Blanc

Histoire de coiffes par Annie

Histoire de coiffes 

Par Annie

Petite, au défilé de Quimper, pendant plusieurs heures, tous les ans, je les regardais passer et ne m’ennuyais pas, je n’avais même pas les yeux assez grands pour tout voir ! Leurs robes de velours ou de drap ornées de galons, leurs tabliers soyeux, et surtout leurs coiffes : hautes, larges, de formes variées, fastueuses, modestes, en dentelle, brodées, largement empesées, toutes différentes pour chaque ville ou région, mais toutes semblables par leur blancheur, d’un blanc éclatant, sauf pour celles des pauvres dames de l’île de Sein. 
Qu’elles étaient belles ces Bretonnes, passant d’un pas léger, souriantes, le port de tête haut, mettant en valeur leurs coiffes et tenues. Un bonheur !
 Dans les années 60, en Bretagne, ces coiffes étaient encore portées au quotidien. Je revois toutes ces grands-mères de Douarnenez, assises avec leurs paniers, vendant beurre, œufs, lait caillé et légumes, tout de noir vêtues et toutes portant leurs modestes et belles coiffes blanches. Là, elles ne s’habillaient pas pour les vacanciers (on ne parlait pas de touristes). Dans les rues, les magasins, chez elles, à la plage, elles portaient leurs coiffes blanches. 
C’est toujours avec enthousiasme et émotion que je regarde ce genre de manifestations.
 Longtemps après cette époque, j’ai dû, chez ma mère, vider un coffre contenant des restes de tissus qu’elle avait travaillés, tous consciencieusement rangés en petits rouleaux. Arrivée au fond de ce coffre, j’ai trouvé un rouleau différent des autres, enveloppé dans du papier. Que renfermait-il ? il fallait ouvrir, il fallait voir…Surprise ! Il y avait une dizaine de coiffes sarthoises, serrées les unes contre les autres, froissées, jaunies. Alors, je les ai faites tremper, je les ai délicatement lavées, séchées et repassées comme j’ai pu…. Elles sont simples, en tissu très fin, joliment brodées, blanc sur blanc. Ont-elles été portées par ma grand-mère ? plus certainement par mon arrière-grand-mère. A présent, elles font partie de mon intérieur, en quelque sorte, elles revivent.