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  • Parfum de rose

    Parfum de rose

    Monet – Les Roses – 1926
    S’il est une couleur immédiatement associée à une odeur, c’est bien celui de la rose. Je n’ai pas évoqué cela en parlant du muguet et du lilas ou du seringat lors de notre voyage au pays du blanc et pourtant, c’est le même mécanisme. Si vous interrogez les gens qui vous entourent, vous le constaterez.
    Lorsque je vois ce tableau de Monet, Les Roses au musée Marmottan, je sens les roses, j’entends le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux et l’eau qui coule dans le ruisseau. C’est l’un de ses derniers tableaux que le peintre fait pour son plaisir. Il n’a plus de contrainte, il est libre, il est vieux, n’est plus obligé de répondre à des commandes. Ce tableau vient après les Nymphéas et il me touche par la fraîcheur des tons, la palette ouverte. Les pétales suggérées se déplient, s’étalent et s’offrent à nous. C’est le rosier des jardins de ma grand mère qui poussent sus ses longues tiges et se balancent au vent parfumant délicatement et généreusement les environs. 
    Je nous promène tout doucement au pays du rose : c’est une couleur qui prend son temps. Des Jacinthes aux derniers branchages de végélia, le rose est durant toute la saison. Il me faut absolument vous emmener au Château de Chaumont sur Loire. Chaque saison, un festival d’art contemporain et les créations des jardins nous font découvrir de magnifiques créations artistiques. J’y reviendrai demain.
    Je vous invite là pour que vous entriez au château par l’entrée du bas, près du village et de la Loire. En montant au château aux mois de mai ou juin, vous bénéficiez de la vue sur La Loire et ses couleurs, ses bancs de sables et ses iles nimbée du délicat parfum des roses Evelyn. Incomparable senteur veloutée, présence raffinée créée par le rosiériste David AUSTIN. C’est une rose rare et son parfum est inoubliable qui accompagne votre arrivée. Magnifique idée du concepteur de ce jardin que je ne connais pas. Vous êtes accueillis. 
    Bien entendu, évoque le parfum de la rose, nous fait partir tout de suite à Grasse dont la pratique des fleurs à parfum vient d’entrer au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’unesco
    Et pour illustrer l’amour des roses, je vous propose le tableau 
    Herbert DRAPER – 1897 – Pot Pourri
    En pensant à ces parfums et regardant ces roses, je vole les vers de Lamartine dans son poème Le Lac 
    en toute impunité !
    « Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices !
    Suspendez votre cours :
    Laissez nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !… »

  • Brigitte BARDOT

    1959 : l’année du Rose 

     
    Brigitte Bardot en son temps, était l’icone de la féminité, de la jeunesse et d’un autre style de vie. Sa robe de mariage créée en 1959 par Jacques ESTEREL est restée célèbre :
    Cette robe rose, en un temps ou les mariées sont toujours habillées de blanc, fait fureur. Le styliste divulgue le patron et nombre de couturières vont la copier l’été suivant. J’ai entendu dans les ateliers, nombre de conversations à ce sujet.
    Nous avons retrouvé ce vichy dans les ateliers qui l’avaient tissé à Amplepuis, au fin fond du musée de la machine à coudre.
    Toujours image de la féminité, cette publicité des montres Piaget éclate de roses : symbole de jeunesse, fraîcheur en dépit des roses qui tombent par terre, tonicité du rose choisi et luxe par la robe et le parc sous entendu derrière.  Mais aussi hors cadre !  Beaucoup de choses à lire sur cette publicité mais on garde l’icone de Brigitte Bardot avec la blondeur du mannequin. 

    A travers ces deux images, on voit combien cette couleur peut revêtir bien des connotations, comme les autres tons. La symbolique des couleurs est une science complexe et dense.
  • Voyage dans le temps, XVIIIe

    Voyage dans le temps, le  XVIIIe

    Le rose est aussi un voyage dans le temps. Immédiatement, ce sont les peintres du XVIIIe qui me viennent en tête. Boucher, Greuze, Fragonnard…en usent pour donner de la fraîcheur, de la nature et de la jeunesse à leurs personnages. 

