Catégorie : Lecture

  • C’est dimanche : c’est à vous ! Lectures

     C’est dimanche : c’est à vous !


    Avant de vous laisser la parole, je voudrais en finir avec la rouge. Nous avons pris le temps et il y aurait pour moi, encore tant d’entrées à faire sur cette couleur. 

    Je ne vous parlerais donc pas des livres qui, pour moi sont collés à la couleur rouge :  

    le Journal d’Alexandra David Néel. Si vous ne connaissez pas cette exploratrice, je vous recommande vivement son «  Voyage d’une parisienne à Lhassa » qui a été La lecture révélatrice pour moi. J’ai découvert son bouquin lorsque j’avais 18 ans, par hasard sur une étagère de librairie. J’y ai découvert une Femme extraordinaire qui a pris sa vie en main à une époque où rien n’était prévu pour ce genre d’envie, qui a déplacé des montagnes ou du moins, les a parcouru à pied avec comme moteur, sa curiosité et sa volonté. Face à ses exploits, beaucoup de nos aventures semblent bien fades mais c’est bien autre chose qu’il faut retenir de sa vie. J’ai eu aussi l’occasion de visiter sa maison à Digne les Bains : grand moment où vous êtes dans une autre dimension, à l’instar de la maison de Pierre Loti à Rochefort.

                                     

    -les collections de livre Jeunesse Rouge et Or : j’y ai découvert les aventures de Puck la détective, les classiques de la Comtesse de Ségur, quelques Jules Verne et Stevenson, souvenir d’enfance lorsque nous avions très peu de livres à la maison et ceux qui étaient là, offert par une tante, m’étaient si précieux que je les ai gardé jusqu’à…

    le Petit Livre Rouge de Mao mais, j’avoue que celui là, ne m’a pas intéressée de la même façon !

    – Le Pull Over Rouge : erreur judiciaire ou pas, on ne le saura pas mais cela nous fait entrer dans les mécanismes de la justice,

    Le Rouge et le Noir ou les amours de Julien Sorel pour Louise de Renal puis pour la fille de son employeur Mlle de la Mole.

     

    Les avez-vous lu ? En avez-vous d’autres ?

     

    Pour finir, je reprendrai les paroles de mon amie Nicole Desgranges suite aux articles précédents :

    « Encore tout ça à lire ! se dit Matriochka. 

    Il me faudra un troisième confinement, au moins ! »

  • Lectures en Rose

    Roman de la rose – Image Gallica

    Pour terminer notre tour de rose, je peux vous conseiller quelques titres : 
    Le Roman de la rose, écrit au XIIIe : cela vous prendra bien le weekend !
    Sur le site GALLICA de la BNF : Le Roman de la Rose est un long poème écrit au XIIIe siècle par deux auteurs successifs : Guillaume de Lorris et Jean de Meun. Il s’inscrit dans la tradition des « arts d’aimer » inspirés d’Ovide. Prenant la forme d’un songe allégorique, il conte la quête et la cueillette d’une rose – une jeune fille – par un jeune homme, l’Amant, du coup de foudre initial à la conquête-défloration de l’Aimée. Tout à la fois délicieusement aimable et misogyne, codifié et subversif, ce long poème traite d’un sujet intemporel : l’amour, ses joies, ses écueils, ses enjeux sociaux et spirituels.

    Je vous fais grâce de la bibliothèque Rose de notre enfance sauf si vous gardez vos petits enfants : faites des lectures à voix haute, c’est si bon pour eux et pour vous. 
    Après ce moment de grâce, allez faire un tour chez Jean Genêt et son roman quelque peu autobiographique le « Miracle de la Rose ». Vous y découvrirez un monde à l’état brut, dans une belle écriture. Lu il y a ………., j’en garde le souvenir d’un monde d’enfermement et les bribes m’en sont revenues lors de la visite à la prison de Clairvaux. 
    Un peu de légèreté avec le roman de Tatiana de Rosnay « Rose » qui vous fera entrer dans le Paris du XIX et sa description des petits métiers comme on les appelle ! Existe-t-il des petits métiers ?? C’est un autre sujet…
    Puisque nous sommes dans un temps suspendu, nous pourrions aussi nous déconnecter avec le roman de Barjavel « Une rose au Paradis »…

    Sans doute en existe t-il beaucoup d’autres mais ceux là, je les connais….
    Et puis un petit haiku pour finir : 


    Fourmi !
    Tu as beau grimper à la rose
    Le soleil est encore loin.

