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  • Les marques rouges : Marie France DUBROMEL

     La mercerie ambulante

    Le travail de cet artiste est singulier. Tout comme les oeuvres de Gaby METT, elle écrit sur des toiles ancienne avec son encre rouge. 

    Depuis de nombreuses années, elle glane, chine, récupère, met en scène dans de grands espaces.

    Ses créations qui racontent l’histoire, la vie, le temps qui passe. 

    Son monde s’accroche en installations, propices à la déambulation.

    Elle  vous invite à vous souvenir, 

    à prendre le temps de vos aïeuls, 

    A écouter les histoires de ces femmes qui ont porté ces vêtements,

    A lire les phrases qu’elle brode, écho aux pensées qui l’animent. 

    Fil rouge,

    Voix oubliées,

    Vies ordinaires, 

    C’est une œuvre de l’intime

    Qui se regarde en silence, en hommage, en poésie. 

    Pour en savoir plus : 

    mercerieambulante.typepad.com


    Pour ma part, lorsque je vois son travail, je repense à mon premier emploi, dans une buanderie d’une clinique.
     Nous sommes en 1976, il fait chaud et derrière de grandes verrières. Nous passons des journées à laver le linge à la main et à la machine. Le matin, c’est le tri et le lavage, l’après-midi, c’est le repassage derrière des calandres énormes avec de la vapeur qui sort de partout. 

    Mais de cela, je retiens le babillage des dames : c’était joyeux, dur mais solidaire !

    Les draps étaient pliés en équipe, pas un faux pli pour le confort du malade et l’exigence d’une maison bien « tenue » ! J’ai y compris le plaisir de ces armoires avec de belles piles, avec les côtés des draps bien repassés. J’ai gardé cette maniaquerie !!!
    Mais, j’ ai aussi perdu une paire de chaussettes rouges que je devais laver à la main, 
    passée dans l’énorme siphon du bas à linge, si profond que du haut de mon adolescence, je n’arrivais pas à aller au fond du bac… 
    C’était ma première matinée de travail : après les reproches d’usage, ces femmes s’en sont longtemps amusées…
    Je retiens de ces lessives les odeurs de propre, de linge, 
    la poussière du coton mais aussi les lessiveuses en cuivre bien astiquées chaque vendredi : pas question de travailler sans entretenir le matériel ! 
    Nous étions fières de voir les robinets brillants en revenant travailler le lundi matin. 
    Petites gloires quotidiennes qui me font penser au plaisir de voir de belles reprises sur les draps anciens. 
    Et pour vous, quels souvenirs ou moments fait-elle remonter ? 

  • Projet de confinement 2 – Inspiration Marinette CUECO

     Aujourd’hui, jour férié… et confiné.

    Faisons le point : collectage de végétaux que je pose dans mon cahier. Alors, je pense aux herbiers de Marinette CUECO.

    Artiste plasticienne française qui vit entre Paris et la Corrèze, depuis longtemps elle collectionne herbes, terres, feuilles, branches et les installe. Elle fait des pages d’herbiers, guettant le bon moment pour collecter les végétaux et les transformer. 

    Elle a beaucoup fait de tapisseries et de tissages. 

    Je retiens les échelles avec lesquelles elle joue : page d’herbiers très grandes, broderies d’herbes délicates, arachnéennes, entassements énormes dans lesquels on a envie de passer la main, de s’allonger pour sentir le végétal… Regardez :

    Elle était présente également à la saison 2020 des expositions de Chaumont sur Loire.

    Vous trouverez moult articles et documentations sur son travail. Allez voir !

     

  • Gaby METT, une artiste discrète et si touchante

    Gaby METT, une artiste discrète et si touchante

    En parlant marquoirs, je ne pensais pas uniquement tradition. 

    L’artiste Gaby METT avec qui j’ai eu le plaisir de travailler plusieurs fois, a exposé à Nantes, toute une série d’interprétations autour des napperons anciens. Certes, ce ne sont pas des marquoirs mais elle a repris la « tradition » et totalement désobéi pour mon plus grand plaisir.

