Catégorie : Blanc

  • LLOYD WRIGHT, RICCIOTTI, PORTZAMPAC…

    BLANC

    Tant de symbolique dans cette couleur. Je vous ai parlé d’architecture à travers les bâtiments de Niermeyer et son couloir de nacre immaculée.

    Je connais d’autres bâtiments pour lesquels la couleur blanche est partie intégrante de l’architecture :
    L’arbre blanc de Montpellier concu par l’architecte Sou Fujimoto :
    https://www.18h39.fr/articles/cet-immeuble-residentiel-de-montpellier-a-ete-elu-le-plus-beau-du-monde.html

    Je pense aussi à d’autres bâtiments :

    Le Musée Guggenheim à New York, de Franck Lloyd Wright.

    La spirale vous donne accès à différentes salles d’exposition sans contrainte physique telles que les marches. Vous êtes aspiré par les œuvres sans entrave. Vous pouvez visiter en montant ou en descendant. Le blanc des murs forment un écrin neutre pour les œuvres.
    Architecte : Franck Lloyd Wright.

    Le dernier projet de l’architecte Franck Lloyd Wright en Arizona :

    Le cabinet de Portzamparc a aussi blanchi le chai du vignoble bordelais : Le Cheval Blanc et travaillé la couleur tant à l’extérieur qu’en design intérieur : 

    Vous connaissez aussi le Mucem de Marseille . Son architecte Rudy Ricciotti a aussi travaillé sur la fondation Cocteau à Menton :

    Le Pavillon blanc à Colomiers du même architecte.

    On ne présente plus le Taj Mahal :

    Cette construction nous ramène à l’art textile. Ce magnifique bâtiment a inspiré le travail de Yannick, exposé lors de la manifestation Architextur’Elles en 2014. Les sculptures, les détails sont autant de broderies, de points et de matières à interpréter..

    A vos aiguilles…

    agences Sou Fujimoto Architects, Laisné-Roussel et OXO Architectes
    https://www.18h39.fr/articles/cet-immeuble-residentiel-de-montpellier-a-ete-elu-le-plus-beau-du-monde.html

  • CHIHARU SHIOTA

    CHIHARU SHIOTA

    Dans l’article précédent, je vous ai présenté un extrait du roman de Zola : Au Bonheur des Dames. Il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour parler des expositions des grands magasins. A travers ces événements, les enseignes cherchent aussi à se créer une autre image, celle de mécènes, une image culturelle…
    C’est ainsi qu’en 2017, j’avais accompagné un groupe pour une exposition de cette artiste textile Chiharu SHIOTA au Bon Marché à Paris. 
                                                 
    Texte Nathalie Morgado pour Point contemporain © 2017 :

    Peintre de formation, elle souhaitait s’affranchir du cadre restrictif de la toile, ressentant le besoin de s’exprimer davantage à travers son tissage, désirant dessiner dans l’espace. Lorsqu’elle compose ses installations, elle considère que c’est son œil qui peint. Pour Le Bon Marché Rive Gauche, elle a choisi d’exposer deux créations : l’une composée de fils de cotons blancs reliés entre eux, une autre composée de structures métalliques légères, évoquant des bateaux dont la coque est constituée également de fils blancs. 
    La symbolique du blanc est importante pour l’artiste car cela symbolise pour l’artiste la pureté et l’idée d’un nouveau départ. La technique est simple puisqu’il s’agit de relier une ligne l’une après l’autre et s’apparente pour elle à un genre de méditation. Les lignes entremêlées symbolisent l’univers mais aussi les relations humaines complexes et évoquent le système nerveux du cerveau. 
    Chirahu Shiota aime voir la surprise des visiteurs. En effet, elle a également composé son installation de façon à ce que ceux-ci s’imaginent marcher sous l’eau. Leur étonnement et leur ravissement la rend heureuse.
    La deuxième installation composée de bateaux est située sous les verrières du magasin. Les bateaux sont disposés en grappes comme s’ils allaient sortir par  la verrière. Les bateaux servent à transporter les gens et pour Chirahu Shiota cela constituait la métaphore parfaite de l’espoir, de l’avenir. Prendre le bateau c’est partir à la découverte de la vie sans savoir qu’elle est la destination, la faute à un monde incertain (d’où l’interrogation contenue dans le titre : Where are we going ? Où allons-nous ? »)
                  
