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  • Se perdre dans le blanc – 1

    Se perdre dans le blanc – 1

    Et oui, le blanc inspire ! Je n’arrive pas à m’arrêter et vous faire partager quelques coups de cœur . Il permet l’existence de la matière à l’état pur. Pas de limites, on ne sait plus dans quel domaine on se situe. Vous allez voir :

    Annie aussi voulait que je vous parle d’une artiste japonaise. Nous avons vu son travail à plusieurs reprises entre autre à Angers lors de l’exposition Asie Europe. Kakuko ISHII travaille des sculptures avec des ficelles nouées :

     
    Le commissaire d’exposition Erny PIRET dit son souhait de présenter lors de cette manifestation, uniquement des artistes qui utilise la matière et les savoir faire, la polychromie devenant accessoire. Kakuho ISHII ne travaille pas seulement en blanc, et ce musée a présenté lors d’autres manifestations, des pièces colorées. En regardant ces œuvres, on ne voit plus la matière, on est emporté par les formes, la fragilité de ces fibres, le langage technique si semble si simple et demande une parfaite maîtrise. Elle emploie la technique du MIZUHIKI, travail de bandelettes tissées, nouées. Les formes suggèrent le monde végétal mais nous laisse libre de nos interprétations. Lorsque je vois ces œuvres, je suis transportée dans un monde d’élégance et de raffinement comme lorsque je vois le travail des porcelainiers. Pas de grands gestes, pas de bruit, un monde intérieur, un foisonnement de sensations apaisantes. Quelle puissance pour révéler autant de force dans ces petits formats.
    Je vous ai proposé hier une sortie au Japon. Nous sommes donc au cœur de cet art. Regardez aussi le travail de Tetsuo FUJIMOTO entrevu lors d’expositions :
    Il s’agit d’un travail de zigzag machine, superposé, en marquant les arrêts pour donner du relief. 
    Plusieurs épaisseurs lui permettent de dessiner, donner de la profondeur. 

     

    Je ne saurais terminer mon survol japonais, sans vous montrer ce paravent japonais, brodé au XIXème et exposé au Musée Guimet dans le cadre de l’exposition Paris Meiji l’an passé. Je suis restée sans voix devant une telle prouesse :

     
     

     
    Facture classique certes, mais quelle beauté !

  • PORCELAINE BLANCHE – 2

    PORCELAINE BLANCHE – 2

    Tomomi TANAKA – Porcelaine


    Vous aurez compris mon amour des métiers d’art. Vous savez aussi que lorsqu’on me demande ce que je fais, je dis que je fais du « textile inutile ». C’est ma réponse dans un monde où tout doit avoir une fonction. En effet, le grand public a peu d’images du textile et c’est aussi le but de ce journal que de contribuer à ouvrir vos yeux.

    Et bien, en porcelaine, c’est aussi un peu le cas. Des créateurs jouent la matière pour le plaisir de la manipulation, de la création, faisant ainsi oeuvre d’art. Pas d’autre objectif que de développer un langage, de jouer des émotions, de parler de la matière. 

    Le travail de plusieurs artistes m’ont laissé des empreintes fortes et je partage avec mon amie Michèle, l’intérêt pour une céramiste :  Bénédicte VALLET.


    Ces créations sont issues de recherche sur la texture et le mouvement. Elle cherche à démystifier la porcelaine avec es créations hors normes. Elle tricote et brode la matière, reprenant des gestes qui nous sont familiers sur de nouveaux supports. Monde onirique et déroutant, elle nous donne a revoir l’idée même de la porcelaine. 
     