    Vie et Mort du Libertinage – Fragonard
    On parle ici de libertinage, et non d’amour. Fragonard décrit cette pratique du XVIIIe qui dissocie l’amour du plaisir physique. 
    Regardez son adresse : les tons rosés de la peau font écho au drapé rose. Les couleurs créent une poésie de la palette en dépit du sujet. On peut aussi admirer les reflets des tissus, le velouté bleu et le taffetas rose léger qui capte les rayons du soleil.
    Boucher : Madame de Pompadour

    Le rose nous parle d’amour, de séduction. Madame de Pompadour se poudre les joues de Rose et le camée à son bras représente son amoureux, le roi Louis XV. Le rose nous montre qu’elle est la maîtresse du Roi, sa dame de cœur. Le bleu nous parle de la royauté. Son amant n’est pas n’importe qui. Ce portrait l’éloigne de la position de la Reine qui représentait le régime. Ici, c’est plus intime, rappelant tout de même son statut et sa relation personnelle avec le régime. On met en scène la puissance de la maîtresse royale, sa position inaltérable.

    La couleur fait acte dans ce tableau, pour elle-même. Dans le tableau suivant de Greuze, c’est la fleur qui fait écho aux joues rosées et fraîches de la jeune fille.  Ici, c’est l’adolescence qui est mise en scène.

    Jeune fille à la rose – Greuze 
    C’est ici l’idée de la jeunesse et du temps court avec la rose posée sur la poitrine de la jeune fille. Son costume est déjà un rose un peu fané.
    Mme Vigée Lebrun n’utilise qu’assez peu le rose dans les vêtements mais surtout en qualité de végétal pour les mêmes symboliques. 
  • Ciels rosés

    Olivier DEBRE -Rose Grisé – 1988
    Puisque nous étions en voyage, je ne puis passer au rouge sans évoquer ces aubes magnifiques, pleines de promesses, chaleureuses. Je vois dans ce tableau d’Olivier Debré, la promesse d’une journée chaude, colorée. Au-dessus d’un jardin de fleurs, le soleil se lève, paisible et riche, intérieure et vibrante. 
     
    On trouve aussi des crépuscules rosés prémices à une nuit claire, dégagée que l’on admire en sirotant un rosé bien frais.
     

    Voici les vibrations du Rose selon ROTHKO
  • Les matières des roses

    Les matières du rose

    Entre les murs – GVA 2020
    Ce sont des pigments que j’ai utilisés ici, sur une gouline sarthoise. Une peinture traditionnelle n’aurait pas donné la finesse du grain pour respecter les traits délicats de la broderie. 

    Nous avons vu que le rose existe depuis toujours ou presque. Pour obtenir du rose selon l’ethnologue et archélogue Anne VARICHON, spécialiste de la couleur, « on prend de l’ocre jaune que l’on fait cuire pour faire virer sa teinte vers le rouge par déshydratation. Dans les ocreries, on calcine à 400° l’ocre jaune séchée en pains. Empilés dans les fours à bois, ces pains brûlent pendant 36 heures. L’opération est délicate et ne supporte aucune erreur. Les pains sont ensuite broyés dans des moulins. Sur les feux d’une gazinière domestique, on obtiendra seulement du joli rose. Mettre l’ocre jaune dans une vieille casserole sans ajouter d’eau. Faire cuire doucement en remuant de temps en temps jusqu’à ce que la teinte convienne. L’ocre rose ainsi obtenue s’utilise comme les ocres crues. »

    Elle répertorie ensuite les ocres et montre qu’on peut trouver ce ton de la Suède à l’Italie, en passant par la Nièvre … On trouve aussi en Italie un pigment rose intense qui sert depuis l’Antiquité pour colorer des savons et faire des rouges à lèvres.
    Elisabeth DUMONT, biochimiste est spécialisée dans les teintures et les encres. Elle nous parle aussi des colorants du rose. Tout part de l’anthocyane, colorant présent dans la plupart des plantes à fleurs et les peux des baies et de fruits noirs comme les myrtilles. L’anthocyane est présent à divers degrés dans les plantes ; il faut savoir les repérer. La rose trémière est l’une des plantes du rose. Collectez ses pétales et faites les sécher. Ensuite, tout est affaire de cuisine entre la teinture et la préparation de l’encre. 
                              
    Je vous parle des pigments comme d’un produit facile à trouver. Il faut toute une série d’opérations pour obtenir un pigment de qualité quelle que soit la couleur :  de l’extraction début septembre au produit fini que vous achetez, il faut une année de préparation pour obtenir la qualité de votre poudre. La puissance tinctoriale de cette poudre est telle que vous pourriez ne plus acheter de flacons de peinture et n’utilisez que ces pigments. Ils ont une puissance énorme, une intensité telle que vous pouvez créer vous-même les nuances. Je vous en parle au moment du rose car, couleur extrêmement délicate à travailler, il est important de pouvoir moduler la palette.  
  • Voyages, voyages

    Parler du rose revient à voyager.