    Nous nous sommes promenées dans sa Vague, nous avons pris le bateau de nos rêves, nous sommes parties en voyage. Tout est suggéré, pas de bord, pas de limite. Juste une structure métallique suggère la forme sur laquelle est accroché une cascade de fils de coton blanc. 
    La matière est rassurante, ce fil de coton nous est familier. Nous sommes à la fois pris dans les fils et rassurés par cette structure. 
    L’idée de voir les bateaux accrochés en l’air est fascinante. Un bateau est une identité solide, étanche, marine donc en rapport avant la terre, en aucun cas aérienne. Voir les bateaux accrochés en l’air évoque les déplacements du magicien d’Oz. Les fils ne forment pas une protection étanche. Cependant, nous partons en voyage dans un univers poétique. On peut aussi penser à la fragilité des bateaux de migrants, en partance pour d’ autres voyages.

    Installée sur toute la hauteur du magasin, nous pouvons nous promener sur les galeries, appréhendant l’installation sous toutes ses faces.
    L’artiste construit des espaces, que l’on peut appréhender… ou pas. Il me semble qu’elle nous laisse nous approprier le propos. Lorsqu’elle enferme des éléments dans ses fils, elle propose une façon de relier nos souvenirs, de continuer à les faire vivre sans les enfermer. C’est une construction de notre jardin intérieur. 
    Pour en savoir plus : 
  • AU BONHEUR DES DAMES – ZOLA

    AU BONHEUR DES DAMES

    Lorsque nous étions adolescents, nous lisions, grâce à l’école, des classiques. Je vous ai présenté aujourd’hui des poèmes  restés enfouis au fond de ma mémoire et de mes classeurs. Ce journal est l’occasion rêvée pour mettre les choses en ordre. Un livre est toujours resté très présent et à contribué à ma découverte du textile : Au Bonheur des Dames de Zola. Il parle du blanc, de la lingerie, des magasins comme personne. Voici les extraits du chapitre 14  ou la répétition du mot Blanc permet de dynamiser les présentations. 
    « En bas, enfin, l’exposition de blanc prenait, au fond des vitrines, une intensité de ton aveuglante. Rien que du blanc, un trousseau complet et une montagne de draps de lit à gauche, des rideaux en chapelle et des pyramides de mouchoirs à droite, fatiguaient le regard ; et, entre les « pendus » de la porte, des pièces de toile, de calicot, de mousseline, tombant en nappe, pareilles à des éboulements de neige, étaient plantées debout des gravures habillées, des feuilles de carton bleuâtre, où une jeune mariée et une dame en toilette de bal, toutes deux de grandeur naturelle, vêtues de vraies étoffes, dentelle et soie, souriaient de leurs figures peintes. Un cercle de badauds se reformait sans cesse, un désir montait de l’ébahissement de la foule.[…]