    Souvenez vous : 

    Dans ses interprétations, écritures personnelles, écritures asémiques se superposent, jouent avec notre regard. Les broderies anglaises classiques sont interprétées, relues. 

    Le fil rouge est important car le lien entre les marquoirs, les ouvrages de dames, le temps qui passe, les traditions et les enfermements dans des règles, l’impossible transgression de la brodeuse, la nécessité économique : il fallait que la couleur tienne aux nombreux lavages…
    Tant d’autres évocations mais aussi, la fierté de ces femmes qui n’avaient que peu de loisirs et assez peu de moyens pour embellir et parer leurs maisons. Fierté d’exhiber que l’on peut le faire, qu’on a la dextérité et peut être même, était-ce un moyen de dire que l’on savait bien tenir sa maison !!!

    Gaby METT s’interroge par là-même sur le rôle des femmes au passé mais aussi au présent. A travers ses broderies, elle nous parle de la libération, de notre rapport à ces travaux, de nos rapports avec nos mères, avec le temps qui passe. Sa sensibilité rend ces points intimistes et proches de nous. 

    Pour en savoir plus, allez sur son site : http://gabi-mett.de/

  • Annie voit Rouge – La Suite

    Annie voit Rouge

    A nouveau, je cède la place pour les évocations rouge proposées par Annie pour vous :


    Du rouge pour le tapis 

    marcher sur un tapis rouge, privilège des hommes influents, de renom et importants, privilège des stars. Tapis des grandes cérémonies. Déjà dans la Grèce Antique, on déployait le tapis rouge aux plus hautes personnalités de la société. Et pour cause, à cette époque le pigment rouge était très difficile à obtenir. Il fallait pêcher un mollusque marin, le murex à pourpre, difficile à dénicher, et il en fallait de grandes quantités. En plus le rouge est la couleur des Dieux . Porter cette couleur était signe de puissance. Alors , marcher sur du rouge… C’est ainsi que le tapis rouge est devenu le symbole de la renommée, du strass et des paillettes.

    Du rouge pour le foulard d’Aristide Bruant, pour le cabaret de Paris, le Moulin Rouge

    souvenez-vous des affiches de Toulouse Lautrec

    Lorsqu’on s’intéresse à la mode, on parle du Système Bruant : habillez vous de façon neutre, du genre noire puis ajoutez juste un détail flashant. Et voilà, on vous voit !
    Regardez certains communicants et vous constaterez qu’ils utilisent cet artifice.

    Du rouge dans les salles de spectacle


    Le rideau rouge du théâtre, complice de la scène dont il souligne sans doute le premier artifice. Il marque le début et la fin de l’illusion. Ses reflets pourpres glissent depuis la scène pour réchauffer la salle. Le rouge est lié à la catharsis, à la purgation des passions qui se déroulent sur la scène. Le rouge est aussi un choix pragmatique lié à l’éclairage. Sous l’ancien régime les rideaux et les fauteuils étaient bleus, couleur des royalistes. Napoléon trouvait que le rouge rendait les femmes plus belles et ravivait même leurs teints. Le rideau rouge, c’est la tradition avec son côté solennel. C’est par la filiation du théâtre que le rideau rouge s’est retrouvé dans les salles de cinéma, avec les fauteuils rouges (rouge qui aurait un côté pratique en atténuant les tâches).

    Le rideau rouge n’a pas été créé à l’origine du théâtre. En Grèce, ce sont des scènes ouvertes et en plein air. Le rideau apparait plus tard à Rome. Cependant, en fonction des profondes mutations de la civilisation européenne et chrétienne, c’est patiemment, par la lente réinvention du théâtre que l’on est revenu vers le XVI siècle, notamment en Italie, aux fondamentaux, un espace en forme de U, sur plusieurs niveaux, une scène et un rideau rouge!

