
    On trouve dans ce jardin, le TOSKUBAI ce bassin de pierre qui permet de se purifier le front, les mains et la bouche avant de participer à la cérémonie du thé. Il peut avoir plusieurs pierres, être complété d’une fontaine en bambou. Dans ce jardin, on place beaucoup de palissades afin de vous aider à vous couper du monde. 
    – le dernier est le TSUKIYAMA : il nous parle de la nature, de sa grandeur et tente, dans l’espace clos de ce jardin, de recréer cette ambiance naturelle, paisible et de la magnifier. Les trompes l’œil sont nécessaires pour transcender les perspectives. Dans les jardins à la française aussi : il n’est qu’à se souvenir des terrasses de Vaux les Vicomte. Revenons à nos jardins japonais : l’eau est un élément primordial dans ce type de jardin. Souvent, le pont vous donne accès à l’îlot avec un abri en bois et les rochers qui représente les paysages du patrimoine nippon. Dans ce jardin, les saisons donnent des visages différents en fonction de la saison et de l’heure.


    Nous habitons l’ouest de la France et l’un des meilleurs endroits pour vivre un jardin japonais est le Jardin de Maulévrier dans le Choletais. Allez le voir !

                                 

     

  • DANSE BLANCHE

    DANSE BLANCHE

    Comment ne pas partager ce lien. Allez voir :  les tissus dansent, légers et libres, une autre façon de jouer avec la matière.  

    https://www.facebook.com/cassio.zanatta.7/videos/1163495923814033/

    Ces voiles me conduisent aussi à penser au monde de la danseuse Isadora DUNCAN, fin XIXè qui révolutionna la danse. Plus de corset, des voiles, de grands mouvements, des jeux de lumière : une vraie audace pour son époque ! Elle a été adulée par Mallarmé, Rodin, Toulouse Lautrec…. Elle a fréquenté les beaux cercles littéraires et scientifiques avec son amitié partagée avec les Curie, Mr Flammarion… Elle fait feu de tout bois pour ses inspirations. 
    Mais elle est aussi inspiratrice. Elle formera trois écoles de danse en Europe. Pas de tutus ou de pointe : juste de l’émotion, un plaisir spirituel. Elle n’hésitera pas à danser nue ce qui provoque quelques scandales pour son époque. Sa vie fut difficile : divorce de ses parents, carrière qui ne décollait pas aux débuts, précarité, puis la perte de ses 2 enfants et sa fin aussi est tragique : son étole de soie s’enroule dans la jante de sa voiture tandis qu’elle conduit, l’étouffant au volant. 
    « La Vierge folle » inspiré d’un mouvement d’Isadora Duncan, de Rik Wouters. 1912, Musée en Plein Air du Sart-Tilman, Université de Liège
  • Vos blancs

    Vos blancs

    Nous sommes restés longtemps sur cette non couleur car il y a vraiment tant à dire. Je suis consciente que nous ne faisons que survoler sur ces pages, les entrées des travaux. A vous de faire vos recherches, d’approfondir. 

    Je ne peux me résoudre à quitter cette couleur sans vous parler d’éléments essentiels dans mon monde textile : le linge ancien et les monogrammes. Le blanc est synonyme de linge, de lingerie, de propreté. Il n’est qu’a voir dans les tableaux classiques combien les dentelles et chemises sont montrées et mises en valeur, symbole d’hygiène. 
    Pour ma part, je pense aux draps et linge de maison.