    Ce qui arrêtait ces dames, c’était le spectacle prodigieux de la grande exposition de blanc. Autour d’elles, d’abord, il y avait le vestibule, un hall aux glaces claires, pavé de mosaïques, où les étalages à bas prix retenaient la foule vorace. Ensuite, les galeries s’enfonçaient, dans une blancheur éclatante, une échappée boréale, toute une contrée de neige, déroulant l’infini des steppes tendues d’hermine, l’entassement des glaciers allumés sous le soleil. On retrouvait le blanc des vitrines du dehors, mais avivé, colossal, brûlant d’un bout à l’autre de l’énorme vaisseau, avec la flambée blanche d’un incendie en plein feu. Rien que du blanc, tous les articles blancs de chaque rayon, une débauche de blanc, un astre blanc dont le rayonnement fixe aveuglait d’abord, sans qu’on pût distinguer les détails, au milieu de cette blancheur unique. Bientôt les yeux s’accoutumaient : à gauche, la galerie Monsigny allongeait les promontoires blancs des toiles et des calicots, les roches blanches des draps de lit, des serviettes, des mouchoirs ; tandis que la galerie Michodière, à droite, occupée par la mercerie, la bonneterie et les lainages, exposait des constructions blanches en boutons de nacre, un grand décor bâti avec des chaussettes blanches, toute une salle recouverte de molleton blanc, éclairée au loin d’un coup de lumière. Mais le foyer de clarté rayonnait surtout de la galerie centrale, aux rubans et aux fichus, à la ganterie et à la soie. Les comptoirs disparaissaient sous le blanc des soies et des rubans, des gants et des fichus. Autour des colonnettes de fer, s’élevaient des bouillonnés de mousseline blanche, noués de place en place par des foulards blancs. Les escaliers étaient garnis de draperies blanches, des draperies de piqué et de basin alternées, qui filaient le long des rampes, entouraient les halls, jusqu’au second étage ; et cette montée du blanc prenait des ailes, se pressait et se perdait, comme une envolée de cygnes. Puis, le blanc retombait des voûtes, une tombée de duvet, une nappe neigeuse en larges flocons : des couvertures blanches, des couvre-pieds blancs, battaient l’air, accrochés, pareils à des bannières d’église ; de longs jets de guipure traversaient, semblaient suspendre des essaims de papillons blancs, au bourdonnement immobile ; des dentelles frissonnaient de toutes parts, flottaient comme des fils de la Vierge par un ciel d’été, emplissaient l’air de leur haleine blanche. Et la merveille, l’autel de cette religion du blanc, était, au-dessus du comptoir des soieries, dans le grand hall, une tente faite de rideaux blancs, qui descendaient du vitrage. Les mousselines, les gazes, les guipures d’art, coulaient à flots légers, pendant que des tulles brodés, très riches, et des pièces de soie orientale, lamées d’argent, servaient de fond à cette décoration géante, qui tenait du tabernacle et de l’alcôve. On aurait dit un grand lit blanc, dont l’énormité virginale attendait, comme dans les légendes, la princesse blanche, celle qui devait venir un jour, toute puissante, avec le voile blanc des épousées. […]

    Elles ne se lassaient pas de cette chanson du blanc, que chantaient les étoffes de la maison entière. Mouret n’avait encore rien fait de plus vaste, c’était le coup de génie de son art de l’étalage. Sous l’écroulement de ces blancheurs, dans l’apparent désordre des tissus, tombés comme au hasard des cases éventrées, il y avait une phrase harmonique, le blanc suivi et développé dans tous ses tons, qui naissait, grandissait, s’épanouissait, avec l’orchestration compliquée d’une fugue de maître, dont le développement continu emporte les âmes d’un vol sans cesse élargi. Rien que du blanc, et jamais le même blanc, tous les blancs s’enlevant les uns sur les autres, s’opposant, se complétant, arrivant à l’éclat même de la lumière. Cela partait des blancs mats du calicot et de la toile, des blancs sourds de la flanelle et du drap ; puis, venaient les velours, les soies, les satins, une gamme montante, le blanc peu à peu allumé, finissant en petites flammes aux cassures des plis ; et le blanc s’envolait avec la transparence des rideaux, devenait de la clarté libre avec les mousselines, les guipures, les dentelles, les tulles surtout, si légers, qu’ils étaient comme la note extrême et perdue ; tandis que l’argent des pièces de soie orientale chantait le plus haut, au fond de l’alcôve géante.« 
    On peut parler d’une véritable mise en scène du blanc, magnifié pour les besoins du roman. Octave MOURET qui a crée le magasin sanctifie les matières en parlant d’autel, de tabernacle. Il  consacre ses affaires en les purifiant de blanc, se refait une image virginale. La symbolique du blanc ici est celle de la pureté, de l’immaculée.

  • SOUVENIR de BLANC

    SOUVENIR de BLANC

    Aujourd’hui, je pense souvenirs. C’est l’effet de Pâques qui approche peut être. Pour ce jour là, je vous propose  raconter vos souvenirs liés à ce rituel : vous m’envoyez votre texte par mail afin que je le mette en ligne.
    Pensant à ces images, il m’est revenu le souvenir d’un manteau rouge que je quittais ce jour-là car nous arrivions aux beaux jours. Il était magnifique ce manteau que je portais fièrement,  bordé d’un col de cygne : je garde intact le souvenir de cette douceur, de cette chaleur.

    Tout naturellement, j’entends ce poème de Sully Prud’homme :

    Le cygne



    Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,

    Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,

    Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil

    A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;

    Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
    Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
    Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
    Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
    Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
    Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
    Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
    Il serpente, et laissant les herbages épais
    Traîner derrière lui comme une chevelure,
    Il va d’une tardive et languissante allure ;
    La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
    Et la source qui pleure un éternel absent,
    Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
    En silence tombée effleure son épaule ;
    Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
    Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
    Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
    La place éblouissante où le soleil se mire.
    Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
    A l’heure où toute forme est un spectre confus,
    Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
    Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
    Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
    Et que la luciole au clair de lune luit,
    L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
    La splendeur d’une nuit lactée et violette,
    Comme un vase d’argent parmi des diamants,
    Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.

