Catégorie : Le confinement

  • En avant la Zizique Verte –

    Mon confinement a consisté, entre autres, à vous parler chaque jour. J’ai mis de l’ordre dans mes couleurs et avec certains d’entre vous, nous avons échangé, beaucoup partagé des émotions, des idées, des moments. Tout n’est pas publié mais je vous remercie de ces beaux échanges sincers et profonds. Les essentiels deviennent évidents, plus de place pour le superflu.
    Je vais bien entendu continuer à vous parler, à ranger mes couleurs et serai ravie que vous me suiviez et continuiez à échanger, écrire, proposer. Le déconfinement veut aussi dire que les activités vont reprendre et je ne pourrai donc pas venir chaque matinée auprès de vous. Alors, vous pouvez vous abonner : ainsi vous saurez dès qu’un nouvel article paraîtra. 
    J’attends aussi vos courriers aux artistes qui vous sont chers, vos photos de vos réalisations, vos textes sur les sujets proposés, vos suggestions si vous voulez que nous abordions d’autres thèmes. Au programme, dans ma phase rangement des idées, j’aimerai vous parler du rouge, des gammes orangées et enfin du noir. Ensuite, bien d’autres rangements seront à faire : les rayures, les ronds, les lignes…. et plus tard, j’aimerai aussi ranger par sujet : portraits, paysages, les architectures ….Bon, nous verrons de quoi sera fait notre avenir mais vous avez une idée de ce qui vous attend si vous êtes partants sans engagement sur le rythme. 
    Pour faire la transition entre le vert et le rouge, je voudrais m’asseoir un peu avec vous, un verre de Chartreuse à la main ou une menthe à l’eau en écoutant quelques musiques et manger un kiwi juteux, une salade verte et des courgettes.
                                   
     
    Nous n’avons pas beaucoup abordé la musique sur le thème du vert. Mais, nous avons cependant quelques petits éléments à ne pas oublier. Cela commence par la Souris verte de notre enfance et son Petit Ver de Terre sujets à tant de mimiques. 
    J’ai aussi entendu la chanson du Magicien D’Oz dans le spectacle musical éponyme de 2011  adaptée du film de 1939 
    Dans ma boîte verte, j’ai aussi à écouter un tube de Pierre PERRET : Vert de colère
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre,
    Cette jolie terre
    Que nos pères, nos
    grands-pères
    Avaient su préserver
    Durant des millénaires.
    Les rivières écument.
    Les usines fument.
    Les moutons mangent leurs papas
    Changés en granulés.
    Les déchets ultimes,
    La vache folle en prime,
    Sont un p’tit cadeau du ciel
    De nos industriels.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    De Brest aux Maldives,
    Vont à la dérive
    Des poubelles radio-actives
    Jusqu’au fond des lagunes
    Et, même sans tapage,
    Des maires de village
    En enterrent dans leur commun’
    Pour faire entrer des thunes.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    Les blés, les patates
    Sont bourrés d’nitrates.
    On shoote aussi bien les veaux
    Qu’ les champions haut-niveau.
    On s’fait des tartines
    Au beurre de dioxine.
    En voiture, on a l’ point vert
    Pour doser nos cancers.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    Sous la couche d’ozone,
    L’oxyde de carbone
    Tue nos forêts si précieuses
    Autant qu’les tronçonneuses.
    L’air pur s’amenuise.
    Nos sources s’épuisent
    Mais colorants, salmonelloses
    Nous font la vie en rose.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    Pour qu’y ait pas d’panique,
    Leurs poisons transgéniques,
    Ils les nomment « sciences de la vie »
    Ou « biotechnologies ».
    Leurs gènes font la nique
    Aux antibiotiques.
    Pour guérir nos infections,
    Faudra de l’inspiration.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    Tous les ans, bonhomme,
    Sept milliards de tonnes
    De gaz mortel CO2
    S’envolent dans les cieux.
    L’effet d’serre menace.
    Ça fait fondre les glaces.
    La mer monte, c’est sans danger,
    Y aura qu’à éponger.
    Je suis vert, vert, vert,
    Je suis vert de colère
    Contre ces pauvres types
    Qui bousillent la terre
    Il y a ceux qui chantent
    La chanson du profit
    Contre tous ceux qui aiment
    La chanson de la vie.
    Et puis, dans un autre registre, j’écoute aussi Eddy MITCHELL et les Yeux Menthe à l’eau
    Elle était maquillée
    Comme une star de ciné
    Accoudée au juke-box
    Elle rêvait qu’elle posait
    Juste pour un bout d’essai
    À la Century Fox
    Elle semblait bien dans sa peau
    Ses yeux couleur menthe à l’eau
    Cherchaient du regard un spot
    Le dieu projecteur
    Et moi je n’en pouvais plus
    Bien sûr elle ne m’a pas vu
    Perdue dans sa mégalo
    Moi j’étais de trop
    Elle marchait comme un chat
    Qui méprise sa proie
    Où frôlant le flipper
    La chanson qui couvrait
    Tous les mots qu’elle mimait
    Semblait briser son coeur
    Elle en faisait un peu trop
    La fille aux yeux menthe à l’eau
    Hollywood est dans sa tête
    Tout’ seule elle répète
    Son entrée dans un studio
    Le décor couleur menthe à l’eau
    Perdue dans sa mégalo
    Moi je suis de trop
    Mais un type est entré
    Et le charme est tombé
    Arrêtant le flipper
    Ses yeux noirs ont lancé
    De l’agressivité
    Sur le pauvre juke-box
    La fille aux yeux menthe à l’eau
    A rangé sa mégalo
    Et s’est soumise aux yeux noirs
    Couleurs de trottoir
    Et moi je n’en pouvais plus
    Elle n’en a jamais rien su
    Ma plus jolie des mythos
    Couleur menthe à l’eau
    Source : LyricFind
    Paroliers : Claude Moine / Pierre Papadiamandis
    Et je terminerais cette promenade en lisant les vers de Rimbaud sur les couleurs : 
    Et je terminerai par ce poème de Rimbaud sur les Voyelles :