     
    Elle joue les dimensions, créant de magnifiques pièces et des installations déroutantes. 
    Une autre artiste met en scène ses sphères de porcelaine : Emmanuelle FOUCAUD – La Chapelle sur Erdre

    Le monde de Marie Andrée COTE, québécoise est aussi surprenant et inoubliable. Regardez sa sphère avec les éléments épars. Nous sommes invités dans une autre dimension, la porcelaine est « cassée » pour notre plus grand plaisir. Monde délicat, fragile, temps suspendu :

    Regardez en plus sur son site : http://marie-andreecote.blogspot.com/ 
    Et enfin, je ne saurai boucler ce trop court et rapide d’horizon sans vous présenter le travail d’un artiste japonais qui m’émeut toujours par cette densité tout autant que la pureté de son travail : 

    Allez voir aussi les créations de porcelaine blanche de Axelle SABATIER…

    Ces propositions ne sont pas exhaustives : ce sont mes coups de cœur et encore, difficile de vous parler de tout sans vous lasser…
    Demain, nous parlerons un peu Japon… surprise !

  • PORCELAINE BLANCHE

    PORCELAINE BLANCHE – 1

    S’il est un domaine où la blancheur est importante, c’est aussi celui de la porcelaine. De la blancheur jusqu’à la transparence parfois….
    Dans l’une de mes vies, j’ai travaillé dans ce monde des arts de la table : et oui, c’est un art ! Actuellement, on nous parle cuisine à une époque où, dans nombre de nos villes, il n’y a même plus de magasins d’art de la Table. Derrière ce titre, régnait des rites, des exigences confinant parfois à la maniaquerie, mais aussi de l’élégance, prélude à des instants rares. Des formes modernes, un grain particulièrement fin, une permanence de la matière par sa dureté magnifiaient les tables de réception.
    Quelques fleurs dans ces vases d’Hutchenreuter suffisaient à ravir votre regard, le contenant égal en qualité à la beauté des végétaux.
    Lors d’une sortie de notre association Fil O Maine, nous nous sommes arrêtés à Virebent, haut lieu historique de la porcelaine à Puy l’évêque dans le Lot. Nous y avons entendu combien la porcelaine était présente lors du développement de l’électricité : souvenez vous des boutons électriques de notre enfance avant que le plastique n’envahisse nos espaces. L’entreprise existe depuis 1924 : pensez si elle a fabriqué des produits variés. Actuellement, deux designers font revivre les ateliers pour des créations de grande qualité.
    Une porcelaine n’est pas du grès ou de la faïence. Dans la famille des céramiques, les compositions et les températures de cuisson différent. Des pierres broyées donneront une pâte mélangée à de l’eau. On verse cette barbotine dans des moules, on la travaille sur des tours ou on la presse. Après le séchage, on démoule, un petit coup de ponçage pour effacer les marques et on fait cuire entre 800° et 1400°. Ce n’est qu’ensuite qu’on va passer un bain d’émail et faire une seconde cuisson.

    Les décors sont posés soit en peinture, soit en décalcomanie sur ces surfaces. 

    Les créateurs innovent, jouent la matière, défient les équilibres, cassent les lignes droites pour des objets d’un raffinement extrême. C’est le plaisir de la matière magnifiée : pas besoin de décor, tout est dit par la forme.
    Vase VRILLE par Esprit Porcelaine

    Elle Décoration
    Tasse Newave de Villeroy et Boch
    Tout cela se passe dans le monde des objets du quotidien : en ces temps de confinement, où tout le monde parle de relocaliser, produire propre…. on peut espérer que cette dimension du local touchera aussi le travail de ces créations. Nous avons autour de nous tant de savoir faire !

