Blanc

BLANC

BLANC

Et oui il est temps d’ouvrir un autre chapitre de notre voyage au pays des Couleurs. Catherine, dans son texte délicat sur le Jaune vous a parlé du travail d’une artiste qui m’impressionne beaucoup mais que j’avais réservé pour la couleur BLANCHE : Anne Eva BERGMAN. Belle transition !
Sur des toiles, elle mélange les feuilles de métal à la peinture, rendant ainsi son style inclassable. Les feuilles de métal peuvent être dorées ou argentées.  Son oeuvre s’inspire des couleurs de sa Norvège natale, son épure traduit son approche philosophique et la qualité de son travail prouve son exigence et sa maîtrise des matériaux.  

 

Il s’agit des œuvres de la maturité, l’aboutissement d’années de recherches. A la fois artiste, elle est aussi artisan d’art dans sa manière de mêler les matières, son fini extraordinaire, incomparable.
Le blanc ici, blanc de la matière, évoque la simplicité, la paix, une évidence naturelle. 
 

Si on parle Blanc, je pense aussi à ces falaises de craie d’Etretat. Mais ne vous y trompez pas : cette seconde photo ci-dessus, n’est autre que les strates d’un bénitier, vous savez ces grands coquillages !  Celui-ci est installé à l’entrée de l’église de Fécamp. Magnifique travail de la nature qui nous conduit immédiatement à l’oeuvre de Simone Pheulpin que j’ai eu l’honneur d’exposer plusieurs fois sur Le Mans.
Regardez ces vidéos : vous l’entendrez et verrez comment elle travaille.
Cette artiste a inventé son style, sa technique. Personne avant elle, n’avait travaillé ainsi des bandes de tissus. Tout ce que vous verrez qui y ressemble, n’est souvent qu’une copie de ses recherches personnelles.

https://www.youtube.com/watch?v=gG7YXFekRS8
ET               https://www.youtube.com/watch?v=1EDWE9G1-v4


Ce travail est silencieux et présent. 

Ses textures sont denses, tactiles, présentes. Une rétrospective de son oeuvre a été présentée à la Chapelle Expiatoire à Paris en 2017.

Elle était étonnée de voir tout ce public admiratif de son oeuvre. Elle n’en revenait pas des gens qui s’arrêtaient pour lui parler. Des centaines de personnes  attendaient pour entrer et elle me disait son étonnement… Ses sculptures sont aussi naturelles qu’elle. On se perd dans la matière, les circonvolutions des strates.

Le lendemain, nous avions vu l’extraordinaire exposition sur Dior rue de Rivoli. Une salle était consacrée au Blanc. Il s’agit cette fois de prendre cette toile toute simple et d’en faire les patrons, les modèles pour la coupe. Ensuite, ils seront ajustés et utilisés pour les modèles en haute couture.  Pièce raffinée et pourtant …simple !

 
C’était en décembre et la halle du Musée des Arts Décoratifs a servi d’écrin pour cette présentation des modèles Dior : extraordinaire, magique, féerique ! Plus un bruit dans cet espace malgré les centaines de personnes présentes…

Ces ambiances blanches me font penser aussi au film culte « 2001, l’Odyssée de l’espace » et sa scène finale. Enfermé dans cette pièce pour l’éternité : le blanc est la couleur du froid, du vide, de la solitude tout autant que de l’éternel. Durant des siècles, nous naissions dans des draps blancs et étions vêtus de blanc à la naissance puis, nos linceuls étaient blancs : est là un rapport à l’éternité ?

Nous verrons dans les jours qui viennent combien cette couleur est aussi variée dans ses concepts, ses sens et nous pouvons vraiment la regarder à travers beaucoup d’aspects différents. 
Nous ne travaillerons pas sur l’idée que le blanc n’est pas une couleur puisqu’il s’agit alors d’une approche physique et moderne de la conception de la couleur. On peut retenir que lorsque je vous ai parlé de l’art pariétal en présentant le jaune, il y avait aussi des couleurs blanches posées sur ces parois terreuses. La question du blanc étant une couleur incolore viendrait, selon l’historien des couleurs Michel Pastoureau, de l’utilisation du papier, support à nos écritures, qui est lui-même blanc. Le support ne peut être une couleur donc, le blanc n’est plus une couleur.