    Voyelles

    A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
    Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
    A, noir corset velu des mouches éclatantes
    Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

    Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
    Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
    I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
    Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

    U, cycles, vibrements divins des mers virides,
    Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
    Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

    O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
    Silences traversés des Mondes et des Anges :
    — O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

    Arthur Rimbaud, Poésies


  • Déconfinement par Emmanuelle DEVOS

    Nous voici au bout de ces journées de confinement. Chacun a vécu ses deux mois de façon différente mais nous sommes tous en interrogation sur l’après. Que restera-t-il ? Le monde aura-t-il changé ? Que seront nos rapports aux autres ? Comment vivrons nous les rencontres avec nos amis ? Que ferons nous ?

    Voici les réflexions sur son confinement de l’actrice Emmanuelle Devos paru dans le journal Libération : 

    Comment appréhende-t-on le passage au déconfinement ? Qu’a-ton rencontré «pendant» que l’on tient à conserver «après» ? «Libération» a posé la question à…

    Emmanuelle Devos, actrice :

    «J’ai découvert que j’étais faite pour le confinement. Et que donc, probablement, je ne me déconfinerai pas ou le moins possible. En dehors de ma famille et de quelques amis, j’ai besoin de voir peu de gens. J’habite après le Périph et, avec la réclusion obligatoire, je m’aperçois combien je suis contente de ne plus aller à Paris. Attention, ce qui se passe pour la culture est une catastrophe et on n’a pas fini d’en voir les ravages. On n’a aucune vision de rien. Je dois tourner un film cet été, on est tous dans le même bain, on ignore quand les tournages vont pouvoir reprendre, si les assurances vont accepter d’assurer. Je suis une actrice chanceuse, j’ai des beaux projets. Mais qui peuvent tout-à-fait rester éternellement en suspens. Au début du confinement, le massacre dans le champ culturel m’a énormément angoissée. Donc on allait vivre sans ? Sans perspective, sans nouveaux films, sans nouvelles pièces et ce, pendant très longtemps ? Une privation qui concerne aussi bien la spectatrice que je suis, que l’actrice. Les acteurs ont l’habitude de cette insécurité professionnelle. Quand on nous parle d’un film, on sait qu’il se tournera, s’il se tourne, trois ans plus tard. J’ai toujours vécu avec l’idée que, dans six mois, je ne travaillerai plus, qu’il faudra que j’invente autre chose.