  • PAGE BLANCHE 1

    PAGE BLANCHE – 1

    Puisque nous avons du temps avant la fin du confinement, prolongeons un peu la féerie du blanc.
    Lorsque j’ai organisé l’exposition Architextur’Elles avec les Musées et la Ville du Mans en 2014, j’ai eu la plaisir de présenter le travail d’une artiste rare : Marilyne POMIAN. 
    Maryline travaille le papier, des feuilles de papier cigarette en grande dimension. J’ai découvert son travail pour la première fois en me promenant sur les boulevards parisiens. Dans des vitrines des grands bijoutiers Van Cleef et Arpels, des structures éphémères, fragiles et insaisissables faisaient écrin aux joyaux. Du blanc immaculé contrastait avec le ciel plombé d’une soirée de décembre, le froid de l’extérieur et ce blanc qui devenait chaleureux dans ces vitrines. Des plis évoquaient le tissu mais la matière était autre. Diamants et métaux contrastaient avec la fragilité du papier. Je n’ai pas retenu les magnifiques (certainement !) diamants, pour moi, le papier était le vrai sujet de la présentation. 
    Lorsque j’ai pris contact avec Marilyne pour mon projet, son travail s’inscrivait tout à fait dans ma philosophie. Travail féminin, d’exception et textile. Nous nous sommes rencontrées dans son atelier parisien. Moment tout de finesse, de silences également. De ce silence plein d’écoute, d’harmonie.  Le blanc est logique lorsqu’on la rencontre, on n’imagine pas qu’elle puisse travailler d’autres couleurs. Ambiance feutrée, pas de page blanche, tout est dit, susurré, avec une certaine distance mais tant de présence et de vulnérabilité. Pas de grands gestes, juste des mains qui s’agitent, des mains bleuies par le froid de cette journée de janvier et pourtant, extrêmement précises, un geste sûr.  Je me sens sur un fil face à cette grande dame sensible : peur de brusquer par des phrases trop vite prononcées, peur de ne pas arriver à parler de son travail, peur de ne pas assez comprendre tout ce qu’elle nous dit de la fragilité de la vie, la fugacité des moments. Entre ces murs d’atelier, bruts et décatis, nous avons entre les mains des œuvres raffinées et élégantes. Devant son travail, on ne peut qu’être dans nos propres univers intérieurs, en conversation intime. Pas de superflu, juste l’essentiel.
    Souvenez vous de ces dentelles qu’elle nous a fait pour cette manifestation : lien entre architecture, dentelles de notre passé, femmes de tous temps…A travers ces « napperons » de papier, Marilyne Pomian nous invite aux souvenirs, dans une grande présence. 

    Je vous invite à l’écouter : 
      
  • PAGE BLANCHE – 2

    PAGE BLANCHE – 2

    Si aujourd’hui, je vous parle Papier, c’est parce que j’ai eu l’occasion de voir bien des œuvres d’art faites avec ce médium ou le blanc était roi.

    Tout d’abord, les œuvres de Rakuko NAITO,
    dans le même esprit que le travail de Marilyne POMIAN :

    Toujours des artistes du papier blanc, le magnifique travail de l’artiste japonaise installée à Angers, Miki NAKAMURA avec son compère Jean Michel LETELLIER
    Exposition à la Gacilly en 2017

    Et puisque vous y êtes, allez voir le travail d’un de leurs disciples, Dominique ROUSSEAU
    Bonne journée,

  • RECUERDOS DE PASCUA

    RECUERDOS DE PASCUA

    SOUVENIRS DE PÂQUES

    A mon réveil, en décalage avec l’heure de la France (sept heures en moins), je me délecte en
    parcourant les souvenirs de Pâques de mes compagnes virtuelles de ce merveilleux
    « atelierdegenevieve126 ».
    Aujourd’hui lundi, j’ai eu le temps de digérer les souvenirs de ma tendre enfance et surtout les
    gourmandises de la veille.
    En lisant « Je me souviens » écrit par Geneviève, je me suis tout de suite replongée dans le
    livre de Georges Perec, « Je me souviens » et je vous livre, avec un peu de retard que je
    justifierai par ma fâcheuse tendance à la procrastination, quelques uns de mes souvenirs.