    Haïku
    Shinohara Hôsaku



  • Mignonne, viens à l’atelier…

    Mignonne, viens à l’atelier…

    C’est dimanche et c’est le jour des roses

    Merci Marie Claude de ton commentaire car je voulais justement dire aujourd’hui, allons voir si la Rose est éclose….
    Et à voir vos photos reçues et celles faites à l’atelier, nous y sommes vraiment..
    Merci Michèle, Noëlle, Babeth, Françoise et Mimi.
     

    Celles de l’atelier sont lasses de vous attendre : elles s’épanouissent magnifiquement. Vous les voyez en tête de page. 
    Elles parlent avec la pivoine elle aussi très en forme, magnifique et généreuse : 
    Roses de juin, vous les plus belles
    Roses de Juin, vous les plus belles
    Avec vos cœurs de soleil transpercés ;
    Roses violentes et tranquilles, et telles
    Qu’un vol léger d’oiseaux sur les branches posé ;
    Roses de juin et de juillet, droites et neuves,
    Bouches, baisers qui tout à coup s’émeuvent
    Ou s’apaisent, au va et vient du vent,
    Caresse d’ombre et d’or, sur le jardin mouvant ;
    Roses d’ardeur muette et de volonté douce,
    Roses de volupté en vos gaines de mousse,
    Vous qui passez les jours du plein été
    A vous aimer dans la clarté ;
    Roses vives, fraîches et magnifiques, toutes nos roses
    Oh ! que pareils à vous nos multiples désirs, 
    Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir
    S’entr’aiment, s’exaltent et se reposent !
    Emile Verhaeren, Les Heures d’après-midi
                                        
  • Voyages, voyages

    Parler du rose revient à voyager.

    Ce matin, je suis au Japon et je regarde les cerisiers en fleurs. Enchantement de la puissance de cette couleur, poésie de ces pétales délicats et éphémères, force et fragilité de l’harmonie.

    Pourquoi n’aime-t-on pas le rose ou se moque-t-on souvent de cette couleur dès lors qu’on est capable de s’extasier devant les représentantes de ce ton : Je parle bien entendu des roses, des cerisiers, mais aussi d’anémones, de géranium, de tulipes, d’œillets, d’hellébores, des salvias, des hibiscus……
    Et puisque je vous parle voyage, je vous invite au Château de Sourches à côté du Mans, conservatoire de la pivoine. Vous êtes toujours accueillis chaleureusement par la maîtresse des lieux, passionnée de ses fleurs.
    Le jardin est ouvert depuis le 11 mai : nous nous promenons dans un bain de couleur,  au milieu des 2500 pieds de pivoines différentes. Bien entendu, elles ne sont pas toutes roses mais attestent de la capacité de cette couleur à s’harmoniser avec toutes les autres gammes.
    Dans les douves, les fleurs nous caressent, abritées par le vent, ensoleillées, arrêtent nos montres et réchauffent nos sens. Notre regard se gorge de douceur et de lumière. Asseyez vous, prenez le temps de vous imprégner. Les fleurs vous donnent le tempo, elles guident vos pas. Vous marchez d’une harmonie à l’autre, des grosses têtes blanches qui ploient sous le poids des pétales aux fortes têtes rouges aux étamines jaunes vives, denses. Les graines charnues et veloutées se dévoilent lorsque les fleurs se déshabillent peu à peu, construction savante et véritables perles de la fleur. 