    René-François Sully Prudhomme, Les solitudes
    Mais j’ai aussi envie de vous proposer ce texte court et magnifique, collecté il y a………lors du Printemps des Poètes de Hamid Tibouchi :

                  

    D’UNE BLANCHEUR À L’AUTRE


    A une semaine à peine
    du premier jour du printemps
    le pommier gavé de neige
    converse avec Brancusi ou Mondrian
    De la tardive blancheur humide


    à celle étonnante de tiédeur parfumée
    bientôt il éclatera de mille fleurs
    blanches un peu rosées

    Offrant à nos yeux
    fatigués de l’hiver
    l’éblouissement ensoleillé
    de la Merveille renouvelée
    Hamid Tibouchi – 
    Extraits de « Riens », inédit

    Dans mes classiques, j’ai aussi retrouvé La Symphonie en Blanc Majeur de Théophile GAUTIER, véritable ode aux éléments blancs :

    Symphonie en blanc majeur


    De leur col blanc courbant les lignes,
    On voit dans les contes du Nord,
    Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes
    Nager en chantant près du bord,

    Ou, suspendant à quelque branche
    Le plumage qui les revêt,
    Faire luire leur peau plus blanche
    Que la neige de leur duvet.

    De ces femmes il en est une,
    Qui chez nous descend quelquefois,
    Blanche comme le clair de lune
    Sur les glaciers dans les cieux froids ;

    Conviant la vue enivrée
    De sa boréale fraîcheur
    A des régals de chair nacrée,
    A des débauches de blancheur !

    Son sein, neige moulée en globe,
    Contre les camélias blancs
    Et le blanc satin de sa robe
    Soutient des combats insolents.

    Dans ces grandes batailles blanches,
    Satins et fleurs ont le dessous,
    Et, sans demander leurs revanches,
    Jaunissent comme des jaloux.

    Sur les blancheurs de son épaule,
    Paros au grain éblouissant,
    Comme dans une nuit du pôle,
    Un givre invisible descend.

    De quel mica de neige vierge,
    De quelle moelle de roseau,
    De quelle hostie et de quel cierge
    A-t-on fait le blanc de sa peau ?

    A-t-on pris la goutte lactée
    Tachant l’azur du ciel d’hiver,
    Le lis à la pulpe argentée,
    La blanche écume de la mer ;

    Le marbre blanc, chair froide et pâle,
    Où vivent les divinités ;
    L’argent mat, la laiteuse opale
    Qu’irisent de vagues clartés ;

    L’ivoire, où ses mains ont des ailes,
    Et, comme des papillons blancs,
    Sur la pointe des notes frêles
    Suspendent leurs baisers tremblants ;

    L’hermine vierge de souillure,
    Qui pour abriter leurs frissons,
    Ouate de sa blanche fourrure
    Les épaules et les blasons ;

    Le vif-argent aux fleurs fantasques
    Dont les vitraux sont ramagés ;
    Les blanches dentelles des vasques,
    Pleurs de l’ondine en l’air figés ;

    L’aubépine de mai qui plie
    Sous les blancs frimas de ses fleurs ;
    L’albâtre où la mélancolie
    Aime à retrouver ses pâleurs ;

    Le duvet blanc de la colombe,
    Neigeant sur les toits du manoir,
    Et la stalactite qui tombe,
    Larme blanche de l’antre noir ?

    Des Groenlands et des Norvèges
    Vient-elle avec Séraphita ?
    Est-ce la Madone des neiges,
    Un sphinx blanc que l’hiver sculpta,

    Sphinx enterré par l’avalanche,
    Gardien des glaciers étoilés,
    Et qui, sous sa poitrine blanche,
    Cache de blancs secrets gelés ?

    Sous la glace où calme il repose,
    Oh ! qui pourra fondre ce cœur !
    Oh ! qui pourra mettre un ton rose
    Dans cette implacable blancheur !
























  • NATTIER, GERVEX, MORISOT, DEGAS .