  • C’est dimanche, je vous laisse la parole

     C’est dimanche : je vous laisse la parole

    Comme lors du premier confinement, je mets mes habits du dimanche : la petite robe rouge, les chaussettes blanches, les chaussures vernies noires. Bon, c’était il y a…. maintenant, que sont les habits du dimanche : tenue de sport ? Chaussures dans lesquelles on se sent bien ? vieux pull…
    Quelle que soit votre tenue, je vous laisse parler aujourd’hui. J’ai reçu quelques bouquets d’automne et je les partage avec vous.
    De la part de Denise : 

    Rouge… rouge… le fil rouge…

    Ça m’évoque les petits trésors que j’ai retrouvés dans une petite boite au fond d’un placard, lors du grand rangement au printemps du confinement…
    Ce sont de petits souvenirs de mes premières années au lycée d’Aix en Provence, lycée uniquement de filles bien sûr, avec au programme notamment les cours hebdomadaires de couture !

    Sur des petits bouts de tissus blancs, nous apprenions les différents points de couture à la main que nous devions faire au fil rouge, pour que l’enseignante puisse bien voir nos erreurs  et les corriger ! Ourlets, pose de biais, points de reprise, brides, etc. Puis nous avons continué avec les points de broderie main.

    J’ai retrouvé ces petits échantillons, le blanc a un peu jauni, mais le rouge est intact !
    Lorsque je les ai montrés à mes petites filles, elles ont ouvert de grands yeux tout ronds !!! Souvenirs, souvenirs !

    Merci Denise, ce sera une belle transition avec ce que je souhaite vous présenter demain lundi. 
    Martine aussi nous offre son bouquet de rouges…en devenir : 

     
    Quelques bouquets qui vont vous permettent de travailler vos palettes de couleurs : Paule Marie et Anne 

    Cette saison est vraiment un cadeau de couleurs. 
     
    Merci à chacune de vous de partager vos bouquets de rouges.


  • A propos du rouge, le saviez-vous? par Annie L.

     A propos du rouge, le saviez-vous?

    Du rouge pour les camions de pompiers,

    Quasiment dans le monde entier. Cette couleur est venue de l’Angleterre et s’est imposée au XIX siècle. Vers 1800, en Angleterre, l’activité des pompiers y était répartie en plusieurs compagnies privées. Pour se distinguer face à leurs concurrents, certaines compagnies avaient adopté la couleur rouge, la plus identifiable. En 1880, la France s’équipe de matériel dernier cri, venant de l’Angleterre, des pompes à vapeur, contre leurs pompes manuelles, et rouges. Les Français repeignent alors tous leurs véhicules en rouge. Au paravent, les pompiers de Paris utilisaient des charrettes peintes en vert et noir, en référence à leur corps de génie. Dans quelques années, nous devrons peut être nous habituer à des véhicules verts. Une étude serait en cours. 

    du rouge pour la robe des juges, 

    Cela remonte au Moyen-Age. En déléguant ce pouvoir à des nobles, les souverains du Moyen-Age leur ont alors fait porter les mêmes vêtements qu’eux, des manteaux rouges symbolisant l’héritage des rois francs. Issus de la noblesse, ils portaient costumes amples et longs qui étaient communs aux professions ayant un statut élevé. Les avocats, en noir, correspondent au costume du clergé.

    Du rouge pour le nez des clowns,

    A l’origine, dans les cirques, des amuseurs faisaient la transition entre les numéros. Petit à petit, les clowns se couvrent de paillettes et se maquillent le visage en blanc; Naissance du clown blanc qui est sérieux. Il s’associe à un clown joyeux et gaffeur. En 1865, à Berlin, un comique Tom Belling, rentre en piste avec un taux d’alcoolémie très élevé, chutes… Son alcoolémie sévère donne une couleur rougeâtre à son nez. Le public rit. Les Berlinois l’auraient traité de Dummer August (homme stupide). L’auguste et son nez rouge était né. 