    Du cœur de la pivoine
    L’abeille sort
    Avec quel regret                            Haiku de Yosa BUSON

    Vous passez du blanc au bordeaux, en déclinant toutes les valeurs, toutes les harmonies avec les jaunes et les verts. C’est juste un moment magnifique. On aurait envie de se lover au cœur de ces fleurs généreuses. 
    Ce château est aussi intéressant car il a été un acteur important de la préservation des tableaux du Louvres durant la guerre de 39-45. La Liberté guidant le Peuple de Delacroix et la Tapisserie de Bayeux font partie des 400 pièces mises à l’abri dans les caves du château, véritable annexe du musée du Louvre. 
    Le conflit, la guerre me conduit à repenser à ce poème très touchant de Guillaume Apollinaire  écrit en mai 1915  Pétales de Pivoine :
    Pétales de pivoine,
    Trois pétales de pivoine,
    Rouges comme une pivoine
    Et ces pétales me font rêver

    Ces pétales 
    Trop belles petites dames
    A peau soyeuse et qui rougissent
    De honte
    D’être avec des petits soldats

    Elles se promènent dans les bois
    Et causent avec les sansonnets
    Qui leur font cent sonnets

    Elles montent en aéroplane
    Sur de belles libellules électriques
    Dont les élytres chatoient au soleil

    Et les libellules qui sont
    De petites diablesses
    Font l’amour avec les pivoines
    C’est un joli amour contre nature
    Entre demoiselles et dames

    Trois pétales dans la lettre
    Trois pétales de pivoine

    Quand je fais pour toi mes poèmes quotidiens et variés
    Lou, je sais bien pourquoi je suis ici
    A regarder fleurir l’obus à regarder venir la torpille aérienne
    A écouter gauler les noix des véhémentes mitrailleuses

    Je chante ici pour que tu chantes pour que tu danses
    Pour que tu joues avec l’amour
    Pour que tes mains fleurissent comme des roses
    Et tes jambes comme des lys
    Pour que ton sommeil soit doux

    Aujourd’hui Lou je ne to’ffre en bouquet poétique
    Queles tristes fleurs d’acier
    Que l’on désigne par leur mesure en millimètres
    (Ou le système métrique va-t-il se nicher)
    On l’applique à la mort qui elle ne danse plus
    Mais survit attentive au fond des hypogées

    Mais trois pétales de pivoine
    Sont venus comme de belles dames
    En robe de satin grenat
    Marquise
    Quelle robe exquise
    Comtesse
    Les belles f…es
    Baronne
    Ecoutez la mort qui ronrone
    Trois pétales de pivoine
    Me sont venus de Paris

  • Déconfinement par Emmanuelle DEVOS

    Nous voici au bout de ces journées de confinement. Chacun a vécu ses deux mois de façon différente mais nous sommes tous en interrogation sur l’après. Que restera-t-il ? Le monde aura-t-il changé ? Que seront nos rapports aux autres ? Comment vivrons nous les rencontres avec nos amis ? Que ferons nous ?

    Voici les réflexions sur son confinement de l’actrice Emmanuelle Devos paru dans le journal Libération : 

    Comment appréhende-t-on le passage au déconfinement ? Qu’a-ton rencontré «pendant» que l’on tient à conserver «après» ? «Libération» a posé la question à…

    Emmanuelle Devos, actrice :

    «J’ai découvert que j’étais faite pour le confinement. Et que donc, probablement, je ne me déconfinerai pas ou le moins possible. En dehors de ma famille et de quelques amis, j’ai besoin de voir peu de gens. J’habite après le Périph et, avec la réclusion obligatoire, je m’aperçois combien je suis contente de ne plus aller à Paris. Attention, ce qui se passe pour la culture est une catastrophe et on n’a pas fini d’en voir les ravages. On n’a aucune vision de rien. Je dois tourner un film cet été, on est tous dans le même bain, on ignore quand les tournages vont pouvoir reprendre, si les assurances vont accepter d’assurer. Je suis une actrice chanceuse, j’ai des beaux projets. Mais qui peuvent tout-à-fait rester éternellement en suspens. Au début du confinement, le massacre dans le champ culturel m’a énormément angoissée. Donc on allait vivre sans ? Sans perspective, sans nouveaux films, sans nouvelles pièces et ce, pendant très longtemps ? Une privation qui concerne aussi bien la spectatrice que je suis, que l’actrice. Les acteurs ont l’habitude de cette insécurité professionnelle. Quand on nous parle d’un film, on sait qu’il se tournera, s’il se tourne, trois ans plus tard. J’ai toujours vécu avec l’idée que, dans six mois, je ne travaillerai plus, qu’il faudra que j’invente autre chose.

