Orange

Couleurs d’automne

 Couleurs d’automne par Annie Leroy

Avec l’arrivée de l’automne, les températures baissent et les jours raccourcissent. Les arbres vont devoir se protéger pour subsister pendant l’hiver. Il n’y aura plus assez de lumière pour produire la chlorophylle dont ils ont besoin au quotidien. Ils vont alors secréter une substance, genre liège, qu’ils vont stocker à la base de leurs pétioles, pour empêcher la sève de nourrir les feuilles et ainsi bloquer la production de chlorophylle. Plus de vert dans les feuilles, elles nous révèlent alors leurs autres couleurs qui étaient masquées par le pigment de la chlorophylle.

 

Ce pigment de la chlorophylle est indispensable pour tirer l’énergie de la lumière solaire par la photosynthèse. La couleur verte résulte du fait que la feuille absorbe les radiations rouges et bleues de la lumière, réfléchissant les vertes. Avec l’hiver qui arrive, l’arbre va donc se mettre en dormance, il ralentit son métabolisme et interrompt la photosynthèse. La chlorophylle devient inutile, des enzymes s’activent pour démolir ces grosses molécules, qui quittent les feuilles avec la sève pour être stocker dans le tronc, les branches ou les racines. Elles y attendront le printemps. C’est alors qu’apparaissent les autres pigments présents dans la feuille mais beaucoup plus petits et qui se trouvaient masqués : les carotènes oranges, et les xanthophylles jaunes. Ces molécules participent également à la photosynthèse. Leurs mélanges forment ainsi une infinité de nuances orangées.

Lorsque le « petit bouchon de liège » de la feuille est étanche, l’arbre a récupéré tout ce qui lui était indispensable pour passer l’hiver, la feuille n’est absolument plus nourrit. Les cellules meurent, la feuille dessèche, elle devient brune, elle est morte et le moindre petit coup de vent brise l’attache fragile et la fait alors tomber ou s’envoler.

             

Certains arbres se teintent de rouges, tels les érables, les sumacs. Ils arborent en plus des teintes orangées, de flamboyantes couleurs de feu. Pourquoi ces couleurs? Les botanistes se posent encore des questions. Est-ce pour prévenir les parasites qui voudraient y trouver refuge pour l’hiver? La couleur rouge les en dissuaderait car elle indique la présence de toxines, riches en phénol. Une autre explication serait que ces couleurs renfermant des anthocyanines qui ont un puissant pouvoir antioxydant protègent les feuilles des dégâts du soleil une fois que la chlorophylle a été détruite. Ces anthocyanines sont une famille de pigments rouges, violets et bleus . Contrairement aux carotènes et aux xanthophylles, qui sont toujours présents dans la feuille, ceux-ci sont expressément produit à l’automne, lors de cette période de transition, avant la chute des feuilles.

Après cette phase de préparation à résister aux assauts de l’hiver, la paradormance, l’arbre va entrer en endormance, phase où il n’aura plus aucune croissance. Tout le monde sait que pendant cette phase d’endormance l’arbre n’est absolument pas mort, mais savez vous qu’il met toute son énergie à se protéger contre le gel, dans les bourgeons, les branches, le tronc et les racines. Il fabrique de « l’antigel », il répare les dommages si besoin, et prépare l’arrivée des beaux jours.