    «C’est la période idéale pour lire, plus aucun garant moral ne nous interdit de nous allonger avec un gros bouquin l’après-midi, quand la concentration est meilleure que le soir. Je me suis attaquée à un gros morceau, Ulysse de Joyce en lisant en parallèle les Cours de littérature de Nabokov. C’est Arnaud Desplechin qui m’a donné ce tuyau en me disant : «Tu lis un chapitre et puis tu lis ce qu’en dit Nabokov. Tu fais exactement ce qu’il te dit.» Cela dit, même avec la béquille Nabokov, ça reste dur. J’ai lu Anna Karénine aussi, il était temps ! Je regarde presque un western par jour. J’adore les westerns, ce genre-roi qui contient tous les autres, la comédie, la tragédie et l’espace. On dépense moins, je continuerai à moins dépenser après le confinement, ça apaise. Je suis en train de virer drastiquement anti-consumériste. Certes, je suis privilégiée, j’ai déjà l’essentiel : un logement, de quoi m’acheter de la nourriture, et mes placards contiennent de quoi m’habiller jusqu’au restant de mes jours. J’avais développé des prémisses de cette tendance « no conso » auparavant, mais je ne les aurais peut-être pas développées à ce point : quand je me suis fait voler ma Smart pourtant bien pratique pour aller dans Paris, j’ai haussé les épaules et je me suis mise à marcher. En ce moment, on est moins vus, ce qui est également agréable. Dorénavant, et de manière encore plus consciente qu’avant, je volerai directement de chez moi aux plateaux de théâtre et tournage, sans passer par la case rencontres, mondanités et autres dîners stratégiques.»


    Et vous, comment imaginez vous le dé-confinement ?

  • 1er mai : c’était hier !

    1er mai : c’était hier !

    Pas de défilés, pas de marches dans les villes, pas de déambulations parisiennes. Alors, j’ai recherché les tableaux qui évoquaient Paris dans mon musée imaginaire. Voici la promenade que je vous propose :

    Gauguin en 1889

    Henri RIVIERE et les 36 vues en 1902

    Jean DUFY, le frère de Raoul

    Nicolas de STAEL

     Lucien GENIN,

    Les Toits de Paris de MARQUET

    Une des toiles de MONET Gare St Lazare 1877

    Monet et son Quai du Louvre 1867

    Van GOGH en 1886, Toits de Paris

    H. ROUSSEAU en 1910

    UTRILLO 1950
    Par exemple….
    Et pour vous que mettriez vous dans votre musée comme représentation de Paris ?

  • LE MARCHÉ CONFINÉ de Christine

    LE MARCHÉ CONFINÉ de Christine


    Aujourd’hui, c’est dimanche et c’est jour de marché au Mans. Voici le récit de Christine de son marché d’hier samedi. Et oui, chez nous, il y a un marché chaque jour ou presque ! 
    Samedi 25 avril
    Je reviens du marché qui peut s’apparenter à ma Bérézina personnelle, le rude climat en moins. Que je vous conte la chose!

    J’appréhende les mesures, les obligations, les barrières. Un peu énervée, quoi!  J’étais également joyeuse de retrouver peut-être, Jérôme et Monique aux légumes, Sophie au fromage et Bruno aux plantes de jardin. Et puis les producteurs de fraises et asperges de Saumur. La meilleure saison pour ça. Quand je travaillais ailleurs qu’en Sarthe, le marché de la Cité des Pins était mon premier terrain de jeu du WE et j’ai gardé l’habitude de traverser le Mans pour retrouver mon marché à moi.

    La préparation du départ est laborieuse. Mes deux paniers, j’enlève les boîtes à oeufs, avec le covid, ils n’en veulent plus, comme si j’avais la peste sur mes boîtes mais pas eux sur les leurs. Mon téléphone qui était en charge, mon porte-monnaie duquel je retire les gros billets que je suis allée retirer au distrib, les clés de voiture, ma liste d’achats. Ah zut, j’allais oublier l’attestation. J’en photocopie plusieurs… Au bout d’un quart d’heure, me voilà partie.