    «C’est la période idéale pour lire, plus aucun garant moral ne nous interdit de nous allonger avec un gros bouquin l’après-midi, quand la concentration est meilleure que le soir. Je me suis attaquée à un gros morceau, Ulysse de Joyce en lisant en parallèle les Cours de littérature de Nabokov. C’est Arnaud Desplechin qui m’a donné ce tuyau en me disant : «Tu lis un chapitre et puis tu lis ce qu’en dit Nabokov. Tu fais exactement ce qu’il te dit.» Cela dit, même avec la béquille Nabokov, ça reste dur. J’ai lu Anna Karénine aussi, il était temps ! Je regarde presque un western par jour. J’adore les westerns, ce genre-roi qui contient tous les autres, la comédie, la tragédie et l’espace. On dépense moins, je continuerai à moins dépenser après le confinement, ça apaise. Je suis en train de virer drastiquement anti-consumériste. Certes, je suis privilégiée, j’ai déjà l’essentiel : un logement, de quoi m’acheter de la nourriture, et mes placards contiennent de quoi m’habiller jusqu’au restant de mes jours. J’avais développé des prémisses de cette tendance « no conso » auparavant, mais je ne les aurais peut-être pas développées à ce point : quand je me suis fait voler ma Smart pourtant bien pratique pour aller dans Paris, j’ai haussé les épaules et je me suis mise à marcher. En ce moment, on est moins vus, ce qui est également agréable. Dorénavant, et de manière encore plus consciente qu’avant, je volerai directement de chez moi aux plateaux de théâtre et tournage, sans passer par la case rencontres, mondanités et autres dîners stratégiques.»


    Et vous, comment imaginez vous le dé-confinement ?

  • FAIRE SON TEMPS par Catherine ROBERT

    FAIRE SON TEMPS par Catherine ROBERT 

                           
                               Beaubourg, Paris, 07 mars 2020

    De Paris, de ses odeurs et saveurs, de son arrière-plan sonore, de la journée d’amitié, il me reste
    ce cliché mal pris – quelques jours avant un confinement sanitaire qui durerait plusieurs semaines
    – cliché si éloquent par son cadre fermé, tuyaux et grilles dessinant une cellule d’où on entrevoit
    de grises ardoises. On sait de Beaubourg quel panorama il offre depuis son niveau 6 ! Mais ce jour-là,
    dans une solitude et un silence inhabituels, nous n’avions pu emprunter l’escalier mécanique, le
    dernier étage accessible uniquement par le biais d’ascenseurs. Nous étions là pour Christian
    Boltanski.
    « On fabrique son temps, on fait son temps de vie » Christian Boltanski, Paris, 2019-2020

                             hoquets sinistres

                             bouilloires et petits jouets

                             sous les loupiotes

                            un couple, un trio sixties

                           des enfants en brouette

    Christian Boltanski utilise les vitrines horizontales ou verticales, les matériaux simples, la
    photographie. Il collecte, il cumule, il amasse en compositions imparfaites du verre et du papier,
    des cailloux et des gribouillages. Devant ce fatras universel, les larmes montent aux yeux en même
    temps que le sourire.

                         un train sur la porte

                         en nudité neigeuse

                        colonne sèche

                        leitmotiv d’arbres et saisons

                        une famille en série

    Christian Boltanski donne à entendre les battements de son cœur, des cœurs du monde entier, ad
    vitam aeternam, face à des ombres chinoises – puisque le cœur est vie, puisque le cœur, un jour, il
    s’arrête. C’est par l’anonyme que l’artiste transmet l’essence d’un siècle passé, d’espaces disparus,
    de corps chagrins… une lettre, une aile, du rien, des poussières, des cendres. Flou, fou, le temps
    est capté qui déverse des vapeurs au goût familier, en une surimpression tragique et apaisée.

                     toujours les boîtes

                     humbles en fer blanc rouillé

                     traces restituées

                     sur un étal ou data

                     ventilateur sur rideaux

    Avant l’exposition, on imagine Christian Boltanski manipulant son grand bazar (courriers,
    manuscrits, clichés, plaques, etc.), on se moque de la part d’authentique et de la part de fiction, on
    est ému du monde donné à ressentir. C’est un buisson enchevêtré de détails et d’emprunts, un
    fouillis d’identités pour le moins foudroyant – peut-être agaçant pour certains, je l’ignore – dans
    lequel je m’immisce, je me souviens, je songe, je pense, je suis chamboulée, je « fais mon temps ».

                      la plage et le vent

                      pavillons acoustiques

                      en Patagonie

                     là où s’échouent les baleines

                     gardiennes d’anciens secrets.

