Rose

ROSE – 1

Le cadeau de ce matin dans le jardin arrosé par St Pancrace !
Si je vous dit Rose, vous pensez tout de suite que ce n’est pas une couleur. Et pourtant, cette notion est apparue comme pour le vert, lorsqu’au XIXe, les ingénieurs de la couleur le pense comme un mélange de rouge et de blanc. Jusqu’alors, cette teinte avait ses lettres de noblesse de joli ton, de valeur exotique. 
Il n’apparaît que tardivement dans l’histoire des couleurs pour les étoffes. Difficile à trouver dans notre nature européenne, il faut attendre la fin du Moyen Age pour que la teinte soit valorisée  dans l’étoffe et le vêtement.  La teinture a traversé les mers et se fait avec les bois exotiques tel le bois du brésil qui ouvre de belles nuances chaudes et subtiles. 
On parle du rose depuis l’antiquité. Dans l’Odyssée, écrite vers 800 av Jc, Homère nous dit : « Alors, quand l’enfant du matin, l’aube rosée est apparue… ». Cela veut dire qu’elle fait partie du vocabulaire de la couleur, elle est perçue pleinement. 
Même si au Moyen Age, on préfère la flamboyance des rouges plus brillants, plus riches, la couleur est intimement liée à la représentation de la femme et présente aussi dans l’art religieux. 
Baiser de Judas –  GIOTTO – 1305

A la même époque, Duccio di BUONINSEGNIA utilise le rose pour parer l’enfant Jésus et les drapés des anges : 

Si vous allez à Colmar, vous aurez sûrement l’occasion de vous arrêter à l’église des Dominicains. Regardez le retable de la Vierge à l’Enfant : ici le buisson est fait de roses. La copie du tableau original faite au XVIe vous montre que le ciel est rosé. Le ton devient une couleur céleste symbole de féminité, de délicatesse, et d’innocence. 
On constate aussi combien l’amalgame est facile entre la fleur et la couleur. Les roses ne sont pas toutes roses. Est ce que mettre des roses dans un tableau suffit à donner une teinte rosée à l’ensemble de la pièce ? Le rose trop appuyé devient vite du rouge. 

Raphael dans sa vierge à la Rose (1518 – 1520), montre le symbole du mariage spirituel entre la mère et l’enfant, pour atteindre la divinité. 

 
Équilibre dans la composition avec les couleurs sombres à gauche, plus claires à droite, du côté de l’enfant Jésus. Carnation de la Vierge de son fils délicates, et la rose posée sous le pied de l’enfant, harmonie avec la manche de la vierge. 
Peu de temps après, Ronsard qui a vécu dans le sud de notre département de la Sarthe à la Possonière, a écrit ces vers si connus : 
À CASSANDRE
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las, las ses beautés laissé choir
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard (1524, Vendômois)
Odes, I,17

Rose Pierre de Ronsard