    NATTIER, GERVEX, MORISOT, DEGAS… 

    Nicole nous a raconté les souvenirs de la couturière de son enfance. On entend dans son récit combien le blanc parle de l’image que l’on va donner de soi à travers les vêtements que l’on porte. On le voit dans les tableaux ci-dessous entre représentation sociale et travail. Bien sûr, on pourrait montrer tant d’autres exemples….
    Elle a mis en valeur le tableau de Whistler. Pour ma part, le blanc des textiles me conduit tout de suite vers le Musée Jacquemard André à Paris dans le Salon des Peintures. Nous sommes accueillis par le portrait  de Françoise-Renée de Canisy, Marquise d’Antin.

    Ce tableau révèle toute la délicatesse de la peinture du XVIIIe. L’innocence du modèle, la fraîcheur et les joues rosées nous préparent à la suite de la visite, nous débarrassent de nos oripeaux pour entrer dans un autre monde. Le grain du taffetas de la soie est magnifiquement rendu, avec ses reflets, les crissements que l’on entend au moindre mouvement. Les manches traduisent le mouvement. Les jeux d’ombres et de lumières parlent des volumes de la robe et donnent la profondeur car ombré à gauche du tableau. C’est un moyen délicat de nous suggérer qu’elle est à l’ombre d’un arbre, d’une colline…
    Les gris bleutés et rosés du ciel font éclater encore davantage le blanc de la robe. La guirlande de fleurs rappelle la jeunesse. Le carnation très blanche de la poitrine et du coup sont aussi délicats.
    C’est la première image qui m’est venue en tête en lisant ton texte, Nicole. Mais ensuite d’autres tableaux se sont imposés, plus tardifs.
    Tout d’abord celui de Gervex  Rolla de 1878.
    Ce tableau parle de la relation entre un jeune bourgeois ou aristocrate (chapeau melon sur le fauteuil) et une prostituée. La positions sociale de la femme est dévoilée par la nature morte en bas à droite du tableau : les vêtements ont été défaits à la hâte et son tombés par terre, en désordre. C’est un sujet hautement scandaleux pour l’époque. Les nus jusqu’ici ont été acceptés dans la mesure ou ils parlaient de mythologie. Cette scène est érotique et retirée du Salon de l’Académie ou le peintre avait pourtant une position. 
    Regardez tous le travail sur les blancs dans ce tableau : les draps semblent de toile fine et délicate, la chemise de l’homme brille sous le rayonnement du jour qui pointe, la chemise de coton finement froncée au sol, la doublure du corset posée sur le fauteuil, les taies volantées de dentelles presque transparentes, la lumière sur les carreaux de la fenêtre… Et puis, ce décor urbain à l’arrière, flouté, suggéré seulement joue avec la lumière : moderne pour son temps !
    Pour peindre cette toile, GERVEX s’est inspiré d’un poème d’Alfred de Musset de 1833 ! Un homme ruiné regarde Marion, femme d’une nuit.
    Rolla considérait d’un oeil mélancolique
    La belle Marion dormant dans son grand lit ;
    Je ne sais quoi d’horrible et presque diabolique
    Le faisait jusqu’aux os frissoner malgré lui.
    Marion coûtait cher. Pour lui payer sa nuit,
    il avait dépensé sa dernière pistole. 
    Ses amis le savaient. Lui-même, en arrivant,
    Il s’était pris la main et donné sa parole
    que personne, au grand jour, ne le verrait vivant.

    […]

    Quand Rolla sur les toits vit le soleil paraître, 
    Il alla s’appuyer au bord de la fenêtre.
    De pesants chariots commencaient à rouler.
    Il courba son front pâle, et resta sans parler. 

    De là, il n’y a qu’un pas à franchir pour penser à Berthe MORISOT avec La Jeune Fille au Miroir
    mais il y a aussi le Berceau, la Psyché…..


    A MANET et sa Nana

    Et aussi Le Repos, le Balcon dont je vous ai parlé à la rubrique Le Balcon, toujours de Manet…
    Cette époque nous fournit tant d’exemples : RENOIR et sa Danse à la ville entre autres, et les Souliers de Eva GONZALES :


    On ne présente plus le travail de Degas sur les danseuses. Issu d’une famille de mélomanes, il fréquente très tôt l’opéra et les concerts. Dans ces tableaux, il cherche à rendre le quotidien des danseuses, ce n’est plus la représentation. Sa série sur les cours, montrent le travail, les entraînements. Regardez la peinture des tutus : on voit les superpositions de voiles, de tulle, les ombres, la raideur et les volumes.