    Cela touche la mémoire de mon enfance, les draps qui grattent un peu parfois, souvent un peu lourds mais rassurants. Et la beauté de ces broderies faites sur un temps gagné sur le travail domestique. Ici, pas d’atelier, pas de lieu destiné à la broderie. Les femmes brodaient lorsque le reste était fini, sur un temps volé au reste des tâches ou pour préparer les jeunes filles à leur vie future. J’en avais longuement parlé lors de la conférence « Mon Dictionnaire Amoureux du Textile » et je ne reviendrai pas sur tout ce que cela impliquait. Mais en manipulant ces tissus, je suis toujours émue et en empathie. 
    Je peux même finir en colère lorsque les peintres protégeaient les meubles des clients avec ces tissus pour repeindre plafonds et murs !!! Cela donne une idée de la valeur accordée à ces matières et au travail fait dessus….
    Penser au linge revient aussi à parler des boutis. Nous avons en France des spécialistes mais aussi un maître en la matière : Hubert Valery. Ancien architecte, il s’adonne à sa passion du boutis depuis sa retraite. Il crée des pièces très contemporaines qui jouent avec la lumière. Travail magnifique, rigoureux, exigeant et de longe haleine. 
    Assez parlé : c’est dimanche et je vous laisse la parole.

    De la part de Guilaine pour vous :

    Bonjour Geneviève, voici une oeuvre de Simone Pheulpin, Eclosion XX, admirée à Chaumont sur Loire, lors d’une étape de la Loire à vélo. Du tissu, des plis, des épingles, admirable! Merci pour ton blog, je m’y plonge chaque jour avec ravissement. 

    Mais certaines ont aussi pris l’aiguille. Nous avons vu le travail d’Annie hier et voici deux pièces réalisées pour ce challenge : 

    Noëlle : Transparence




    Marie Christine : une année blanche pour un monde confiné 

    Et vous, avec vous fait des collages, des broderies blanches ? Des quilts, des boutis ou du trapunto ? Montrez le nous …




  • LA BEAUTE DES GESTES

    LA BEAUTÉ DES GESTES

    Vous parler du blanc, me conduit à penser au travail des artisans. En effet, ils sont pléiades à travailler la matière avec excellence. Lorsqu’il n’y a pas de couleur, on ne peut s’abriter derrière rien : l’exigence est totale, absolue. En écrivant cela, je pense aux chanteurs lorsqu’ils doivent affronter seuls un public sans orchestre, sans sonorisation, juste avec la voix. 
    On le constate en regardant les œuvres de porcelaines ou les plissés de Mme GRES. 
    Je veux juste rappeler ici combien la transmission des savoir-faire ancestraux, l’apprentissage et la répétition des gestes sans fin jusqu’à obtenir la perfection, le respect des procédés font partie de la formation des artisans. Les musiciens font leurs gammes, les écrivaines remplissent des pages, les sportifs s’entraînent…
    Mais cela ne suffit pas : un artisan d’art actuellement doit savoir se tourner vers l’avenir, chercher sans fin, expérimenter, tester de nouveaux matériaux, repousser les limites des outils, des matières, des gestes…. 
    Le choix des matériaux, la recherche du fil parfaitement adapté à nos besoins, l’aiguille entretenue, choisie pour ses qualités et propriétés font partie des soins que je dois apporter à mes travaux. Me laisser surprendre par des réactions de la matière, ne pas vouloir tout de suite gérer le rendu, accepter un peu de l’aléatoire pour pouvoir avancer, hésiter, prendre le temps, c’est cela le quotidien de la création. 
                                     