    Du rouge pour le costume du Père Noël

    Cela semble remonter à la légende de Saint Nicolas qui protégeait les enfants, les veuves et les gens faibles. Il portait une cape rouge et une grande barbe blanche. La légende de Saint Nicolas se greffe au mythe germanique du dieu Odin, capable de voler sur son cheval. Ceci va inspirer le traineau du père Noël. AU XIX siècle, le personnage de Saint Nicolas s’exporte aux Etats Unis, via les colons hollandais. Du hollandais « sinterklaas » il devient en anglais « Santa Claus ». A partir de 1809, écrivains, poètes et dessinateurs américains s’emparent du personnage et le transforment. A partir de 1822, il n’a plus son costume d’évêque, mais porte un manteau de fourrure. EN 1838, il est dessiné pour la première fois en costume rouge et blanc, mais de la taille d’un lutin grincheux pour passer par la cheminée. Pendant ce temps, en Europe, il existe « Father Chrismas », « Bonhomme Noël  » et « Chris Kind ». La couleur rouge n’est pas définitive. Les anglo-saxons représentent le Père Noël sous différentes couleurs : bleu, vert, gris… En France, on peut l’appeler « Bonhomme Noël » ou « Père Janvier », il a un costume d’hiver blanc et rouge, il est maigre, austère et porte des baguettes à la ceinture. Au fil du temps, ces différentes représentations  européennes vont se mêler au Saint Nicolas américain. Le Père Noël des temps modernes est né. Dans les années 1930, Coca Cola, dans une campagne de pub, immortalise la figure du Père Noël. Cette fois c’est un vieillard aux joues rebondies, bedonnant, vêtu d’un costume rouge et blanc, à l’allure sympathique ( dessinateur : Haddon Sundblom). Cette représentation du Père Noël s’impose en France dans les années 1950 avec l’essor des grands magasins parisiens qui vont inciter, dans leurs vitrines, à acheter des cadeaux aux enfants pour le 25 décembre.

    Du rouge pour les coiffes des Saint Cyriens et de la cavalerie des Garde républicains

    En 1855, Napoléon III avait imposé aux Saint Cyriens, pour un défilé devant la reine Victoria, le port sur leur couvre-chef (shako), d’un plumet blanc et rouge, couleur de la maison d’Angleterre. Pas contents, les Saint Cyriens l’ont surnommé casoar, en référence à l’oiseau coureur d’Australie, qui a une sorte de casque corné qui surplombe sa tête. De plus ce volatile venait d’être introduit au parc d’acclimatation de Paris. Ce casoar est réalisé en plume de coq. Le surnom est ainsi donné et traversera les âges…

    Lorsque l’on parle du Casoar, il faut distinguer le shako (la coiffure proprement dite) des plumes qui viennent l’orner. Lors de la cérémonie de remise des casoars, le geste qui consiste à orner les shakos des plumes blanches et rouges répond à l’ordre officiel : « Fleurissez les shakos !».
    Le casoar est composé de 85 plumes d’oie (65 blanches et 20 rouges). Elles sont triées par tailles et assemblées de manière à retomber harmonieusement sur une longueur de 14,5 cms pour les plumes les plus courtes et 21,5 pour les plus longues pour obtenir un dégradé plongeant parfait. L’extrémité des plumes est ensuite taillée au ciseau pour obtenir une finale arrondie du plus bel effet. Le casoar est ensuite passé à la vapeur pour lui donner sa forme tombante définitive. Cette confection très minutieuse nécessite environ 4 heures de travail par des mains expertes. Le shako, quant à lui, demande autant de travail (voire jusqu’à 5 heures pour un modèle d’officier) : 14 pièces de cuir et de feutrine sont assemblées à la main dans les règles de l’art.

    Pour la garde républicaine, la crinière du casque de cavalerie, modèle des cuirassiers de l’Empire, noire ou rouge est toujours en crin naturel. Le plumet rouge est en plume de coq et la houppette en crin de cheval teinté. La crinière rouge est réservée aux membres de la fanfare. Ceux-ci communiquaient les ordres aux soldats sur le champ de bataille et devaient donc être visibles des officiers. Les plumes rouges font 18 cm de hauteur.

       

    Picasso aurait dit : « Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge »

  • Projet de confinement – 2

     Projet de confinement 2 – Les couleurs

    Voici une semaine que nous sommes face à nous-même. Je vous ai proposé une petite série avec des éléments qui sont juste sous vos pieds lorsque vous vous promenez, autour de vous tout simplement. 