    Je me souviens de l’effervescence au réveil,
    Je me souviens de mon pyjama à rayures bleues,
    Je me souviens de la porte ouverte sur le jardin,
    Je me souviens des cloches qui rentrent de Rome,
    Je me souviens de la course effrénée avec ma sœur,
    Je me souviens de la rosée du matin dans l’herbe,
    Je me souviens des cris de surprise à chaque trouvaille,
    Je me souviens du coq perché sur la branche du sapin,
    Je me souviens de ma mère qui nous observe de la cuisine,
    Je me souviens des œufs cachés derrière les palmes,
    Je me souviens des poissons en chocolat qui frétillent,
    Je me souviens de mon frère qui me bouscule, en riant,
    Je me souviens du lapin qui nous observe du coin de l’œil,
    Je me souviens de mon panier en osier pour tout ranger,
    Je me souviens de nos éclats de rire complices,
    Je me souviens de la pêche miraculeuse en chocolat,
    Je me souviens du ruban doré de la grosse poule,
    Je me souviens du tintement des œufs dans ses entrailles,
    Je me souviens de cette joyeuse chasse aux trésors,
    Je me souviens du comptage de toute ma fortune,
    Je me souviens du praliné qui délecte mes papilles,
    Je me souviens du chocolat blanc qui fond sous ma langue,
    Je me souviens de la tête du lapin qui disparaît dans ma bouche,
    Je me souviens des œufs à la liqueur qui craquent sous mes dents,
    Je me souviens du sourire enjoué de mon père, derrière sa caméra,
    Je me souviens comme si c’était hier et peut être demain.

    Je ne saurais conclure sans féliciter Geneviève qui nous permet à toutes et à tous de tisser des
    liens de toutes les couleurs pour illuminer notre confinement et notre introspection… Merci de
    tout cœur pour ce partage et ce bonheur quotidien. Bravo pour cette belle initiative!
    Françoise CLERMONT GUILLET
    Progreso, Yucatán, MEXIQUE

    Et vous avez aussi un cadeau venu tout droit du Mexique : une chanson créée par un ami musicien de Françoise : Gerardo Aguilera, traduction de Françoise

    Chanson composée et chantée par mon ami GERARDO AGUILERA de México.
    aguilerajerry@gmail.com.
    pour écouter : AUD-20200408-WA0001.mp3

    NOUVELLE MÉLODIE
    J’ai laissé vide le vieux coffre et le tiroir
    où je gardais mes regrets,
    confondus avec les souvenirs.
    J’ai joué ma dernière carte
    pour aller mieux,
    et résultat, c’était la première
    que Dieu m’a envoyée.
    Ay, ay, ay, ay, ay
    Il y a toujours de beaux moments
    Ay, ay, ay, ay, ay
    que l’on peut vivre
    Ay, ay, ay, ay, ay
    pour échapper aux histoires
    de tristesse et de tourments.
    Je vis, chaque matin
    une nouvelle mélodie.
    A chaque moment,
    je vis une nouvelle chanson.
    Je garde seulement les moments
    qui font chaud au cœur,
    une étreinte, un sourire,
    la sincérité et l’amour.
    Je vis, chaque matin,
    une nouvelle mélodie.
    A chaque moment,
    je vis une nouvelle chanson.
    Pour le bien et le mal d’ hier,
    je remercie le ciel.
    Tout fait partie de la vie,
    tout fait partie des rêves.
    J’ai peint en blanc chaque porte et coin,
    j’ai ouvert les rideaux et les fenêtres
    de mon cœur humble.
    J’ai suivi les conseils
    qu’un petit m’a enseignés,
    quand j’ai vu que sa fortune
    était toute sa joie.

    REFRAIN Ay, ay, ay, ay, ay
    ….. tout fait partie des rêves.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    chaque jour est une nouvelle illusion,
    une nouvelle vie.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    en pardonnant et en allègeant mes bagages,
    seul m’appartient ce que je suis.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    il suffit seulement de s’éveiller
    pour voir briller la lumière du soleil.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    en dansant, en chantant, en marchant et en aimant,
    en suivant mon cœur.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    je chante une nouvelle mélodie,
    je chante à la vie.
    Chanson composée et chantée par mon ami GERARDO AGUILERA de México.
    aguilerajerry@gmail.com