    Ce n’est pas qu’il nous en fait voir de toutes les couleurs puisque domine, non pas le noir & blanc,
    mais une palette de gris ponctuée ici et là de bistre, carmin ou turquoise, sauf qu’on est un peu
    malmené comme le feraient de nous une houle, une tempête de sable ou l’obscure menace d’une
    perte. De cela, je ne me plains pas, « ne pas avoir d’égards envers moi » est ce que j’espère d’une
    oeuvre dans laquelle je peux cheminer de la même manière que je progresse dans un livre ou dans
    un film, sans trop me soucier de la vraisemblance ou de la chronologie et encore moins des bons
    sentiments. Ici, je vadrouille parmi les ampoules papillotant qui impulsent mes synapses et
    irradient mon cortex insulaire. J’ingère une substance trouée, aérée, perméable, je digère les
    interstices passés et la puissance de vie pour deux heures d’intensité.

                  dis-moi, être seul

                  dis-moi, les larmes-les peurs

                  dis-moi, le vomi

                 dis-moi, pourquoi la souffrance

                 redis-moi la lumière

    Christian Boltanski le répète souvent — Je suis un bon vivant. Je le crois, à savoir s’entourer de
    proches dont les disparus soulignent le temps et ne me contrediront pas les dernières visions à
    emporter (les Animitas) qui éblouissent de poésie. De même que le révélait l’image prise ce jour-là…
    un ciel nuageux découpant de larges trouées radieuses.

    Animitas blanc, Christian Boltanski, 2017
    https://www.franceculture.fr/emissions/lart-est-la-matiere/une-visite-avec-christian-boltanski

    Catherine Robert, le 07 mars 2020

  • Les dernières sardines Vertes

    Les dernières sardines Vertes

    VERT

    Je dis vert
    Cela me donne le vertige
    Tellement nombreuses sont les versions !
    Alors j’y vais et sans tergiversations
    J’enlève le vert-de-gris  qui s’est installé sans vergogne sur ma cervelle
    Ce vendredi je la passe au vinaigre
    Finis les virus
    Elle ressemble à une terre neuve
    Et Vénus peut la visiter.
    Belle initiative, la voilà ravivée
    Elle se revigore à la douceur des verts de la palette de Geneviève
    J’en suis ravie….j’arrive !!!

            Odile 

                             

    Je dis vert, et j’enfourche mon vélo vermillon
    Vers le mont des Vermeilles, je vadrouille
    Je dis vert, et parmi les plantes vivaces
    Verveine, vétiver, et vernis du Japon
    Je dis vert,  et l’oiseau verdier volage
    Me répond…

                    Delphine

  • Sardine par procuration, Claudine à son balcon

    Sardine par procuration, 



    Claudine à son balcon

    Je dis vert et je veux verser mon verre de verbes
    pour vous envoyer un vers
    sans rime ni raison
    vous avertir
    que le blé n’est plus vert
    au temps des moissons
    qu’il vire au jaune d’or.
    Or, comme c’est encore le printemps
    je dis que tout est vert
    que le vert envahit tout
    C’en est renversant
    On finirait par avoir aversion de vert
    si l’on ne savait qu’on va vers l’été.
    Claudine
  • Lettre à Raoul DUFY de Christine

    Lettre à Raoul DUFY de Christine


    Le Mans, le 27 avril 2020

    Cher Raoul,



    Me permets-tu de te tutoyer?  Je pense que tu accepterais, tant je suis fan de ton travail artistique. On dit maintenant « je suis fan ». Tu sauras? J’aurais aimé te connaître et que tu me fasses découvrir les domaines que tu as sublimés de ta créativité colorée.

    Je voudrais te parler de ton tableau « Hommage à Claude Debussy », que tu as peint en 1952, un an avant ta disparition et plus de trente ans après celle de ton ami musicien. Il est mon fond d’écran de smartphone. Combien de mots comprends-tu dans cette dernière phrase mon cher Raoul?