    Ce sont les années passées à la table de travail, laborieusement, silencieusement. Savoir-faire, précision du geste, tradition, expérience ne seront rien si on n’a pas la passion de son métier, de sa matière, de la gestuelle. Il s’agit d’une relation fusionnelle avec ces éléments. Ils nous envahissent, sont là au quotidien, ne nous quittent pas un instant. J’ai le sentiment d’être perpétuellement en traduction de sentiments, d’impression, d’envies. Dans mon regard, les points s’entremêlent pur traduire mes pensées. Pour cela, il faut se nourrir en permanence dans tous les domaines : ne regarder que notre matière est stérile. Ecouter, entendre, sentir, regarder : tout notre environnement doit vibrer et nous animer. C’est le sens de ce travail que je fais pour vous tous les jours. 
    Mais, par-dessus tout, l’échange avec les autres est essentiel. Nous n’avons pas un savoir unique, la pensée universelle : la discussion autour des pièces, de projets, l’échange des idées, les suggestions sont là pour faire avancer le travail de l’artisan. Ce sont des relations équilibrées, de confiance profonde, de respect mutuel, une admiration réciproque et une totale compréhension qui permettent de nous rassurer et nous aident à faire cette route.  Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice de l’autre. Trop d’attitudes consommatrices sont stériles et malsaines. Seul l’échange peut nous grandir et nous obliger à avoir un vrai regard sur notre travail. L’autosatisfaction est malsaine mais le dénigrement systématique l’est tout autant. C’est pour cela que nous avons besoin des regards de ceux qui nous sont chers pour comprendre notre travail, le lire sans jugement biaisé. 
    La frontière entre artisan et artiste est ténue. Chacun doit se renouveler sans fin. 
    Tous les deux ont besoin de vous : allez les voir, rendez vous dans les expositions, les ateliers. Entrez dans le jeu des matières, apprenez, soyez curieux.  C’est aussi par cela que le monde de demain dont on parle tant en ces jours, peut gagner en humanité. 
    Achetez des œuvres d’artistes : achetez moins mais mieux, faites vivre ceux qui autour de vous, dépendent de votre regard. Lorsque le prix d’une pièce vous parait cher, pensez aux heures d’apprentissage, pensez aux années pour arriver à parler ce langage avec autant de liberté et de talent.
                                    
  • La mariée par Nicole

    La mariée par Nicole

    Chagall Les Mariés de la Tour Eiffel 

    La mariée avait un bouquet de tournesols qu’elle agitait comme un encensoir, de plus en plus vite. Cela formait un huit de couleur jaune où bavait un peu de vert, contrastant avec sa robe de soie floche.
    Je la regardais descendre la nef avec son bouquet tournoyant et soudain les petits bouquets de tournesols et de tulle que l’on avait accrochés à la tête des premiers bancs se mirent aussi à tourner. Des quantités de soleils qui dansaient dans la pénombre de la petite chapelle. Cela donnait une lumière tremblotante comme une foule de petites bougies.
    Mes voisins ne semblaient pas s’en étonner. Je me demandais même s’ils voyaient comme moi la danse des ronds jaunes. Il me sembla qu’elle se reflétait dans les lunettes fumées de  mon  voisin de  droite, et dans celles de mon voisin de gauche après vérification. Tout à mon émerveillement, je ne m’aperçus qu’à cet instant que tous les présents dans cette assemblée,  à part moi, portaient des lunettes noires.
    Il ne faisait pourtant pas un soleil éclatant. Le ciel était plombé et j’avais bien cru que la calèche n’atteindrait pas la chapelle avant l’averse. Mais la mariée en était descendue à temps,  parée du soleil que le ciel lui refusait. Comme dans une toile de Chagall, la tête contre les nuages et l’or des fleurs à la main.
    Les accords plaqués sur l’harmonium me révélèrent le musicien. Il portait lui aussi des lunettes noires qu’il avait remontées sur son front. Il plaquait des accords vigoureux qui mettaient en danger l’équilibre de ses lunettes. Ce qui ne tarda pas d’arriver. Il continua à jouer, mais sa musique n’était plus la même, plus douce, plus inspirée. La grosse pluie qui tambourinait sur la toiture sous-tendait cette musique de sa basse continue. Les vitraux s’étaient assombris. Et la lumière ne semblait plus venir que du chœur. Une voix puissante entonna un psaume.
    Je ne pouvais voir le chanteur. Les ailes noires du chapeau de la dame qui occupait le banc précédent, me le cachaient. Quel chapeau bizarre ! On aurait dit un oiseau prêt à prendre son envol. Et à l’instant même où je me faisais cette réflexion, les ailes se mirent à battre. L’oiseau, car c’en était un, s’envola et se percha sur la poutre qui traversait la voûte lambrissée. Il picora un peu le bois de la tête de la poutre sculptée en forme de gueule de dragon ; un nettoyage minutieux des dents du monstre. L’œil de l’oiseau brillait au-dessus de moi.
    L’oiseau avait distrait mon attention du déroulement de la cérémonie. Un événement s’était passé : tous mes voisins avaient déserté la chapelle. J’étais seul.  La pluie avait cessé. La mariée était toujours là et le chanteur aussi puisque j’entendais ce psaume magnifique, une voix de basse profonde aux accents slaves.
    J’eus soudain froid. Une ombre m’enveloppa. L’oiseau ! Il piquait droit sur moi ! Je courus  devant moi. La travée ne pouvait me mener qu’au chœur.  C’est ainsi que je me retrouvai marié :

