LES MATIÈRES DU VERT
Le vert est présent dans le monde de l’art depuis les origines. On n’en trouve pas de traces dans l’art rupestre, mais en Mésopotamie, les personnages sur les céramiques, sont habillés de vert. Il semblerait à ce jour qu’on ne connaisse pas la composition de ce vert.
En Egypte, le vert est la couleur de la renaissance : les cultures renaissent suite à l’inondation du Nil.
Sur les tombes égyptiennes, on trouve des traces de malachite moulue venant du désert du Mont Sinaï. Osiris, souverain des enfers, est représenté avec le visage vert car il est en bonne santé et symbole de la renaissance. Dans les tombes, on déposait des palettes de maquillages facial vert, afin que les défunts soient protégés du mal.
Chez les Grecs, le vert et le bleu sont la même couleur. Aristote considère que cette couleur se situe entre le blanc et le noir et ne figure pas dans sa classification des couleurs qui comporte le bleu, le jaune, le rouge, le noir et le blanc.
Chez les Romains, le vert est attribué à Vénus, déesse des jardins, des légumes et des vignes. On retrouve cette couleur sur les murs de Pompéi comme ci-dessous. Mais pas seulement là, cette couleur est présente sur d’autres villes romaines. Le pigment vert-de-gris est fait de cuivre trempé dans la fermentation du vin.
Si vous passez par Murano, allez voir les collections anciennes de verres : vous verrez également nombre d’objets pour la table ou la parfumerie, teintés de vert.
Pour les textiles, nous savons que la teinture verte est difficile à réussir et faire tenir durablement. La Joconde est habillée de vert. En effet, au XVIe, on commence à produire une bonne teinture verte en teignant d’abord le tissu dans le pastel puis on le jaunit dans le reseda.
Pour la peinture, nous l’avons vu : fermentation du cuivre dans des cuves, malachite finement broyée et ensuite la terre de Vérone fréquemment employée en sous-couche. Il est intéressant de savoir que le vert est très souvent employé en sous-couche à la Renaissance pour peindre les visages, donnant au rose un ton plus vrai. Le rose s’estompe avec le temps et les visages nous semblent verts actuellement.
Le XVIIIe est le siècle de la revanche du vert : méprisé, instable, ne faisant pas partie des couleurs comme nous l’avons vu avec le classement d’Aristote, Newton lui rend une place par sa découverte du spectre.
Il nous faut attendre le XIXe pour obtenir des colorants et pigments plus stables et brillants. Seul souci : leur composition forte en arsenic !
Au XXe, nouveau souci pour le vert : on sait que la théorie des couleurs les classe en couleurs primaires et en couleurs secondaires. Hélas, le vert fait partie des secondaires. De nouveaux penseurs de la couleur décident alors de n’utiliser que des couleurs pures. Exit le vert obtenu à partir d’un mélange de bleu et de jaune. Relégué en couleur secondaire, certains dans le Bauhaus par exemple, vont le bannir de leurs travaux.
Mais puisqu’il est est complémentaire de la couleur rouge et que celle-ci est symbole de l’interdit, on reprend le vert pour dire ce qui est possible. Logique, c’est son contraire. Alors vous passez au feu vert et vous arrêter encore actuellement au feu rouge.
Voilà pour un court résumé des matières du vert et de son histoire. Comme souvent , elle est culturelle en fonction des époques, des pays. La couleur une nouvelle fois, est bien une idée, un concept.