Vert

METTONS NOUS AU VERT

METTONS NOUS AU VERT – 1

 Jan van Eyck, 1434 ( National Gallery, Londres).

Depuis le temps que je vous en parle, je vous invite à voir les prochains jours en vert. C’est finalement une entrée difficile car tellement liée à la nature. Je me souviens d’un bouddha en jade que l’on m’avait offert, première incursion du vert dans ma vie. Etant jeune, nous ne portions pas ou peu de vert. Ce n’était pas une couleur « portable, elle donnait mauvaise mine » : comme s’il n’existait qu’un vert unique ! Lorsqu’on regarde nos jardins, quelle palette…

Je me suis rattrapée ensuite lorsqu’en choisissant une tenue pour m’habiller avec ma première paie à 16 ans, je choisis un pull vert assez vif et un pantalon bleu foncé. J’aimais beaucoup cette association. Et là, on me dit que cela ne se faisait pas, ce n’était pas possible sans plus d’arguments !

J’étais habillée en Rothko avant l’heure…

J’en ai souvent parlé autour de moi et nombre d’entre vous se souviennent de ces associations impossibles. Ces impossibles c’était aussi lorsque j’ai acheté ma 2nde tenue quelques temps après et voulant sortir du bleu marine que j’ai habité durant au moins 10 ans, je prends un pantalon rouge et un gilet jaune : nouveau scandale revécu encore lorsque j’ai adoré porter du rose et du orange. Ensuite, j’étais définitivement fichue et incorrigible ! Lorsque je vois ce tableau de Van Eyck que vous pouvez voir à la National Gallery de Londres, je trouve pourtant que la robe de velours de Madame Arnolfini avec ses ruchés est magnifique et pétillante de vie : ce vert aurait-il été choisi pour parler de la grossesse à terme et de la naissance à venir ?

La couleur est utilisée depuis longtemps, nous le verrons mais il est vrai que peindre un tissu vert, ne se retrouve pas si souvent.

Regardez cette vierge à l’enfant de Solario (XVIè) visible au Louvres : le velouté sur lequel est posé l’enfant donne un côté rassurant, confortable. Le peintre a-t-il voulu évoquer la vie à venir de cet enfant, véritable pari ? Vous remarquerez aussi combien le vert fait écho à la verdure de l’arrière plan.

Le vert porte cette ambivalence d’évoquer à la fois la campagne, mais aussi la mort, le destin, le tapis vert des tables de jeux mais avant cela, c’était aussi l’herbe du pré sur lequel se faisait les tournois, les terrains de sport et les duels. On comprends tout de suite le risque à porter du vert ! Et puis, le vert porta aussi dans son histoire sa composition. Fait à partir d’une teinture qui contient de l’arsenic, les vêtements verts empoisonnaient à petite dose ceux qui les portaient durablement. Souvenons nous aussi combien la teinture verte est difficile à tenir durablement : regardez certaines tapisseries anciennes qui semblent bleuies dans les feuillages car le vert à disparu.

Nous entrons dans un domaine aux multiples définitions car, comme pour la plupart des couleurs, il y a des entrées positives et des entrées plus négatives.

Dans le jeu des entrées négatives, j’évoquais les tapis de jeu et ce matin, j’ai entendu parler du billet vert : le dollar et le prix du pétrole dans une actualité qui nous laisse sans voix. Les ressources de notre terre ne valent plus rien…mais cela est une autre histoire.. Si on pense actualité, des entreprises ont versé des dividendes à leurs actionnaires ces jours-ci. Or les conseils d’administration se sont longtemps réunis autour d’un tapis vert dit-on. Mais terminons cette page sur les risques des joueurs peints sur ce tableau de Jean Pierre DUBUC.