    Cette semaine, je vous propose d’aller un peu plus loin. Nous avions commencé dans les ateliers, à travailler sur les sketchbooks ou ce que j’appelle pour ma part, les CAHIERS D’HUMEUR. Je sais que cela vous a un peu fait peur mais il n’y a rien que du plaisir à collecter ses idées, ses envies juste pour soi. Puisque nous ne pouvons le faire en « présentiel », vous pouvez faire ces exercices dans ces carnets intimes. 

    Lorsque nous travaillons une pièce, nous devons choisir à divers moments de la création. C’est probablement ce qui est le plus difficile car nous sommes face à nous mêmes. J’entends souvent dans les ateliers les questions suivantes : est-ce que je peux prendre cette couleur ? Ou celle-là ? Est ce qu’elles vont bien aller ? Est ce que j’ai le droit de……

    Et bien, il s’agit surtout ici de se faire confiance. Vous ne me demandez pas tous les matins, quelle couleur de chemisier ou de pullover vous devez mettre. Alors, c’est un peu la même chose ici. 

    Prenez l’une de vos pièces collectée et brodée cette semaine par exemple :

    En la voyant, je me souviens de ce moment de promenade sous le soleil de novembre, avec de belles lumières. La haie venait d’être taillée devant chez moi. 
    Je choisis cette pièce car j’aime ses couleurs rassurantes et chaudes pour moi. Je vais chercher la palette de ces végétaux. Comme le peintre prends ses couleurs et fait ses échantillons, je vais prendre mes fils et regarder ceux qui, à mon œil, reprennent les couleurs. Tous les fils sont possibles : fils à broder, fils à tricoter, ficelles….
    Je vais les triturer un peu, les manipuler, les poser avec d’autres éléments que je trouve complémentaires, chercher comment les travailler, les assembler pour en faire une toute petite pièce, un petit format. Mais si je veux juste parler couleur, je vais me contenter de travailler en collectant des éléments. Dans votre cahier, vous pouvez coller la première pièce et coller des fils comme sur un nuancier. Posez à côté : est-ce que cela vous donne l’ambiance ?

    Si la recherche de vos couleurs vous plait, nous pouvons aller un peu plus loin.

    Pour affiner, pour le plaisir, pour le jeu, vous pouvez rechercher autour de vous des éléments dans ces mêmes couleurs sur des pages de magazines, des tissus, des matières, des textiles qui seraient à votre disposition. Pas besoin de courir les magasins : vous avez tout à disposition !
    Collez-les en petits morceaux sur cette même page.
    Regardez les couleurs et trouvez plusieurs mélanges de couleurs qui vous font plaisir.
    Ces ensembles vont changer selon que vous fassiez l’exercice aujourd’hui ou dans un mois. Il n’y a pas d’ensemble bon ou mauvais, il y a juste ce que vous voyez. Allez y, essayez et vous verrez que vous percevrez de plus en plus de couleurs. Faire cela c’est aussi affiner son gout des couleurs, voir les harmonies qu’on aime ou pas, les nuances que l’on perçoit ou pas….
    Bref, tout cela est bon pour vous et sans stress.

    J’attends vos photos : par mail, par commentaire ci-dessous, venez jouer !

  • Du rouge et du marquoir

    Le Rouge 815

    A l’origine, je pense textile, fils. Vous l’aurez remarqué, tout est lié et complémentaire et nos pensées voyagent à travers les couleurs vers des domaines inattendus parfois. 

    Si je pense Rouge, je vois venir les marquoirs, vous savez ces pièces de tissus brodées, anciennes, véritables tissus d’apprentissage de nos grands mères. Nous en trouvons sur les brocantes, dans les malles anciennes sorties des greniers, dans les réserves d’Emmaüs… Elles atteignent maintenant des prix bien élevés. Bien entendu, ces pièces ne sont pas seulement en Rouge mais cette couleur est très présente chez nous.

    Rien de trop naturel dans ce rouge là. Au XIXème, la découverte de la molécule et le fabrication de l’Alizarine de synthèse permet à D.M.C. de développer la palette de son coton à broder. Son rouge profond 815, célèbre chez les crucifilistes, va remplir des mètres carrés de toile et faire des ribambelles d’initiales pour marquer le linge. Bien sûr, nous sommes au XIXème et le marquoir est une occupation, a une fonction éducative tandis qu’auparavant, il servait aussi de mémoire. Pas de revues, de tutos pour apprendre les points et à l’origine, il est important de les mémoriser quelque part. C’est le point de départ de ces échantillons ou samplers. 