  • OLYMPIA de Manet

    OLYMPIA de Manet

    Décidément, le blanc est lié à l’art du XIXème siècle…
    J’aime laisser vagabonder mon imaginaire librement avant d’écrire. Cette fois-ci,
    neurones branchés sur le blanc…
    Le petit vin blanc qu’on boit sous la tonnelle? Pas assez culturel. Blanc blanc le bateau
    blanc de Marcel Amont? Pas envie de convoquer les repas de famille. Ni celle des
    mouettes. Blanc d’Espagne? Plus exotique que le blanc de Meudon, pas envie de penser
    au ménage. Blanc-manger coco des Antilles? Et j’apprends que c’est aussi un jeu de
    société à la mode pour l’apéro. Ca suffit l’apéro! Même si je n’ai rien contre. Rien n’est
    tout noir ou tout blanc, n’est-ce pas? Contraste de l’ombre et de la lumière. Heurt du noir
    et blanc et de la couleur. Symbole du blanc, couleur de deuil et couleur de mariage… Le
    blanc est-il une couleur, d’ailleurs?
    Pureté de la robe de mariée, toucher du linge de maison dans l’armoire normande, rituel
    disparu de la période du blanc, juste avant les soldes de janvier. Janvier, l’hiver, pâleur du
    visage. Prends des vitamines, tu es toute blanche. Le premier cheveu blanc, puis les
    suivants, qu’on cache, qu’on accepte, selon. Nous avons carte blanche tant qu’il s’agit
    de notre coprs…
    Le diaphane d’une peau blanche jeune. Qui suscite le désir, comme ce tableau de Manet,
    Olympia. Sa nudité sensuelle, offerte au regard du(de la) spectateur(trice). Quand on
    grossit l’image, le grain de peau est fin, souple, serré, blanc avec juste ce qu’il faut
    d’aristocratie, lissé de la tête au pied, avec un soupçon de couleur élégante sur le visage.
    La pose est ferme, assumée, une jeune femme moderne et gracieuse qui pose pour la
    photographie d’art. Ou plutôt qui -se pose- en femme libre de son corps. Cela me touche
    dans ce tableau, cette liberté du corps. Je suis là, bien dans mon lit de matinée avancée,
    dit Olympia. Confortable sur mes oreillers très blancs qui font ressortir le velours de ma
    peau. Je sais que je suis belle, désirable, cela se voit dans mon regard serein. Je n’ai pas
    de souci pour trouver un homme qui me plaît, ils se bousculent pour m’avoir. Mais on ne
    m’achète pas avec un bouquet de fleurs. Vous pouvez bien me désirer, c’est votre droit.
    Mais ne m’imposez pas votre désir. Je suis libre de mon corps. C’est ainsi que me parle
    Olympia et je partage ses pensées de femme.
  • BLANC DE Catherine

    BLANC

    Blanc, couleur du lait, celui qu’enfant je ne buvais pas, écœurée. Les yeux au ciel
    des adultes.
    Plus tard, impossible de porter des habits blancs, à peine des corsages, chemisiers.
    Le blanc, ce qu’immanquablement on tache. Fatalité du blanc pour la femme.
    Être blanche, à Madagascar, dans l’adolescence, étrangère, déplacée. Visible.
    Incongrue. Le blanc qui dérange.
    La robe blanche, dans le livre de Nathalie Léger, celle de Pippa Bacca, dont elle
    retrace le long périple qui finit mal. Pippa a entrepris, vêtue d’une robe blanche, de
    traverser en autostop les pays en guerre pour y apporter de la paix et du lien. Faire
    confiance aux conducteurs, et rencontrer là où elle s’arrête, des femmes dont elle
    lavait les pieds en les écoutant parler de leur vie de femme. Tragique illusion du
    blanc, dans un massacre de sang.
    A Lille, plus tard, Hospice Comtesse, la réconciliation : le blanc de Safet Zec illumine,
    fascine, comme un silence immense qui réfute la blancheur : les linges blancs de
    Safet Zec ne sont pas tout à fait blancs, parce que froissés, mâchés, fripés, ridés sur
    ou dans ces lits vides, empreints d’absence et gonflés de toute une histoire qui ne se
    dit pas. Blanc d’absence, de silence, et dont la présence sensuelle est si puissante.
    Toutes les nuances de blanc, dans ces peintures qui semblent vouloir déborder le
    tableau, et que l’on croit toucher.
    Safet Zec encore, et l’homme à la chemise blanche ouverte, qui prend presque toute
    la place ; son visage estompé, effacé, sans regard ; sa tête penchée, tombante ; ses
    mains sur les hanches, comme abandonnées. De ce buste d’homme surgit le
    vêtement dont la blancheur enferme des couleurs tristes : les traces d’une vie, qu’on
    devine douloureuse ? Et s’il s’agissait du peintre ?…
    Plus loin, le voici démultiplié dans un triptyque, tout aussi privé de regard, de visage,
    tout aussi vêtu de blanc ; mains croisées, dans la geste du suppliant, une cordelette
    rouge suintant à son cou, puis assis, la tête enfouie dans un drap blanc, cette fois
    éclatant. Cet homme invisible ou absent, témoigne d’une profonde désolation dont la
    blancheur du vêtement semble seule à témoigner.
    Le blanc se fait ici l’écho de tout ce qui efface un homme.
    Le blanc se gonfle de la morsure des plaies humaines.
    Dégagé de toute pureté, le blanc dit aussi la puissance des corps, et la chair qui
    palpite sous ses plis.

