Blanc

CHIHARU SHIOTA

CHIHARU SHIOTA

Dans l’article précédent, je vous ai présenté un extrait du roman de Zola : Au Bonheur des Dames. Il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour parler des expositions des grands magasins. A travers ces événements, les enseignes cherchent aussi à se créer une autre image, celle de mécènes, une image culturelle…
C’est ainsi qu’en 2017, j’avais accompagné un groupe pour une exposition de cette artiste textile Chiharu SHIOTA au Bon Marché à Paris. 
                                             
Texte Nathalie Morgado pour Point contemporain © 2017 :

Peintre de formation, elle souhaitait s’affranchir du cadre restrictif de la toile, ressentant le besoin de s’exprimer davantage à travers son tissage, désirant dessiner dans l’espace. Lorsqu’elle compose ses installations, elle considère que c’est son œil qui peint. Pour Le Bon Marché Rive Gauche, elle a choisi d’exposer deux créations : l’une composée de fils de cotons blancs reliés entre eux, une autre composée de structures métalliques légères, évoquant des bateaux dont la coque est constituée également de fils blancs. 
La symbolique du blanc est importante pour l’artiste car cela symbolise pour l’artiste la pureté et l’idée d’un nouveau départ. La technique est simple puisqu’il s’agit de relier une ligne l’une après l’autre et s’apparente pour elle à un genre de méditation. Les lignes entremêlées symbolisent l’univers mais aussi les relations humaines complexes et évoquent le système nerveux du cerveau. 
Chirahu Shiota aime voir la surprise des visiteurs. En effet, elle a également composé son installation de façon à ce que ceux-ci s’imaginent marcher sous l’eau. Leur étonnement et leur ravissement la rend heureuse.
La deuxième installation composée de bateaux est située sous les verrières du magasin. Les bateaux sont disposés en grappes comme s’ils allaient sortir par  la verrière. Les bateaux servent à transporter les gens et pour Chirahu Shiota cela constituait la métaphore parfaite de l’espoir, de l’avenir. Prendre le bateau c’est partir à la découverte de la vie sans savoir qu’elle est la destination, la faute à un monde incertain (d’où l’interrogation contenue dans le titre : Where are we going ? Où allons-nous ? »)
              
Nous nous sommes promenées dans sa Vague, nous avons pris le bateau de nos rêves, nous sommes parties en voyage. Tout est suggéré, pas de bord, pas de limite. Juste une structure métallique suggère la forme sur laquelle est accroché une cascade de fils de coton blanc. 
La matière est rassurante, ce fil de coton nous est familier. Nous sommes à la fois pris dans les fils et rassurés par cette structure. 
L’idée de voir les bateaux accrochés en l’air est fascinante. Un bateau est une identité solide, étanche, marine donc en rapport avant la terre, en aucun cas aérienne. Voir les bateaux accrochés en l’air évoque les déplacements du magicien d’Oz. Les fils ne forment pas une protection étanche. Cependant, nous partons en voyage dans un univers poétique. On peut aussi penser à la fragilité des bateaux de migrants, en partance pour d’ autres voyages.

Installée sur toute la hauteur du magasin, nous pouvons nous promener sur les galeries, appréhendant l’installation sous toutes ses faces.
L’artiste construit des espaces, que l’on peut appréhender… ou pas. Il me semble qu’elle nous laisse nous approprier le propos. Lorsqu’elle enferme des éléments dans ses fils, elle propose une façon de relier nos souvenirs, de continuer à les faire vivre sans les enfermer. C’est une construction de notre jardin intérieur. 
Pour en savoir plus :