    Revenons à notre XIXème siècle : le linge est une richesse. On exhibe son armoire, on notifie dans les actes notariés les paires de drap que l’on possède, ils font partie des trousseaux et des actes de décès. Autre moment important lors de la lessive : il faut bien repérer son propre linge et faire des « marques » pour éviter les confusions.

      

    Au XXème siècle, cette pratique perd son usage. Les guerres ont mis les femmes au travail en extérieur, la vague féministe fera le reste. Bien entendu, je simplifie à l’excès. Mais les grandes lignes sont là. Retenons que les femmes émigrées aux Etats Unis ont gardé une certaine nostalgie de leurs racines. Et c’est probablement pour cela qu’elles ont pratiqué cette broderie, qu’elles l’ont cultivé et perpétué les usages, raconté des histoires. Depuis les années 80, de grands noms nous ont « autorisé » à aimer cela à nouveau. Régine DESFORGES, Geneviève DORMANN ont repris cette passion partagée aussi par COLETTE et l’ethnologue Thérèse de DILLMONT dont vous connaissez probablement l’ouvrage de collectage des broderies.  

    Pour ma part, j’ai été touchée par les œuvres de  Michèle GLEIZER cette actrice qui a su donner au point de croix, un style. Elle brodait pendant les représentations, les entractes, excellent antistress. Sa gentillesse, son plaisir de partager et parler de ses œuvres restent imprimé dans ma mémoire comme une belle rencontre, simple et juste. J’ai aimé cet équilibre entre la mémoire et la nouveauté, la liberté dans ses graphismes et ses compositions. Les petites vaches suisses se promenaient sur la toile, entre divers messages et des couleurs délicates.  

    Je m’éloigne de la couleur rouge mais je voulais parler de ces points de croix qui représente bien les femmes aussi. Souvenons nous qu’ils ont souvent été réalisés avec respect de la toile, du fil et par fierté. Le temps que des générations de femmes ont accordé à ces travaux, était du temps volé sur le travail vital du quotidien. Lorsque nous voulons dans nos maisons, une place pour notre atelier avec de la lumière, des rangements, du confort, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces brodeuses qui ont tiré l’aiguille par nécessité ou par plaisir sur un coin de la table de la cuisine, parfois  la nuit lorsque tout le monde dans la maisonnée est couchée, sans reconnaissance. Cette « activité » pouvait leur donner de la fierté, de l’estime de soi et avoir un sens mais les conditions de réalisation n’ont certainement pas toujours été à la hauteur de leur travail. Ne l’oublions pas et lorsque nous regardons ces marquoirs brodés de ce fil rouge, pensons aussi combien acheter une bobine de fil, pouvait demander d’économiser, de mettre de côté sou à sou, pour acquérir cette précieuse couleur.  C’est probablement le cas encore actuellement, pour nombre de gens si on regarde bien autour de nous. Alors, le meilleur service à rendre est de ne pas gaspiller nos matériaux et de respecter les matières. 

    En ces temps de confinement où nous brodons au coin du feu peut être, je ne peux m’empêcher de penser que nous avons un temps rare ou tout s’arrête certes mais qui nous autorise aussi à raconter en fil et en couleurs ce que nous vivons. Je vous y invite…

    Et de votre côté, avez vous des marquoirs de votre famille ? Avez vous récupéré des pièces qui vous ont particulièrement émues ? Partageons ces émotions si vous le voulez bien.

  • Le Petit Chaperon Rouge

     

                              Illustration de Julie Faulques pour la « rue des enfants »

    Petit clin d’oeil ce soir à un monde lointain….

    Comment parler du Rouge sans évoquer l’histoire terrible du Petit Chaperon Rouge ?