    Catherine, avril confiné 2020.

  • BLANC de Catherine

    BLANC de Catherine

    Sur mes joues chauffées à blanc
    les larmes crépitent
    s’enfuient
    le blanc de l’œuf
    n’est pas en neige
    il cuit.

    Sur l’écran blanc de ma mémoire
    les mots se diluent
    Trac
    NOIR
    j’oublie

    Dans le blanc de mes yeux
    tu lis
    ce qui n’est pas dit
    Tes balles à blanc
    me crèvent
    le cœur
    je m’évanouis.



    Cat Pele

  • Histoire de coiffes par Annie

    Histoire de coiffes 

    Par Annie

    Petite, au défilé de Quimper, pendant plusieurs heures, tous les ans, je les regardais passer et ne m’ennuyais pas, je n’avais même pas les yeux assez grands pour tout voir ! Leurs robes de velours ou de drap ornées de galons, leurs tabliers soyeux, et surtout leurs coiffes : hautes, larges, de formes variées, fastueuses, modestes, en dentelle, brodées, largement empesées, toutes différentes pour chaque ville ou région, mais toutes semblables par leur blancheur, d’un blanc éclatant, sauf pour celles des pauvres dames de l’île de Sein. 
    Qu’elles étaient belles ces Bretonnes, passant d’un pas léger, souriantes, le port de tête haut, mettant en valeur leurs coiffes et tenues. Un bonheur !
     Dans les années 60, en Bretagne, ces coiffes étaient encore portées au quotidien. Je revois toutes ces grands-mères de Douarnenez, assises avec leurs paniers, vendant beurre, œufs, lait caillé et légumes, tout de noir vêtues et toutes portant leurs modestes et belles coiffes blanches. Là, elles ne s’habillaient pas pour les vacanciers (on ne parlait pas de touristes). Dans les rues, les magasins, chez elles, à la plage, elles portaient leurs coiffes blanches. 
    C’est toujours avec enthousiasme et émotion que je regarde ce genre de manifestations.
     Longtemps après cette époque, j’ai dû, chez ma mère, vider un coffre contenant des restes de tissus qu’elle avait travaillés, tous consciencieusement rangés en petits rouleaux. Arrivée au fond de ce coffre, j’ai trouvé un rouleau différent des autres, enveloppé dans du papier. Que renfermait-il ? il fallait ouvrir, il fallait voir…Surprise ! Il y avait une dizaine de coiffes sarthoises, serrées les unes contre les autres, froissées, jaunies. Alors, je les ai faites tremper, je les ai délicatement lavées, séchées et repassées comme j’ai pu…. Elles sont simples, en tissu très fin, joliment brodées, blanc sur blanc. Ont-elles été portées par ma grand-mère ? plus certainement par mon arrière-grand-mère. A présent, elles font partie de mon intérieur, en quelque sorte, elles revivent.