Catégorie : Vert

  • Petit conte en vert de Lily de Périgueux

    Petit conte en vert 

    de Lily de Périgueux

    Se mettre au vert.
    Je vais me.
    C’est bien le moment.
    Dans mon jardin je robinsonne.
    Pendant ce temps la glycine 
    de mon voisin
    s’enlace à mon rosier 
    et fleurit entre ses branches.
    De peur qu’il ne la taille 
    j’ai demandé à mon voisin 
    de laisser l’amour s’épanouir.
    Peut-il l’avoir compris comme
    Une déclaration de ma part?
  • FEUILLE DE CHOU – 1

    FEUILLE DE CHOU – 1

                          

    Je vous l’ai déjà dit : l’art de la table est un sujet qui m’intéresse. Aussi, lorsque je présente le vert, je pense tout de suite à la vaisselle Chou, véritable madeleine de mon enfance.
                                       
    Ce type de vaisselle nous viendrait du XVIIIe, directement inspirée des porcelaines de Meïssen.
    En effet, à cette époque, les trompe-l’œil, terrines en forme de gibier, assiettes remplies de fruits et légumes font fureur prolongeant sur la table, les décors entrevues lors des chasses. 
    Le contenant prolongeait le contenu, lui créait un écrin. 
    Mais, il faut savoir que la vaisselle figurée est encore plus ancienne. Lorsqu’on parle de ce type de vaisselle, on ne peut oublier les Rustiques Figulines de Bernard Palissy. Si vous ne les connaissez pas et que vous passiez soit par Ecouen, soit par Lens, arrêtez vous : vous allez les reconnaître tout de suite.
      
    Bernard Palissy est le céramiste du XVIe. Il a fait beaucoup de recherches pour trouver la recette de la porcelaine sans y parvenir. Mais il a découvert des glaçures formidables, encore source de curiosités, et on commence à découvrir ses recettes. Son savoir-faire pour les moulages est aussi source d’intérêt majeure. Vous verrez les différentes couleurs, les grains sur les différents animaux, les formes bien reconnaissables. Huguenot, il est pourchassé, échappe de peu à la St Barthélemy, est protégé par la Reine puis finira embastillé. 
                                       

    En voyant cette vaisselle, cela me rapproche du monde vu par le peintre Arcimboldo. Je ne vous en parle pas davantage, puisqu’Annie l’a fait dans son article sur le vert. 

    Revenons à notre vaisselle chou. Il est attesté qu’on la retrouve au domaine de Sceaux au XVIIIe par le récit d’une historien, l’Abbé Le Boeuf.
    Actuellement, le Portugal est le producteur de ce type de vaisselle et je crois même, qu’il est l’exclusif centre de fabrication de ce type de produits. Peut être aussi la Chine, allez savoir ….

    Pour ma part, je possède quelques pièces de ce type de vaisselle et je vous assure qu’elles stylisent une table, elles mettent en appétit car amuse votre regard, intriguent. Une table avec cette vaisselle est presque familière, rustique mais raffinée en même temps.

  • LE VERT DES SARDINES

    LE VERT DE 2 SARDINES – 1

    Je dis vert et je pense au vermeil
    vérité première ; sans verbiage
    Sans  être verbeux, j’essayerai la versification
    Avant, boire un verre, essayer le vertugadin
    ou la baguette verte.
    Cette vérité me donne le vertige et Vercingétorix
    En aurait eu le vertigo sur son alezan
    Envers et contre tous…
    Mais tournons la page, arrivons au verso
    Je vais poser la vermille
    Je n’attraperai pas de vermine
    Je me mettrai sous la véranda car
    Il pleut à verse, je vais donc prendre
    de la vergeoise, en fabriquer des verrines
    Celles-ci ne seront pas vermiculées
    et n’auront  besoin de vérins
    Elles ne seront pas vermeilles
    Je pourrais leur ajouter un peu de verjus
    Afin d’obtenir un véritable goût
    A la  couleur pas du tout vermeil
                                       
    Jean-Claude
    Je dis vert
     et je verse ma conversation véritable
     sous couvert de vérité
     à la version versatile d’un vertébré,
     vermisseau ou verrat. Nul ne m’y verra.
    Je dis vert…
    Arriver au verset couvert de vers verts.
    La verveine véhicule le vernaculaire vers la véranda.
    Le vermicelle dans la verdure devient verdâtre.
    Le verger verdoyant vérifie le verdict de la verrière.
    Je dis vert.  
    Vers toi avec ma valise de vers !
    Vivre sa vie de véritable voyageuse invisible !
    Francesca
  • LE VERT d’Annie

    LE VERT d’Annie

  • Confiné, confiné….