    Ce matin, je suis au Japon et je regarde les cerisiers en fleurs. Enchantement de la puissance de cette couleur, poésie de ces pétales délicats et éphémères, force et fragilité de l’harmonie.

    Pourquoi n’aime-t-on pas le rose ou se moque-t-on souvent de cette couleur dès lors qu’on est capable de s’extasier devant les représentantes de ce ton : Je parle bien entendu des roses, des cerisiers, mais aussi d’anémones, de géranium, de tulipes, d’œillets, d’hellébores, des salvias, des hibiscus……
    Et puisque je vous parle voyage, je vous invite au Château de Sourches à côté du Mans, conservatoire de la pivoine. Vous êtes toujours accueillis chaleureusement par la maîtresse des lieux, passionnée de ses fleurs.
    Le jardin est ouvert depuis le 11 mai : nous nous promenons dans un bain de couleur,  au milieu des 2500 pieds de pivoines différentes. Bien entendu, elles ne sont pas toutes roses mais attestent de la capacité de cette couleur à s’harmoniser avec toutes les autres gammes.
    Dans les douves, les fleurs nous caressent, abritées par le vent, ensoleillées, arrêtent nos montres et réchauffent nos sens. Notre regard se gorge de douceur et de lumière. Asseyez vous, prenez le temps de vous imprégner. Les fleurs vous donnent le tempo, elles guident vos pas. Vous marchez d’une harmonie à l’autre, des grosses têtes blanches qui ploient sous le poids des pétales aux fortes têtes rouges aux étamines jaunes vives, denses. Les graines charnues et veloutées se dévoilent lorsque les fleurs se déshabillent peu à peu, construction savante et véritables perles de la fleur. 


    Du cœur de la pivoine
    L’abeille sort
    Avec quel regret                            Haiku de Yosa BUSON

    Vous passez du blanc au bordeaux, en déclinant toutes les valeurs, toutes les harmonies avec les jaunes et les verts. C’est juste un moment magnifique. On aurait envie de se lover au cœur de ces fleurs généreuses. 
    Ce château est aussi intéressant car il a été un acteur important de la préservation des tableaux du Louvres durant la guerre de 39-45. La Liberté guidant le Peuple de Delacroix et la Tapisserie de Bayeux font partie des 400 pièces mises à l’abri dans les caves du château, véritable annexe du musée du Louvre. 
    Le conflit, la guerre me conduit à repenser à ce poème très touchant de Guillaume Apollinaire  écrit en mai 1915  Pétales de Pivoine :
    Pétales de pivoine,
    Trois pétales de pivoine,
    Rouges comme une pivoine
    Et ces pétales me font rêver

    Ces pétales 
    Trop belles petites dames
    A peau soyeuse et qui rougissent
    De honte
    D’être avec des petits soldats

    Elles se promènent dans les bois
    Et causent avec les sansonnets
    Qui leur font cent sonnets

    Elles montent en aéroplane
    Sur de belles libellules électriques
    Dont les élytres chatoient au soleil

    Et les libellules qui sont
    De petites diablesses
    Font l’amour avec les pivoines
    C’est un joli amour contre nature
    Entre demoiselles et dames

    Trois pétales dans la lettre
    Trois pétales de pivoine

    Quand je fais pour toi mes poèmes quotidiens et variés
    Lou, je sais bien pourquoi je suis ici
    A regarder fleurir l’obus à regarder venir la torpille aérienne
    A écouter gauler les noix des véhémentes mitrailleuses

    Je chante ici pour que tu chantes pour que tu danses
    Pour que tu joues avec l’amour
    Pour que tes mains fleurissent comme des roses
    Et tes jambes comme des lys
    Pour que ton sommeil soit doux

    Aujourd’hui Lou je ne to’ffre en bouquet poétique
    Queles tristes fleurs d’acier
    Que l’on désigne par leur mesure en millimètres
    (Ou le système métrique va-t-il se nicher)
    On l’applique à la mort qui elle ne danse plus
    Mais survit attentive au fond des hypogées

    Mais trois pétales de pivoine
    Sont venus comme de belles dames
    En robe de satin grenat
    Marquise
    Quelle robe exquise
    Comtesse
    Les belles f…es
    Baronne
    Ecoutez la mort qui ronrone
    Trois pétales de pivoine
    Me sont venus de Paris

  • Redouté : de la planche à la broderie

    Il est du monde des roses, comme du monde des chats, de grands spécialistes.  Il est impossible d’évoquer le monde des roses sans parler de celui que l’on présente le Raphaël des Fleurs, Pierre Joseph REDOUTE.