    La Classe de danse de DEGAS
    Version moderne, voici une exposition sur les costumes de théatre au théatre National de Bordeaux en 2012. Les tutus étaient bien mis en valeur, montrant le rythme qu’ils impriment dans le spectacle. 

     Exposition Tutus
    Grand Théâtre de Bordeaux – Juillet 2012



  • BLANC du Japon

    BLANC du Japon

    Nous avons commencé à parler de la neige et les exemples ne vont pas manquer. Cette année, le thème de travail proposé à l’atelier était le Japon. Nous ne pouvons pas ignorer le travail autour de la neige fait sur les estampes du XIXe et qui ont fait fureur à leur arrivée en Europe. 
    Hiroshige et son Paysage de neige : on entend les sons ouatés des marcheurs, l’ambiance est plombée, la neige est lourde et immaculée. Peu de traces sinon celles de ces marcheurs, pas d’oiseaux, personne n’est sorti. Les trois taches bleues et orangée donnent de la vie à ces nuances de gris, rythment la composition. Le flanc de la montage, crée une synecdoque qui prolonge le décor, élément de composition récurent dans l’art japonais. Les arbres sont immobiles, pas de vent, tout est statique dans ce paysage : le seul mouvement est donné par les personnages. Ceux de droite semblent avancer péniblement. 

    Dans ce paysage là, Hiroshige reprend le thème de la vie quotidienne, comme dans toutes ces estampes. C’est ce que l’on appelle Ukiyo-e ou « images du monde flottant ». On dessine le quotidien, véritable reportage de l’époque. Pas de représentation impériale, juste tout un chacun. C’est aussi novateur. Ici, on voit les marcheurs qui traversent le pont. Notons qu’ils vont tous vers la gauche : nous sommes en Asie ! Les arbres sont blanchis traduisant cet effet de neige. On aperçoit aussi au loin, les flocons dans le ciel, confirmant la météo. Une nouvelle fois, peu de bruit, pas d’agitation, les personnages avancent, pas de conversation. 
    Parler d’estampes sans citer Hokusai serait une erreur : personnage central dans ce mouvement japonais; ces estampes sont connues dans le monde entier grâce à son travail autour du Mont Fuji entre autres. Ici, c’est plutôt une description de l’architecture qui est mise en valeur, les constructions de bois, le palais entouré des petites habitations. Regardez l’échelle entre le bâtiment et les personnages en noir sur le chemin. On sait qu’il s’agit d’une résidence impériale. La neige ici est représentée par des flocons dans le ciel, mais aussi sur l’eau. Cela n’était pas le cas dans le travail d’Hiroshige.

    Ce ne sont pas des estampes mais on ne peut oublier ce travail de peinture de Jakuchu (1716 – 1800).
    Pour la première fois, ils ont été exposés au Petit Palais à Paris en 2017. Il s’agit d’un ensemble de 30 rouleaux de soie peintre « Images du royaume coloré des êtres vivants ». Il dépeint tous les animaux vues ou connus, véritable encyclopédie naturaliste. On entend ici le rouge-gorge chanter, la neige tomber et les bruits des branches qui ploient sous le poids. Il s’agit de peinture sur soie !!!

  • BLANC Russe de Elisabeth et Christian

    BLANC russe de Elisabeth et Christian

    Un voyage,
    Une image
    Un paysage…
    Tout de blanc vêtu..

    Le Lac Baïkal lors du voyage en Russie.

    Quelle surprise le matin de notre retour en train vers Irkoutsk d’être témoins d’une tempête de neige sur la taïga et le lac Baïkal ! Le blanc rendait ces paysages encore plus grandioses et nous étions fascinés.

    Pour ce voyage quelques livres nous ont inspirés : 

    En Sibérie de Colin Thuron ed Folio 
    Voyage aux confins de la taïga de Geraldine Berard et Valérie François éd Transboreal 
    Par les volcans du Kamtchatka de Julie Boch et Emeric Fisset éd Transboreal 

    Et bien d’autres livres depuis :

    Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson 
    L’archipel d’une autre vie de Andrei Makine…. 