    Confiné, confiné….

    Depuis ce confinement, j’ai retrouvé le temps : on ne court plus, on reste là plutôt qu’ailleurs, on regarde autour de soi, on range et on fait peau neuve. J’ai aussi renoué avec le téléphone et les conversations avec mes amies sans chronomètre. Est ce aussi cela le début de l’Après ?
    Et puis, les nouvelles occupations : sollicitée par mon amie Nicole dont vous avez certainement lu les textes, je fais des exercices d’écriture. Que dis-je !!! Des jeux dans un groupe d’écriture. Je suis impressionnée par le talent de leurs mots et ne pensais jamais faire de tels jeux. Et pourtant, j’aime ces mots, j’aime les lire, j’aime le vocabulaire textile si dense, si précis, si varié (une idée pour une prochain atelier  d’écriture ?) ….Bref, me voici embarquée dans l’aventure des « Sardines Frayeuses ».
    A chaque rencontre virtuelle, Nicole nous propose des jeux d’écriture : et elle ne manque assurément pas d’idées…
    Et nous avons 30 minutes pour écrire un petit quelque chose : pas facile pour moi. La barre est haute et je n’ai pour moi, que mon plaisir de relever le défi. Allons, aucun risque si ce n’est de se décevoir soi-même. Jouons donc !
    Avec leur accord, je vais vous livrer leurs mots sur le vert durant la semaine. A tout seigneur, tout honneur, je commence aujourd’hui par un texte (hors concours !) de Nicole. 

    Et vous qu’auriez vous dit ?

  • MISE AU VERT

    MISE AU VERT

    Lorsque je parle VERT, je pense à différents tableaux qui m’ont enthousiasmée. Je pense tout d’abord au tableau de Corot : 

    C’est l’un des premiers peintres de l’extérieur. Il participe à la création de l’école de Barbizon car il peint souvent dans la forêt de Fontainebleau. Dans ce tableau, regardez le travail de l’herbe : nous sommes presque dans la suggestion, pas de figuration pure. Il fait passer l’émotion avant le motif, tente de donner un instantané, et non pas d’obéir purement à la forme. 

    Si nous remontons le temps, j’ai eu le plaisir de croiser des tableaux lors d’expositions de Hubert ROBERT. Comment ne pas l’associer à cette couleur : 


    Il fait partie des peintres du paysage, représentant du XVIIIe et d’un gout pour l’antique, les décors bucoliques. Que reste-t-il de ce parc actuellement ? Il serait intéressant de retrouver la position et comparer les points de vue…
    En regardant ces tableaux, n’oublions pas que la couleur verte est instable, difficile à travailler et coûteuse. 

    La palette de vert est grande et, pour nous, il est naturel de disposer de ces tons ou de les obtenir en mélangeant jaune et bleu. Nous sommes en cela, les héritiers des études de Chevreul. Pour apprécier ces couleurs des époques classiques, replongeons nous dans un contexte où ces notions n’existent pas encore. 
    Si on parle d’études sur la couleur, on est amené à penser aux travaux des pointillistes et le représentant le plus emblématique Seurat. Les vibrations des couleurs créent une nouvelle teinte. Pour moi, ce sont des tableaux techniques, sans émotion, conçus pour appréhender d’une nouvelle façon le travail des couleurs. 

    Il existe bien d’autres tableaux de ces peintres : je vous montre ici ce qui me touche et que je remarque en pensant vert. Liste non exhaustive bien entendu…
  • Là où œuvre la chlorophylle de Catherine Robert

    Là où œuvre la chlorophylle

    « Mon ami, cependant, marchait un peu en retrait de moi quand, soudain, je sentis comme un air
    frais envahir la salle, et, par mes poignets et mes chevilles m’enveloppant tout entier, pénétrer
    enfin mes poumons après avoir dilaté mes narines. Me retournant alors je vis mon ami, agenouillé
    près de la porte-fenêtre qu’il venait seulement d’entrouvrir. Il avait changé d’apparence et tenait
    en main des pinceaux. On eût dit un moine en prière, quelqu’un comme Fra Angelico. À l’aide de
    quelques taches de peinture il s’efforçait de caler la fenêtre pour l’empêcher de se fermer. Une
    sorte de pureté chlorophyllienne, voilà ce qui en résultait, les pavés du Carrousel nous envoyaient
    aussi leurs effluves. Je reconnus Olivier Debré »