    Vous avez probablement vu ses aquarelles de botanique et tout particulièrement des roses. Son oeuvre est remarquable et remarquée par Marie Antoinette en 1788 Il est parrainé par Joséphine de Beauharnais durant l’Empire et apprend le dessin à Marie Louise. Tous les botanistes saluent sa connaissance des végétaux, de la construction naturelle, des teintes délicates. 
    L’un des lieux emblématiques de cet art de la Rose est le jardin créée au Château de la Malmaison par Joséphine. Plus de 250 variétés s’y développaient. Il a été recrée sur les plans d’origine et au début du XXe, plus de  180 espèces ont pu être reconstituées. 
    Regardez ses planches, vous les connaissez certainement : 

    Ces roses sont déclinées sur beaucoup de supports désormais : vaisselle, tapis de souris, parapluies…
    Ce sont devenus de grands classiques de la vaisselle d’inspiration anglaise. 
                                                                     

    Vous aurez aussi vu passer d’anciennes broderies faites avec tous les points de tapisserie possibles, reprenant les illustrations de Redouté : 
    Marie Thérèse Saint Aubin s’est inspiré de ce travail pour créer une collection remarquable de dessins de roses à broder, donnant une ligne plus moderne et épurée à ce genre. 

              

  • DUFY et le ROSE

    Raoul DUFY  – 30 Ans ou la vie en rose
    Pour parler du rose, je vous présente ce tableau de Dufy. Je partage totalement l’enthousiasme de Christine pour ce peintre. Dans ce tableau, il nous parle du temps qui passe, de la délicatesse des jours, de la fraicheur de la jeunesse.
    Dufy est un peintre populaire. Durant ce confinement, vous avez peut être vu les films de Gérard Oury : le Corniaux, La Grande Vadrouille…. Quel est le lien pensez-vous ? Ce cinéaste était aussi un ami très proche de Dufy et surtout, un grand collectionneur. A son décès, il possédait plusieurs dizaines des tableaux du peintre. On éprouve de certaine gaité, de la joie à regarder les couleurs de Dufy, tout comme lorsqu’on regarde ces classiques du cinéma. Ses créations devaient être le reflets des plaisirs de l’existence, les moments les plus gais et heureux de la vie. C’est ce qui guide son choix de couleurs. 
    Si on parle de la rose au premier degré, Dufy l’a aussi interprété dans les impressions pour tissus : 

     
  • Tapis de pétales roses

                                         
    La Rose est le souvenir du jardin de ma Grand Mère, véritable trésor de légumes, de fruits avec ces poiriers et cerisiers toujours debout, les fleurs et surtout les rosiers au pied du palmier dont l’écorce et les fibres m’intriguaient. On ne les coupait pas les roses : elles restaient dans le jardin. Je comprends maintenant la difficulté de couper les fleurs du jardin : chaque matin, je vais voir mon rosier, regarder la rose enfler, grossir, nous laisser deviner sa couleur, puis éclater de joie devant nos yeux ébahis. Elle a pris son temps pour se faire belle. En ce mois de mai, c’est un cadeau de chaque jour. elles sont nombreuses, elles arrivent en escadrille et nous demandent de les regarder toutes. Elles devraient réfléchir et arriver à tour de rôle ! Et puis, lorsqu’elle arrête de chanter, la rose se dévêt et pare le sol d’un tapis de pétales magnifique mélangés aux pétales d’acacias. Bien sûr, il faudrait les balayer mais que ce sol est beau, inspirant et doux sous les pieds !  