    Je me gare facilement. Ah ils ont confiné le marché dans un mouchoir de poche enclos comme un foirail. Ils auraient pu mettre des barrières électrifiées pour qu’on soit plus dociles.  Une file d’attente traverse la grande place laissée libre. C’est un quartier ouvrier, SNCF et Renault, à l’origine. Les gens ont pris de l’âge, ils viennent plutôt à 8h30. Pas trop de monde à 10h, presque tous masqués et à trois mètres de distance. Moi qui vais aussi au marché pour la convivialité, un petit mot avec chacun sur tout et rien, ce qui fait la Vie! Comprends pas que l’un derrière l’autre, les gens soient si éloignés… A croire qu’au Mans, le virus s’est mué en morpion qui saute d’une personne à l’autre! Au sas d’entrée, un distributeur de gel, que j’ignore. Le garde-barrière me rappelle à l’ordre. J’ai les mains propres. C’est obligatoire. Bon. J’appuie sur le poussoir (sans doute plein de covid!) et je récupère un demi-dé à coudre de gel. Puis je commence le circuit qu’ils ont conçu en mode Ikéa, sans le fléchage au sol. Sauf qu’il n’y a pas de raccourci, des luminaires à la poissonnerie.

    Monique me sert des légumes, elle porte un joli masque avec des fruits rouges tandis que Jérôme en a un avec des légumes. Je ne vois rien avec, me dit Monique, ça met plein de buée sur mes lunettes. Au moment de payer un chou pointu, de la salade et des carottes … j’ai laissé mon porte-monnaie à la maison. Ce qui peut arriver de pire dans des conditions pareilles. Jérôme me fait crédit. Je vais aller chez mes enfants qui habitent tout près emprunter de l’argent et revenir. 

    C’est long aussi de ressortir. Je passe sous une rubalise pour gagner du temps, me fait enguirlander par le garde-barrière de la sortie, prend le café chez mes enfants (avec les gestes barrière), apprend que je garde mes petits-enfants jeudi prochain -ils veulent manger poulet-lentilles- et je retourne au marché. 11h30 : La file d’attente est très longue. Auraient-ils organisé un concert de Michèle Torr? Mais moi, j’aime pas trop Michèle Torr.

    Alors je reprends ma voiture, je rentre chez moi (sans fraises, sans asperges…) et je vous raconte mon fiasco… 

    Peut-être Monika passera tout à l’heure ((gestes barrières, etc) avec une barquette de fraises achetées au Grand Frais. Là, ils distribuent des gants obligatoires à l’entrée. Comme ça, les gens déposent du covid sur les fraises avec les gants. Tout de même plus élégant… Ah, il faut que je pense à aérer mes fraises dans le jardin pour que le covid s’envole. Bien probable qu’il se réincarne en pucerons sur mes rosiers…


    Christine
  • VERT de Brigitte

    VERT de Brigitte

    Vert, vous avez dit vert…

    Je n’ai pas pu résister à prendre une photo de vert et peut être de vers aussi .
    Ce sont les nuances de vert de la « pelouse » et de gris de ma Poule-Poulette (c’est son nom) qui ont attiré mon regard.
    J’avoue qu’en vrai c’était plus évident qu’en photo.
    Je voulais montrer aussi que la NATURE n’en n’a que faire du covid et autres virus malsains. En ce moment surtout, elle se démène pour nous éblouir avec ses explosions de couleurs et ses parfums . Elle nous aide à traverser cette période grise.
    Je pense qu’il faut profiter au maximum de ces petits bonheurs quand on a la chance d’avoir des jardins et de penser à ceux qui ne peuvent y goûter .
    Zone contenant les pièces jointes
  • STRATÉGIE DE LA PEUR

    STRATÉGIE DE LA PEUR

    de Gilles CLEMENT

    Je me permets de vous mettre ce texte de Gilles CLEMENT écrit en ces temps de confinement.
    Gilles CLEMENT est un artiste-jardinier, un vrai, un amoureux de la terre, des végétaux. J’ai eu le plaisir de visiter quelques uns de ses jardins qu’il a pensé pour de grands moments de plaisirs végétaux et de pensée.  Vous le connaissez : Parc Citroën à Paris, Abbaye de Valloires en Baie de Somme, l’Arche de la Défense, les jardins du musée du Quai Branly entre autres. Cela vous dit quelque chose ?