     –  Vous avez peur ?  m’avait dit quelqu’un. J’ai répondu  oui .

    La mariée m’a embrassé sur la bouche et dans le même mouvement  m’a rejeté violemment, et s’est enfuie. Je remarquai alors que son bouquet s’était fané et qu’il avait laissé sur sa robe de grandes traces noires mêlées de vert qui semblaient monter à l’assaut de son buste. Je tendis les bras, essayai de courir,  mais une force me retenait au sol. Impuissant, je vis « ma » mariée se dissoudre dans le contre-jour de la  grande porte.

    Un froissement, dans le silence revenu, attira mon regard vers le haut. L’oiseau était toujours là à me narguer sur sa poutre.

    Une colombe venait de se poser à côté de lui.

    Nicole Desgranges

  • PORCELAINE BLANCHE – 2

    PORCELAINE BLANCHE – 2

    Tomomi TANAKA – Porcelaine


    Vous aurez compris mon amour des métiers d’art. Vous savez aussi que lorsqu’on me demande ce que je fais, je dis que je fais du « textile inutile ». C’est ma réponse dans un monde où tout doit avoir une fonction. En effet, le grand public a peu d’images du textile et c’est aussi le but de ce journal que de contribuer à ouvrir vos yeux.

    Et bien, en porcelaine, c’est aussi un peu le cas. Des créateurs jouent la matière pour le plaisir de la manipulation, de la création, faisant ainsi oeuvre d’art. Pas d’autre objectif que de développer un langage, de jouer des émotions, de parler de la matière. 

    Le travail de plusieurs artistes m’ont laissé des empreintes fortes et je partage avec mon amie Michèle, l’intérêt pour une céramiste :  Bénédicte VALLET.


    Ces créations sont issues de recherche sur la texture et le mouvement. Elle cherche à démystifier la porcelaine avec es créations hors normes. Elle tricote et brode la matière, reprenant des gestes qui nous sont familiers sur de nouveaux supports. Monde onirique et déroutant, elle nous donne a revoir l’idée même de la porcelaine. 
     
     
    Elle joue les dimensions, créant de magnifiques pièces et des installations déroutantes. 
    Une autre artiste met en scène ses sphères de porcelaine : Emmanuelle FOUCAUD – La Chapelle sur Erdre

    Le monde de Marie Andrée COTE, québécoise est aussi surprenant et inoubliable. Regardez sa sphère avec les éléments épars. Nous sommes invités dans une autre dimension, la porcelaine est « cassée » pour notre plus grand plaisir. Monde délicat, fragile, temps suspendu :

    Regardez en plus sur son site : http://marie-andreecote.blogspot.com/ 
    Et enfin, je ne saurai boucler ce trop court et rapide d’horizon sans vous présenter le travail d’un artiste japonais qui m’émeut toujours par cette densité tout autant que la pureté de son travail : 

    Allez voir aussi les créations de porcelaine blanche de Axelle SABATIER…

    Ces propositions ne sont pas exhaustives : ce sont mes coups de cœur et encore, difficile de vous parler de tout sans vous lasser…
    Demain, nous parlerons un peu Japon… surprise !

