Non classé

PAGE BLANCHE 1

PAGE BLANCHE – 1

Puisque nous avons du temps avant la fin du confinement, prolongeons un peu la féerie du blanc.
Lorsque j’ai organisé l’exposition Architextur’Elles avec les Musées et la Ville du Mans en 2014, j’ai eu la plaisir de présenter le travail d’une artiste rare : Marilyne POMIAN. 
Maryline travaille le papier, des feuilles de papier cigarette en grande dimension. J’ai découvert son travail pour la première fois en me promenant sur les boulevards parisiens. Dans des vitrines des grands bijoutiers Van Cleef et Arpels, des structures éphémères, fragiles et insaisissables faisaient écrin aux joyaux. Du blanc immaculé contrastait avec le ciel plombé d’une soirée de décembre, le froid de l’extérieur et ce blanc qui devenait chaleureux dans ces vitrines. Des plis évoquaient le tissu mais la matière était autre. Diamants et métaux contrastaient avec la fragilité du papier. Je n’ai pas retenu les magnifiques (certainement !) diamants, pour moi, le papier était le vrai sujet de la présentation. 
Lorsque j’ai pris contact avec Marilyne pour mon projet, son travail s’inscrivait tout à fait dans ma philosophie. Travail féminin, d’exception et textile. Nous nous sommes rencontrées dans son atelier parisien. Moment tout de finesse, de silences également. De ce silence plein d’écoute, d’harmonie.  Le blanc est logique lorsqu’on la rencontre, on n’imagine pas qu’elle puisse travailler d’autres couleurs. Ambiance feutrée, pas de page blanche, tout est dit, susurré, avec une certaine distance mais tant de présence et de vulnérabilité. Pas de grands gestes, juste des mains qui s’agitent, des mains bleuies par le froid de cette journée de janvier et pourtant, extrêmement précises, un geste sûr.  Je me sens sur un fil face à cette grande dame sensible : peur de brusquer par des phrases trop vite prononcées, peur de ne pas arriver à parler de son travail, peur de ne pas assez comprendre tout ce qu’elle nous dit de la fragilité de la vie, la fugacité des moments. Entre ces murs d’atelier, bruts et décatis, nous avons entre les mains des œuvres raffinées et élégantes. Devant son travail, on ne peut qu’être dans nos propres univers intérieurs, en conversation intime. Pas de superflu, juste l’essentiel.
Souvenez vous de ces dentelles qu’elle nous a fait pour cette manifestation : lien entre architecture, dentelles de notre passé, femmes de tous temps…A travers ces « napperons » de papier, Marilyne Pomian nous invite aux souvenirs, dans une grande présence. 

Je vous invite à l’écouter :