    Je me permets de vous livrer ici sa lettre ouverte durant le confinement que vous pourriez retrouver sur son site :  http://www.gillesclement.com/cat-communique-tit-Communiques
    Lisons et réfléchissons, choisissons à demain…


    Nous ne sommes pas en guerre. Le covid nous rassemble, il ne nous divise pas. Il ne fait aucune distinction entre riches, pauvres, blancs, noirs, chômeurs ou traverseurs de rues. Mais il se présente comme un imprévisible danger à tous, un commun à partager. 

    L’imprévisible danger,- quelle que soit sa nature -, place le pouvoir en devoir de contrôle absolu et légitime sous le prétexte d’une lutte contre le danger en question. D’où le vocabulaire guerrier utilisé pour développer sans complexe une stratégie de la peur dont l’utilité politique est la soumission. Il est facile de diriger un peuple soumis, impossible de procéder de la même façon avec un peuple libre. 

    Il faut donc asservir le peuple au masque, aux gestes barrière, aux distances réglementaires et à la consommation orientée : tous les magasins sont fermés sauf les grandes surfaces. Les multinationales du pouvoir ont tous les droits, y compris ceux de la transmission du virus par inadvertance, elles agissent au nom de la « guerre » contre l’ennemi, tout peut arriver. 

    L’ennemi pour ces instances n’est pas un invisible virus, une pandémie, mais un possible accès à un autre modèle de vie. Le pire serait d’aboutir à une économie de la non-dépense. Pour elles ce serait un horrible cauchemar. Elles tentent de l’éviter à tous prix. On s’arrange pour sortir les milliards de la poche, ils reviendront. L’important n’est pas de sauver des vies mais de sauver le modèle économique ultra -libéral, destructeur de la vie sur la planète, tout le monde le sait, mais bon pour les banques. Par conséquent il convient d’assurer une stratégie d’accroissement de la peur afin d’obtenir de la plus grande majorité des habitants de la planète une soumission au mode de vie établi par le principe sacralisé de la croissance. Les médias officiels regorgent d’arguments sur ce thème, les économistes invités renforcent le discours : il n’est pas question de changer de mode de vie mais de le reprendre en douceur avec une totale fermeté, dès la fin des confinements. Le patron du Medef va jusqu’à forcer la reprise au travail qui tue avant même que s’achève la crise. Les informateurs nous préparent à cette option et seulement à celle -là : oui vous pourrez consommer, consommer, consommer, ne vous inquiétez pas, faites ce qu’on vous dit de faire. 

    Peuple obéissant nous nous masquons. Derrière ce chiffon de fortune nous affrontons sans discussion les réalités de terrain, l’abandon des services publics, le naufrage des hôpitaux, la souffrance des soignants, désormais sanctifiés alors qu’on les gazait trois mois auparavant, nous remplissons les attestations de déplacement dérogatoire en toute humilité pour acheter du pain ou de la farine pour fabriquer le pain chez soi car il faut se confiner…, nous faisons ce qu’on nous dit de faire. 

    Sans doute faut-il passer par cette case pour supporter le « pic » et entrevoir le futur en se libérant de la pandémie. Le confinement rassure ou exaspère, c’est selon, mais il joue un rôle très singulier dans la vie des humains consommateurs que nous sommes en nous obligeant à concevoir une autonomie biologique de base : comment faire la cuisine, par exemple…. Nous redécouvrons les gestes de la gestion domestique ancestrale et quasi paysanne. Ceux qui ont un jardin ont de la chance. Pour eux le confinement vacanciel devient une occasion inespérée de transformer l’espace ornemental en urgence vivrière ; l’un n’empêche pas l’autre : un potager est aussi un paysage. Quelle que soit la situation nous nous trouvons tous, – nous, passagers de la Terre-, en devoir d’inventer un nouveau mode vie : celui de la non dépendance à un service vital qui prend le risque de tomber en panne à la moindre palpitation d’un virus.