  • PORCELAINE BLANCHE

    PORCELAINE BLANCHE – 1

    S’il est un domaine où la blancheur est importante, c’est aussi celui de la porcelaine. De la blancheur jusqu’à la transparence parfois….
    Dans l’une de mes vies, j’ai travaillé dans ce monde des arts de la table : et oui, c’est un art ! Actuellement, on nous parle cuisine à une époque où, dans nombre de nos villes, il n’y a même plus de magasins d’art de la Table. Derrière ce titre, régnait des rites, des exigences confinant parfois à la maniaquerie, mais aussi de l’élégance, prélude à des instants rares. Des formes modernes, un grain particulièrement fin, une permanence de la matière par sa dureté magnifiaient les tables de réception.
    Quelques fleurs dans ces vases d’Hutchenreuter suffisaient à ravir votre regard, le contenant égal en qualité à la beauté des végétaux.
    Lors d’une sortie de notre association Fil O Maine, nous nous sommes arrêtés à Virebent, haut lieu historique de la porcelaine à Puy l’évêque dans le Lot. Nous y avons entendu combien la porcelaine était présente lors du développement de l’électricité : souvenez vous des boutons électriques de notre enfance avant que le plastique n’envahisse nos espaces. L’entreprise existe depuis 1924 : pensez si elle a fabriqué des produits variés. Actuellement, deux designers font revivre les ateliers pour des créations de grande qualité.
    Une porcelaine n’est pas du grès ou de la faïence. Dans la famille des céramiques, les compositions et les températures de cuisson différent. Des pierres broyées donneront une pâte mélangée à de l’eau. On verse cette barbotine dans des moules, on la travaille sur des tours ou on la presse. Après le séchage, on démoule, un petit coup de ponçage pour effacer les marques et on fait cuire entre 800° et 1400°. Ce n’est qu’ensuite qu’on va passer un bain d’émail et faire une seconde cuisson.

    Les décors sont posés soit en peinture, soit en décalcomanie sur ces surfaces. 

    Les créateurs innovent, jouent la matière, défient les équilibres, cassent les lignes droites pour des objets d’un raffinement extrême. C’est le plaisir de la matière magnifiée : pas besoin de décor, tout est dit par la forme.
    Vase VRILLE par Esprit Porcelaine

    Elle Décoration
    Tasse Newave de Villeroy et Boch
    Tout cela se passe dans le monde des objets du quotidien : en ces temps de confinement, où tout le monde parle de relocaliser, produire propre…. on peut espérer que cette dimension du local touchera aussi le travail de ces créations. Nous avons autour de nous tant de savoir faire !

  • PAGE BLANCHE 1

    PAGE BLANCHE – 1

    Puisque nous avons du temps avant la fin du confinement, prolongeons un peu la féerie du blanc.
    Lorsque j’ai organisé l’exposition Architextur’Elles avec les Musées et la Ville du Mans en 2014, j’ai eu la plaisir de présenter le travail d’une artiste rare : Marilyne POMIAN. 
    Maryline travaille le papier, des feuilles de papier cigarette en grande dimension. J’ai découvert son travail pour la première fois en me promenant sur les boulevards parisiens. Dans des vitrines des grands bijoutiers Van Cleef et Arpels, des structures éphémères, fragiles et insaisissables faisaient écrin aux joyaux. Du blanc immaculé contrastait avec le ciel plombé d’une soirée de décembre, le froid de l’extérieur et ce blanc qui devenait chaleureux dans ces vitrines. Des plis évoquaient le tissu mais la matière était autre. Diamants et métaux contrastaient avec la fragilité du papier. Je n’ai pas retenu les magnifiques (certainement !) diamants, pour moi, le papier était le vrai sujet de la présentation. 
    Lorsque j’ai pris contact avec Marilyne pour mon projet, son travail s’inscrivait tout à fait dans ma philosophie. Travail féminin, d’exception et textile. Nous nous sommes rencontrées dans son atelier parisien. Moment tout de finesse, de silences également. De ce silence plein d’écoute, d’harmonie.  Le blanc est logique lorsqu’on la rencontre, on n’imagine pas qu’elle puisse travailler d’autres couleurs. Ambiance feutrée, pas de page blanche, tout est dit, susurré, avec une certaine distance mais tant de présence et de vulnérabilité. Pas de grands gestes, juste des mains qui s’agitent, des mains bleuies par le froid de cette journée de janvier et pourtant, extrêmement précises, un geste sûr.  Je me sens sur un fil face à cette grande dame sensible : peur de brusquer par des phrases trop vite prononcées, peur de ne pas arriver à parler de son travail, peur de ne pas assez comprendre tout ce qu’elle nous dit de la fragilité de la vie, la fugacité des moments. Entre ces murs d’atelier, bruts et décatis, nous avons entre les mains des œuvres raffinées et élégantes. Devant son travail, on ne peut qu’être dans nos propres univers intérieurs, en conversation intime. Pas de superflu, juste l’essentiel.
    Souvenez vous de ces dentelles qu’elle nous a fait pour cette manifestation : lien entre architecture, dentelles de notre passé, femmes de tous temps…A travers ces « napperons » de papier, Marilyne Pomian nous invite aux souvenirs, dans une grande présence. 