    En regardant ce tapis de pétales, je pense au remarquable travail de l’artiste anglaise Heather COLLINS, rencontrée et dont 
    Ce tapis de fleurs évoquent les fêtes Dieu célébrées dans les villes et villages d’autres temps. Chacun donnait des fleurs, des pétales et paraît le sol de la rue en faisant des mosaïques de couleurs.
    Les romains couvraient les tombeaux de pétales de rose lors de la fête ROSALIA, pour fêter les âmes es morts. La Rose représente pour eux la résurrection, le mythe de l’éternel retour. 
    Mais en regardant ce tapis de pétales, je pense au remarquable travail de l’artiste anglaise trop rare Heather COLLINS. J’ai eu souvent l’occasion de montrer ses petits formats lorsque j’ai accompagné des groupes au Musée Jean Lurçat  à Angers.
    Compost – Heather Collins
    Pour ce petit format de  12 x 12, elle réussit à traduire les pétales tombés, le compost, le travail de la terre. La pièce est en 3D et on voit dessous, les strates de terreau, les dépots successifs… On sent le travail de la nature.
     Travail extraordinaire qui vous demande un effort pour le regarder vu la taille : attardez vous, il en vaut la peine.
    Forest Floor Leaves – Heather Collins
    Avec ou sans Eau – Heather Collins
  • ROSE – 1

    Le cadeau de ce matin dans le jardin arrosé par St Pancrace !
    Si je vous dit Rose, vous pensez tout de suite que ce n’est pas une couleur. Et pourtant, cette notion est apparue comme pour le vert, lorsqu’au XIXe, les ingénieurs de la couleur le pense comme un mélange de rouge et de blanc. Jusqu’alors, cette teinte avait ses lettres de noblesse de joli ton, de valeur exotique. 
    Il n’apparaît que tardivement dans l’histoire des couleurs pour les étoffes. Difficile à trouver dans notre nature européenne, il faut attendre la fin du Moyen Age pour que la teinte soit valorisée  dans l’étoffe et le vêtement.  La teinture a traversé les mers et se fait avec les bois exotiques tel le bois du brésil qui ouvre de belles nuances chaudes et subtiles. 
    On parle du rose depuis l’antiquité. Dans l’Odyssée, écrite vers 800 av Jc, Homère nous dit : « Alors, quand l’enfant du matin, l’aube rosée est apparue… ». Cela veut dire qu’elle fait partie du vocabulaire de la couleur, elle est perçue pleinement. 
    Même si au Moyen Age, on préfère la flamboyance des rouges plus brillants, plus riches, la couleur est intimement liée à la représentation de la femme et présente aussi dans l’art religieux. 
    Baiser de Judas –  GIOTTO – 1305

    A la même époque, Duccio di BUONINSEGNIA utilise le rose pour parer l’enfant Jésus et les drapés des anges : 

    Si vous allez à Colmar, vous aurez sûrement l’occasion de vous arrêter à l’église des Dominicains. Regardez le retable de la Vierge à l’Enfant : ici le buisson est fait de roses. La copie du tableau original faite au XVIe vous montre que le ciel est rosé. Le ton devient une couleur céleste symbole de féminité, de délicatesse, et d’innocence. 
    On constate aussi combien l’amalgame est facile entre la fleur et la couleur. Les roses ne sont pas toutes roses. Est ce que mettre des roses dans un tableau suffit à donner une teinte rosée à l’ensemble de la pièce ? Le rose trop appuyé devient vite du rouge. 

    Raphael dans sa vierge à la Rose (1518 – 1520), montre le symbole du mariage spirituel entre la mère et l’enfant, pour atteindre la divinité. 

     
    Équilibre dans la composition avec les couleurs sombres à gauche, plus claires à droite, du côté de l’enfant Jésus. Carnation de la Vierge de son fils délicates, et la rose posée sous le pied de l’enfant, harmonie avec la manche de la vierge. 
    Peu de temps après, Ronsard qui a vécu dans le sud de notre département de la Sarthe à la Possonière, a écrit ces vers si connus : 
    À CASSANDRE
    Mignonne, allons voir si la rose
    Qui ce matin avait déclose
    Sa robe de pourpre au soleil,
    A point perdu cette vesprée,
    Les plis de sa robe pourprée,
    Et son teint au vôtre pareil.
    Las ! voyez comme en peu d’espace,
    Mignonne, elle a dessus la place
    Las, las ses beautés laissé choir
    Ô vraiment marâtre Nature,
    Puis qu’une telle fleur ne dure
    Que du matin jusques au soir !
    Donc, si vous me croyez, mignonne,
    Tandis que votre âge fleuronne
    En sa plus verte nouveauté,
    Cueillez, cueillez votre jeunesse :
    Comme à cette fleur la vieillesse
    Fera ternir votre beauté.
    Ronsard (1524, Vendômois)
    Odes, I,17

    Rose Pierre de Ronsard