     Pour cette raison la multiplicité culturale et culturelle, la diversité variétale des espèces adaptées aux différents sols et aux différents climats du monde, la capacité pour chaque micro-région de se rendre autonome d’un point de vue de la production et de la distribution alimentaire, la diversité des structures artisanales capables d’en faire … Toutes ces perspectives se présentent à nous comme des possibilités tangibles d’affronter le futur. Cela suppose l’abandon d’un vision mondialisée des échanges où la « compétitivité » (un mot qui se bégaie à l’infini) demeure le véritable outil de guerre, car la guerre est bien là et non uniquement dans un affrontement au vivant mal connu sous une forme de virus. De cette compétitivité absurde et dangereuse naît le marché international effréné faisant circuler le soja ou l’huile de palme d’un bout à l’autre de la planète, pour des raisons douteuses et non indispensables mais qui rapportent. A-t-on jamais calculé le coût écologique d’une fraise venue d’Espagne, d’une rose venue de Colombie, d’un outil, d’un laser ou d’un bout de tissu venu de Chine ….et de tous les produits qu’il est possible de produire in situ mais que l’on fait venir de loin ? 

    Ce constat de la dépendance absurde et dangereuse risque bien sûr d’être récupéré par les nationalistes décérébrés dont la tendance est de s’enfermer sur un modèle local-réac activé par un racisme sous jacent. On ne peut extraire de leur névrose les malades qui ont une vision de l’ autre comme ennemi. Ceux-là n’ont pas compris que nous sommes dans l’espace étroit du Jardin planétaire, cette petite biosphère, nageant tous ensemble dans le même bain, celui qui nous permet de vivre. Oui, l’eau que nous buvons a déjà été bue par des plantes, des animaux et des humains avant nous. Plusieurs fois. Telle est notre condition de partage. Il en est des virus comme de l’eau ou de l’air que nous respirons. 

    Il faut reprendre donc la machine à calculer. Si l’on affecte les coûts de la réparation écologique obligatoire pour espérer pouvoir vivre demain il faut changer urgemment de mode de vie, c’est à dire de consommation, en inversant le modèle de convoitise. Ne pas forcer le « pauvre » à désirer un SUV et douze paires de baskets mais à comprendre où l’on vit et pourquoi c’est le chant des oiseaux qui nous équilibre, pas celui des pots d’échappement le long des trottoirs à joggings forcés. Est-ce envisageable ?

    Rien n’est moins sûr mais la prise de conscience venue du covid19 laisse penser aux habitants du monde entier qu’ils doivent envisager sérieusement cet autre mode vie. Les puissants de ce monde s’opposeront avec violence à cette tendance. Ils en ont déjà fait la démonstration à très petite échelle : une armée de CRS face aux zadistes de Notre Dame des Landes dont l’immense péché ne venait pas d’user de terres squattées mais d’inventer un art de vivre qui utilise la diversité sans la détruire dans une économie assumée de la non dépense… Et qui pourrait servir de modèle ! Il fallait à tout prix éteindre ce feu. 

    Mais le feu n’est pas éteint. 

    Il couve. 

    Il peut embraser les continents du futur. Non pour les achever dans la détresse des cendres mais pour les sauver de la destruction par le marché et la plonger dans la dynamique d’un re-création : réapprendre à vivre. Faudra-t-il un jour remercier les micros organismes de nous avoir ouvert les yeux ? 
    Gilles Clément
    13 avril 2020
                                         
  • RECUERDOS DE PASCUA

    RECUERDOS DE PASCUA

    SOUVENIRS DE PÂQUES

    A mon réveil, en décalage avec l’heure de la France (sept heures en moins), je me délecte en
    parcourant les souvenirs de Pâques de mes compagnes virtuelles de ce merveilleux
    « atelierdegenevieve126 ».
    Aujourd’hui lundi, j’ai eu le temps de digérer les souvenirs de ma tendre enfance et surtout les
    gourmandises de la veille.
    En lisant « Je me souviens » écrit par Geneviève, je me suis tout de suite replongée dans le
    livre de Georges Perec, « Je me souviens » et je vous livre, avec un peu de retard que je
    justifierai par ma fâcheuse tendance à la procrastination, quelques uns de mes souvenirs.