    Combien j’ai eu peur lorsque le loup questionnait la petit fille : j’avais tant envie de l’aider, de lui souffler de partir… Mais, à  ce moment là, je n’avais pas tout lu. C’était bien avant qu’on ne me parle de psychologie, de psychanalyse…de la fonction œdipienne, du désir….. Certes, je n’avais rien compris assurément mais j’aimais déjà le Rouge de ce vêtement qui représentait pour moi, du courage, de la gentillesse et de la force, l’oubli de soi pour l’autre. 

    Ensuite, le Chaperon est devenu grand et l’histoire a bien changée de sens. 

    Je me souviens alors d’un livre que nous avions réalisé dans l’atelier avec Rose, professeur des écoles, et nous avions fait un livre du Petit Chaperon rouge coquin, faisant sa lessive quelque peu affriolante… Nous avions grandi…

    Il ne vous reste plus qu’à relire le conte….

    La version de Maurice CAREME :

    « Chaperon rouge est en voyage « ,

    Ont dit les noisetiers tout bas.

    « Loup aux aguets sous le feuillage,

    N’attendez plus au coin du bois ».

    Plus ne cherra la bobinette

    Lorsque, d’une main qui tremblait,

    Elle tirait la chevillette

    En tendant déjà son bouquet.

    Mère-grand n’est plus au village.

    On l’a conduite à l’hôpital

    Où la fièvre, dans un mirage,

    Lui montre son clocher natal.

    Et chaperon rouge regrette,

    Le nez sur la vitre du train ,

    Les papillons bleus, les fleurettes

    Et le loup qui parlait si bien.

  • Rouge comme les Chaussures

    Rouge comme les Chaussures 

    Si on parle rouge, je vois les chaussures. J’en porte depuis fort longtemps et me sens bien avec  les « pieds rouges ». Je me souviens lors d’un voyage aux Etats Unis, les regards d’américains dans la rue sur mes chaussures, faisant un sourire d’acquiescement en les regardant, levant le pouce pour dire OK ou le verbalisant carrément. Entre les chaussures et les lunettes, tous les jours il y a avait de jolis moments.  C’était drôle et sympathique même si, parler aujourd’hui Etats Unis est un peu…. sensible. 
    Pourquoi ces chaussures sont elles obligatoires dans ma garde robe ? Je ne sais pas mais lorsque je les regarde, je pense au tableau de Hyacinthe RIGAUD qui a fait le portrait de Louis XIV en pied. 
      

    Lui aussi portait des chaussures rouges !

    Dans ce portrait, Louis XIV pose pour son petit-fils devenu roi d’Espagne sous le nom de Philippe V. Quelques heures de pose et le talent du peintre, en ont fait un tableau dans lequel on lit la forte personnalité du Roi, son pouvoir, sa force de caractère.  Les drapés sont magnifiques et, pour les amoureux des étoffes, on ne peut qu’admirer les reflets du velours orné d’hermines brodées en fil d’or, les ombres et lumières de la fourrure, les dentelles aux manchettes. Mais pour revenir à la couleur qui nous intéresse, regardons les talons rouges et le drapé, symbole de la théâtralité du pouvoir. On dit de ce tableau, qu’il est un portrait syncrétique illustrant les « deux corps du roi » : le symbole du roi qui ne meurt pas, le roi qui est toujours en représentation, le roi mortel et la personne de Louis XIV. Ce tableau a fortement plu et a été copié entre autres, par son créateur, à de multiples exemplaires. On en retrouve des copies dans toutes les cours d’Europe. 
    Ce principe du drapé sera repris ensuite par nombre de peintres pour la représentation des rois, ainsi que pour le portrait de Napoléon 1er.
    Si nous revenons à notre époque, nous associons les chaussures rouges à la marque Louboutin. Il semblerait que l’utilisation de cette couleur, s’est faite par hasard. En créant la paire de chaussures La Pensée, il a utilisé le vernis à ongles de son assistante pour teindre la semelle. Ce serait le début de l’aventure. 

    Il en fera un étiquette. Ses créations seront particulièrement remarquées lors de sa collaboration avec David LYNCH lorsqu’ils ont travaillé sur des chaussures à forte évocation érotique pour une série de photos. 

    Toutes les chaussures de Louboutin n’ont pas cette hauteur ! Il en parle en évoquant la beauté du muscle de la jambe ainsi tendu au maximum…