  • BLANC Musical de Christiane

    BLANC Musical de Christiane

    C’est un peu tardivement aujourd’hui que je vous écris.
    Mais l’intention reste la même ! Je vous parle de blanc.
    Nous avons évoqué la neige à travers les tableaux de Monet, Sisley… et Christiane me soumet deux musiques qu’elle associe à ces ambiances :

    Il s’agit de deux pièces de C. Debussy : Nuages  dont le compositeur dit : » c’est l’aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages finissant dans une agonie grise, doucement teintée de blanc.  »      
    et les Pas sur la Neige
    Calme et méditation à tous !
  • Neige

    NEIGE

    Les paysages de neige sont inspirants, sujets à beaucoup de recherches sur les couleurs.

    Pour ma part, j’ai toujours une émotion devant ce Sisley qui semble dessiné rapidement, au rythme du froid qui pénètre les doigts gelés du peintre, précis et efficaces. L’arbre est posé, statique revêtu de son manteau d’hiver. Les oiseaux chantent la saison, donnent de la vie. On entend le silence de cette campagne, de bout de village. Les tons sont chauds.

    Et puis Sisley, c’est aussi cela :

    Ce tableau de La Neige à Louveciennes : le silence de ce personnage qui rentre dans le village, à l’abri entre le mur de pierre et la haie, les arbres chargés de blanc, le ciel prometteur d’autres couvertures neigeuses. Il règne dans ces tableaux un grand silence, un grand calme. Sur le tableau de droite, c’est le même silence, mais deux personnages semblent discuter au centre du tableau. La composition est différente, les gammes de couleurs aussi. Le ciel semble se dégager : on n’est pas au même temps et on peut penser que les averses sont loin. Les arbres apparaissent en contraste ainsi que les tâches bleues du ciel. L’hiver s’offre une bouffée de chaleur !
    Brigitte nous a parlé de la Pie de Monet. Pour ma part,  j’aime aussi ce travail de Monet  » Environs de Honfleur ».
    La palette de bleue et une pointe de jaune donne le rendu neigeux et la lumière de ce tableau.
    Les exemples ne manquent pas de paysages neigeux en peinture. 
    Le Musée des Beaux Arts de Grenoble possède sur ses cimaises quelques tableaux remarquables également : 

    Les tableaux de Laurent Guetal sont précis, tout aussi calmes et apaisants. La palette est plus sourde mais on entend la neige crisser sous les pas. La lumière du ciel est rosée, l’averse neigeuse pas loin, et chacun est rentré chez soi dans cette attente. Le peintre fait partie de l’école Dauphinoise, des peintres fin XIXe spécialisés dans la peinture de la montagne. Ici, c’est plus l’élément neige qui est représenté. 

     Si vous y allez, vous verrez également ce merveilleux tableau de 1750  de Francesco FOSCHI : Paysage montagneux sous la neige. Ce peintre italien semble n’être connu que pour ses paysages hivernaux.

    Nous sommes dans une autre période, la neige est plus lisse et les rendus très classiques. Les personnages sont animés, le paysage grandiose.

    Si nous revenons à notre médium textile, nous pouvons rapprocher ces paysages des œuvres d’Alison HOLT, travaillées à la machine à coudre, broderie piqué libre.

     

    Les couleurs, les ambiances et les textures des paysages hivernaux sont bien là !

    Je vous laisse méditer devant ces travaux  et vous retrouve demain pour de nouvelles aventures autour du blanc. Et vous, quel est votre blanc ? N’hésitez pas à m’envoyer par mail vos suggestions et je les ferai paraître ici.
    Rappel du mail : atelier@degenevieve.fr

    Belle journée.

  • La Pie de Monet par Brigitte

    La Pie de Claude MONET – 1868 1869

    Ce tableau pourrait ressembler à un camaïeu de blanc. La neige recouvre entièrement un paysage simple : un champ, une barrière, des arbres, un toit et le ciel. Il y a en effet plusieurs nuances de blanc, mais si on regarde plus attentivement, le blanc laisse place à toutes les couleurs. Monet expérimente la couleur avec des ombres bleutées. La lumière du soleil est percée d’ocre et de mauves tandis que le toit de la maison est rempli de gris.
    La lumière du tableau provient du soleil, caché derrière le brouillard et les nuages. Monet utilise le blanc de la neige comme miroir pour la lumière. Les rayons du soleil sont les plus vifs à l’endroit où Monet a posé son sujet principal : la pie.
    Pour Brigitte qui vous propose cet article, ce tableau est un espace de méditation. 
    Il fait partie de mon panthéon de blanc également.