Encore un peu de rouge pour ce soir, à table !
Je vous écris un peu tard ce soir et naturellement, je pense dîner. Pour revenir aux voyages, je suis à Lyon et après avoir déambulé dans les traboules en écoutant les histoires des canuts, je vous propose de nous retrouver dans un petit bouchon avec les nappes à carreaux rouges et blancs si célèbres. Ambiance chaleureuse, dégustation garantie de bons petits plats maisons, décor soigné on ne peut oublier une soirée dans ces bonnes adresses lyonnaises. Cela a été le premier grand Tour de Fil O Maine !
Cela me conduit tout naturellement à vous parler du vichy. Je l’avais déjà évoqué avec la robe de Brigitte Bardot lorsque je vous ai parlé de rose mais ici, je vous raconte le rouge.
Il s’agit en apparence d’un tissu très simple ; des fils s’entrecroisent blancs et rouge et forment à leur intersection, une couleur renforcée ou éclaircie.
Un tissage toile, des fils pré teints et c’est parti pour un décor raffiné et intemporel. Grands carreaux, petits carreaux, une petite rayure et voila des coordonnés tous prêts.
Il me semble vraiment que ce tissu est une petite madeleine, une nouvelle fois. Il règne dans nos souvenirs de vieux cafés d’antan, des tables recouvertes de la toile cirée, les tasses en « arcopal » pour un café sans fin, des petits ballons de rouge pour un peu de lien social
Ce tissu travaillé dans la région de Vichy dans l’Allier, est au départ un tissu de travail.
Nous voyageons, souvenez vous : nous sommes au XIXème siècle, et les voyages sont signes d’appartenance à une bonne société. En 1863, Napoléon III vient soigner sa goutte et ses rhumatismes. Il vient accompagné d’une cour nombreuse et parfois …très proche. Sa réputation de séducteur n’est plus à faire. Lors de l’un de ses voyages, il visite la Filature GRIVAT qui travaille ces matières. Et voilà, l’engouement pour ce tissu est lancé avec des couleurs roses, lilas, jaunes….
L’activité va perdre de son intensité pour laisser cette toile devenir une petite toile quotidienne et pas chère. Sa fabrication est simple et elle va rentrer dans les maisons sous la forme des tabliers, des nappes, des serviettes… L’image d’une cuisine raffinée s’associe peu à peu jouxtant cette déjà évoquée du bistrot des coins de rues ou les nappes cirées voient passer des générations de clients.
Ce vichy est une matière mondiale : je vous l’avais dit, nous voyageons. Ce motif est présent dans bien des pays. Il prend même des lettres de noblesse en Indonésie par exemple, lorsqu’on s’en sert pour entourer les arbres et les statues vénérables. Il est alors en noir et blanc.
Revenons à notre rouge : je me souviens aussi d’une vitrine dans l’exposition Histoire de Mode de Christian Lacroix rue de Rivoli. Une vitrine était consacrée aux carreaux. Une magnifique vitrine présentait des œuvres de Yamamoto mais je vous en parlerai plus tard, ainsi qu’un ensemble vichy rouge de Comme un Garçon et la collection des Bump Dress.
https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/expositions/expositions-terminees/christian-lacroix-histoires-de-532/
Comment la haute couture peut reprendre un motif très simple, voir oublié pour le transcender. Et bien ici, il s’agit d’un partenariat entre Tati, célèbre magasin parisien que nous avons tous connu. « La démarche a dynamité le monde du luxe: en 1991, le couturier Azzedine Alaïa a présenté pour sa maison une collection en toile de bâche vichy de Tati en dessinant en contrepartie sac, T-shirt et espadrilles pour l’enseigne populaire française. qui a lancé une collection avec le grand couturier Azzedine Alaia »… je vous laisse lire la suite
https://www.challenges.fr/economie/alaia-et-tati-quand-le-luxe-s-est-taille-dans-une-bache-vichy_661391
Quelle classe ce rouge : passer de l’emballage du saucisson, voire de la madeleine à la Haute Couture en étant toujours à sa place : il m’impressionne !
Voilà encore un voyage au pays du Rouge plein de fantaisies et d’audaces.
Et pour vous, quelles images vous reviennent lorsqu’on parle de vichy rouge ?