    Pour Olivier Debré, L’Atelier contemporain, Francis Ponge, 1963

     Rouge en tache bleue, traces vertes, Olivier Debré, 1993

    Assise sur un banc de pierre sable, décoloré par les années, elle balaie, de son index, les traces
    brunies de leur maturité, récemment encore noyées par les averses. Des unes, reste un damier
    bistre, des autres, une rouille de lichens ou encore une fadeur sombre. Elle murmure «Mon cœur»,
    «Anarchie» en suivant du regard les lignes brisées tel un étain qui tirerait vers un bleu terne. Elle
    déchiffre un «pour», un «toujours» et elle soupire. Faut-il repenser toutes les amitiés ? Dans la
    montée en clair-obscur, des femmes bavardent, duo magenta-prune tandis qu’un citron – papillon
    mâle printanier – voltige de l’olivier bicolore au laurier-tin dont les baies violacées l’émeuvent. Elle
    diffère l’instant qui lui ferait répondre à ses questions et s’absorbe dans la contemplation du vert-
    jaune des gousses de la coronille glauque, fruits absurdes comme des phalanges anis qu’un
    plaisantin aurait articulées au sein de la masse végétale pendant que le vent, chargé des fragrances
    du tilleul, chatouille ses samares rousses comme un poil d’écureuil, lui chatouille les cheveux
    qu’elle a teints en auburn, chatouille les abeilles qui butinent de sauge en lavande. L’œil d’un
    peintre graverait les sensations, il étalerait sur la palette, le bronze, le pastel et l’acajou. Elle n’en a
    que faire et poursuit le sentier sous le plafond arboré. Les effluves éclairent la gamme chromatique
    de leur puissance et toilettent les feuilles à la face claire presque chlorosée et la face vert
    émeraude où œuvre la chlorophylle, insensible à la tonalité des affaires humaines.

    Jardin de Nîmes, avril 2020
    Catherine Robert, le 24/04/2020
  • DOM ROBERT

    DOM ROBERT

    J’ai eu le plaisir de découvrir et faire découvrir les œuvres de DOM ROBERT cette année à l’Abbaye Ecole de Sorrèze.

    Dom Robert a créé des tapisseries « mille-fleurs » modernes. Je connaissais son travail sur les livres et autres supports. Une nouvelle fois, la curiosité m’a fait penser qu’il fallait voir : ce fut une révélation réellement !
    De ce peintre, je ne retiens pas le vert bien que je vous en parle aujourd’hui. Mais, il y a dans son travail sur la nature, une place à ce moment là.
    Je retiens tout d’abord ses dessins, ses croquis sur place, ses promenades matinales pour s’imprégner de la nature, Regardez :

    Chacune de ses tapisseries nous fait entrer dans un pré, dans un monde bucolique, nous remet au centre de la nature. Mais, les animaux nous regardent : sommes nous les spectateurs ou les acteurs ? 
    Les tapisseries sont de grandes tailles : nous sommes totalement immergés dans l’atmosphère. 
    La palette de couleurs est fine et subtile, elle est riche et les passages de tons magnifiquement réalisés par l’atelier de tapissiers. 

    Ici, je vous présente les tapisseries plus « vertes » mais ses travaux sont nombreux  : allez voir, c’est une expérience à vivre. Sa formation aux Arts Décoratifs se sent dans son coup de crayons pour créer des formes, des sujets à partir de ses promenades matinales. 
    C’est aussi une mine pour les brodeuses : êtes vous là, amies brodeuses ? 
    Allez vous vous en inspirer ?

  • ENCORE UN VERT

    ENCORE UN VERT

    Habitant dans l’ouest de la France, si on parle vert, on associe cette couleur à un peintre originaire de la Mayenne, Douannier Rousseau.
    Ce personnage autodidacte, a réussi à créer son style sans avoir jamais bougé, créer des campagnes  jamais vues, créer des ambiances exotiques imaginaires… Son style s’est affirmé dans un monde hostile, il croyait en sa peinture et le temps lui a donné raison. Issu d’un milieu modeste, il finit par s’imposer aux plus grands et par exposer au Salon des Indépendants parmi les plus illustres : Delaunay, Derain, Matisse et Picasso…. sans oublier Apollinaire. 
     « Ses trente nuances de vert de ses forêts inextricables, où se mêlent sans souci de vraisemblance le houx, le cactus, le paulownia, le marronnier, l’acacia, le lotus ou le cocotier… » disent les moqueurs qui vont finir par se familiariser avec ces paysages. Il y a comme une âme d’enfant dans ses tableaux, un quelque chose de familier qui fait ressurgir en nous, un regard tendre et parfois amusé mais jamais moqueur. 