    Je vous invite à l’écouter : 
      
  • OLYMPIA de Manet

    OLYMPIA de Manet

    Décidément, le blanc est lié à l’art du XIXème siècle…
    J’aime laisser vagabonder mon imaginaire librement avant d’écrire. Cette fois-ci,
    neurones branchés sur le blanc…
    Le petit vin blanc qu’on boit sous la tonnelle? Pas assez culturel. Blanc blanc le bateau
    blanc de Marcel Amont? Pas envie de convoquer les repas de famille. Ni celle des
    mouettes. Blanc d’Espagne? Plus exotique que le blanc de Meudon, pas envie de penser
    au ménage. Blanc-manger coco des Antilles? Et j’apprends que c’est aussi un jeu de
    société à la mode pour l’apéro. Ca suffit l’apéro! Même si je n’ai rien contre. Rien n’est
    tout noir ou tout blanc, n’est-ce pas? Contraste de l’ombre et de la lumière. Heurt du noir
    et blanc et de la couleur. Symbole du blanc, couleur de deuil et couleur de mariage… Le
    blanc est-il une couleur, d’ailleurs?
    Pureté de la robe de mariée, toucher du linge de maison dans l’armoire normande, rituel
    disparu de la période du blanc, juste avant les soldes de janvier. Janvier, l’hiver, pâleur du
    visage. Prends des vitamines, tu es toute blanche. Le premier cheveu blanc, puis les
    suivants, qu’on cache, qu’on accepte, selon. Nous avons carte blanche tant qu’il s’agit
    de notre coprs…
    Le diaphane d’une peau blanche jeune. Qui suscite le désir, comme ce tableau de Manet,
    Olympia. Sa nudité sensuelle, offerte au regard du(de la) spectateur(trice). Quand on
    grossit l’image, le grain de peau est fin, souple, serré, blanc avec juste ce qu’il faut
    d’aristocratie, lissé de la tête au pied, avec un soupçon de couleur élégante sur le visage.
    La pose est ferme, assumée, une jeune femme moderne et gracieuse qui pose pour la
    photographie d’art. Ou plutôt qui -se pose- en femme libre de son corps. Cela me touche
    dans ce tableau, cette liberté du corps. Je suis là, bien dans mon lit de matinée avancée,
    dit Olympia. Confortable sur mes oreillers très blancs qui font ressortir le velours de ma
    peau. Je sais que je suis belle, désirable, cela se voit dans mon regard serein. Je n’ai pas
    de souci pour trouver un homme qui me plaît, ils se bousculent pour m’avoir. Mais on ne
    m’achète pas avec un bouquet de fleurs. Vous pouvez bien me désirer, c’est votre droit.
    Mais ne m’imposez pas votre désir. Je suis libre de mon corps. C’est ainsi que me parle
    Olympia et je partage ses pensées de femme.