    On dit que tu as récupéré chez Bianchini-Férier, la tenture de droite, bordée d’un quadrillage. Tu as dessiné pour eux de nombreux modèles textiles. En reste-t-il quelque part des pans cachés sous de raides toiles de Jouy ou de sensuelles soies japonaises? Tu aurais fait merveille dans l’atelier de Geneviève où tu nous aurais organisé une master-class. Tu ne sais pas ce que c’est bien entendu! Cela t’aurait sans doute choqué de voir que les femmes travaillent l’art textile en plus d’un métier qui leur assure leur indépendance. Toi, tu étais au service des riches qui ne paient plus l’impôt sur la fortune ; pour eux, tu peignais, tu décorais leur maison et créais leur mobilier. J’aurais voulu voir ça. C’est bizarre, personne ne t’aime assez pour faire une rétrospective de toutes tes oeuvres. Certains critiquent même ton côté touche-à-tout, comme ils l’ont fait pour Mucha, alors que c’est un signe de ton ouverture d’esprit sur le monde de ton époque, embelli de tes arabesques. Va savoir pourquoi si on s’appelle Dali ou Picasso, la chose est possible. Des peintres du soleil, c’est peut-être pour ça? 

    Toi de la lumière, tu en mets dans tes tableaux, presque au sens propre avec la Fée Électricité du Musée d’art moderne (Paris). La lumière blanche est dans la couleur, même sombre. Tu es un magicien des couleurs, Raoul. Regarde dans le Debussy, comment de droite à gauche, tu passes du bleu cèdre au vert eucalyptus, puis, au-delà des bords du tableau, cette surface vert petit pois, d’un vert si tendre qu’il en rosit jusqu’au blond pâle des roses qui fanent au milieu des silhouettes des arums. Je pense que c’est en pensant à toi que j’aime autant la forme de l’arum, si délicieusement féminin. Arum, arôme des notes de musique qui s’échappent du fantôme de piano, en aquarelle et légèreté.

    J’ai vu ce tableau l’an dernier au Havre. Peut-être le reverrai-je à Paris? Une expo t’est consacrée au musée de Montmartre du 9 octobre 2020 au 11 avril 2021. « Le Paris de Dufy ». Tu m’y donneras rendez-vous? Nous nous rencontrerons comme à chaque fois, dans la beauté des couleurs douces et acidulées, dans le mystère de tes esquisses noires et florales, dans la musicalité de ton rythme dansant. Car tu peins des tableaux qui dansent…

    Avant de te quitter, je voudrais te faire connaître ces vers d’une chanson d’Henri Salvador. Les paroles sont de Benjamin Biolay. Deux fameux musiciens que tu aurais pu mêler à ta peinture. Ces vers me viennent lorsque ton « Hommage à Debussy » m’absorbe toute entière.

    Je voudrais du soleil vert
    Des dentelles et des théières
    Des photos de bord de mer
    Dans mon jardin d’hiver.


    Christine

  • LE VERT DES SARDINES – 4

    LE VERT DES SARDINES – 4

    LE VERT DES SARDINES – 4

    Aujourd’hui, je porte un gilet vert, grand ouvert, un jean à revers, (ça porte chance paraît-il le vert) surtout pour écrire des vers…
    Si rien ne venait, j’ajouterai un foulard bleu-vert, des gants vert-de-gris et des chaussettes à revers, afin de mieux protéger ma vertu.
    Hélas ! il ne se passe toujours rien….
    J’ai beau guetter l’horizon, je ne vois que les cannes à sucre qui s’allongent, vertes à l’infini, les bananiers, qui peinent sous le poids de leurs régimes encore verts, tandis qu’au zénith le cocotier agite des palmes versatiles, et que les monts verdissent à l’unisson, tandis qu’un lézard vert vif s’enfuit.
    Je m’évertuais sans succès à vouloir écrire quelque chose, quand ma nièce se mit à me tancer vertement !
    Alors je dis : « vert pour ne pas vieillir », « vert à tort et à travers », jusqu’à ce que ces mots me restent dans la gorge et que je les vomisse
    Depuis, par bonheur, je vois tout bleu dans ma tête quand je contemple le monde au travers de mes verres fumés…

                     Roselyne