     Les animaux sont copiés sur les modèles du jardin d’acclimatation à Paris. Ils imaginent pour eux des paysages oniriques ou perspective et dimension ne sont plus le sujet.

    Ici, l’ambiance est plus raisonnable. Il a peint l’Octroi, lieu où il travaille. La scène est un peu figée.
    Parlons de sa palette : le vert s’obtient en mélangeant les pigments jaunes et bleus : 

    Blanc d’argent, bleu d’outremer, bleu de cobalt, bleu de prusse, laque fixe, ocre jaune, noir d’ivoire, rouge de Pouzzoles, terre de Sienne naturelle, terre d’Italie naturelle, jaune de Naples, jaune de chrome (cf: Jean Bouret, Henri Rousseau, Ides et Calendes Neuchatel)


    Si vous passez par Laval, allez le saluer : il est enterré au Jardin de la Perrine et sur sa tombe, vous verrez un épitaphe écrit par son ami Apollinaire. 
  • LES MATIERES DU VERT

    LES MATIÈRES DU VERT 

    Le vert est présent dans le monde de l’art depuis les origines. On n’en trouve pas de traces dans l’art rupestre, mais en Mésopotamie, les personnages sur les céramiques, sont habillés de vert. Il semblerait à ce jour qu’on ne connaisse pas la composition de ce vert. 
    En Egypte, le vert est la couleur de la renaissance : les cultures renaissent suite à l’inondation du Nil. 
    Sur les tombes égyptiennes, on trouve des traces de malachite moulue venant du désert  du Mont Sinaï. Osiris, souverain des enfers, est représenté avec le visage vert car il est en bonne santé et symbole de la renaissance. Dans les tombes, on déposait des palettes de maquillages facial vert, afin que les défunts soient protégés du mal.
    Chez les Grecs, le vert et le bleu sont la même couleur. Aristote considère que cette couleur se situe entre le blanc et le noir et ne figure pas dans sa classification des couleurs qui comporte le bleu, le jaune, le rouge, le noir et le blanc.
    Chez les Romains, le vert est attribué à Vénus, déesse des jardins, des légumes et des vignes. On retrouve cette couleur sur les murs de Pompéi comme ci-dessous. Mais pas seulement là, cette couleur est présente sur d’autres villes romaines. Le pigment vert-de-gris est fait de cuivre trempé dans la fermentation du vin. 


    Si vous passez par Murano, allez voir les collections anciennes de verres : vous verrez également nombre d’objets pour la table ou la parfumerie, teintés de vert.

    Pour les textiles, nous savons que la teinture verte est difficile à réussir et faire tenir durablement. La Joconde est habillée de vert. En effet, au XVIe, on commence à produire une bonne teinture verte en teignant d’abord le tissu dans le pastel puis on le jaunit dans le reseda. 
    Pour la peinture, nous l’avons vu : fermentation du cuivre dans des cuves, malachite finement broyée et ensuite la terre de Vérone fréquemment employée en sous-couche. Il est intéressant de savoir que le vert est très souvent employé en sous-couche à la Renaissance pour peindre les visages, donnant au rose un ton plus vrai. Le rose s’estompe avec le temps et les visages nous semblent verts actuellement.

    Le XVIIIe est le siècle de la revanche du vert : méprisé, instable, ne faisant pas partie des couleurs comme nous l’avons vu avec le classement d’Aristote, Newton lui rend une place par sa découverte du spectre.

    Il nous faut attendre le XIXe pour obtenir des colorants et pigments plus stables et brillants. Seul souci : leur composition forte en arsenic !

    Au XXe, nouveau souci pour le vert : on sait que la théorie des couleurs les classe en couleurs primaires et en couleurs secondaires. Hélas, le vert fait partie des secondaires. De nouveaux penseurs de la couleur décident alors de n’utiliser que des couleurs pures. Exit le vert obtenu à partir d’un mélange de bleu et de jaune. Relégué en couleur secondaire, certains dans le Bauhaus par exemple, vont le bannir de leurs travaux.

     Mais puisqu’il est est complémentaire de la couleur rouge et que celle-ci est symbole de l’interdit, on reprend le vert pour dire ce qui est possible. Logique, c’est son contraire. Alors vous passez au feu vert et vous arrêter encore actuellement au feu rouge.

    Voilà pour un court résumé des matières du vert et de son histoire. Comme souvent , elle est culturelle en fonction des époques, des pays. La couleur une nouvelle fois, est bien une idée, un concept.