    Je me souviens de l’effervescence au réveil,
    Je me souviens de mon pyjama à rayures bleues,
    Je me souviens de la porte ouverte sur le jardin,
    Je me souviens des cloches qui rentrent de Rome,
    Je me souviens de la course effrénée avec ma sœur,
    Je me souviens de la rosée du matin dans l’herbe,
    Je me souviens des cris de surprise à chaque trouvaille,
    Je me souviens du coq perché sur la branche du sapin,
    Je me souviens de ma mère qui nous observe de la cuisine,
    Je me souviens des œufs cachés derrière les palmes,
    Je me souviens des poissons en chocolat qui frétillent,
    Je me souviens de mon frère qui me bouscule, en riant,
    Je me souviens du lapin qui nous observe du coin de l’œil,
    Je me souviens de mon panier en osier pour tout ranger,
    Je me souviens de nos éclats de rire complices,
    Je me souviens de la pêche miraculeuse en chocolat,
    Je me souviens du ruban doré de la grosse poule,
    Je me souviens du tintement des œufs dans ses entrailles,
    Je me souviens de cette joyeuse chasse aux trésors,
    Je me souviens du comptage de toute ma fortune,
    Je me souviens du praliné qui délecte mes papilles,
    Je me souviens du chocolat blanc qui fond sous ma langue,
    Je me souviens de la tête du lapin qui disparaît dans ma bouche,
    Je me souviens des œufs à la liqueur qui craquent sous mes dents,
    Je me souviens du sourire enjoué de mon père, derrière sa caméra,
    Je me souviens comme si c’était hier et peut être demain.

    Je ne saurais conclure sans féliciter Geneviève qui nous permet à toutes et à tous de tisser des
    liens de toutes les couleurs pour illuminer notre confinement et notre introspection… Merci de
    tout cœur pour ce partage et ce bonheur quotidien. Bravo pour cette belle initiative!
    Françoise CLERMONT GUILLET
    Progreso, Yucatán, MEXIQUE

    Et vous avez aussi un cadeau venu tout droit du Mexique : une chanson créée par un ami musicien de Françoise : Gerardo Aguilera, traduction de Françoise

    Chanson composée et chantée par mon ami GERARDO AGUILERA de México.
    aguilerajerry@gmail.com.
    pour écouter : AUD-20200408-WA0001.mp3

    NOUVELLE MÉLODIE
    J’ai laissé vide le vieux coffre et le tiroir
    où je gardais mes regrets,
    confondus avec les souvenirs.
    J’ai joué ma dernière carte
    pour aller mieux,
    et résultat, c’était la première
    que Dieu m’a envoyée.
    Ay, ay, ay, ay, ay
    Il y a toujours de beaux moments
    Ay, ay, ay, ay, ay
    que l’on peut vivre
    Ay, ay, ay, ay, ay
    pour échapper aux histoires
    de tristesse et de tourments.
    Je vis, chaque matin
    une nouvelle mélodie.
    A chaque moment,
    je vis une nouvelle chanson.
    Je garde seulement les moments
    qui font chaud au cœur,
    une étreinte, un sourire,
    la sincérité et l’amour.
    Je vis, chaque matin,
    une nouvelle mélodie.
    A chaque moment,
    je vis une nouvelle chanson.
    Pour le bien et le mal d’ hier,
    je remercie le ciel.
    Tout fait partie de la vie,
    tout fait partie des rêves.
    J’ai peint en blanc chaque porte et coin,
    j’ai ouvert les rideaux et les fenêtres
    de mon cœur humble.
    J’ai suivi les conseils
    qu’un petit m’a enseignés,
    quand j’ai vu que sa fortune
    était toute sa joie.

    REFRAIN Ay, ay, ay, ay, ay
    ….. tout fait partie des rêves.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    chaque jour est une nouvelle illusion,
    une nouvelle vie.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    en pardonnant et en allègeant mes bagages,
    seul m’appartient ce que je suis.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    il suffit seulement de s’éveiller
    pour voir briller la lumière du soleil.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    en dansant, en chantant, en marchant et en aimant,
    en suivant mon cœur.
    Je chante à la vie une nouvelle mélodie,
    je chante une nouvelle mélodie,
    je chante à la vie.
    Chanson composée et chantée par mon ami GERARDO AGUILERA de México.
    aguilerajerry@gmail.com

  • BLANC DE Catherine

    BLANC

    Blanc, couleur du lait, celui qu’enfant je ne buvais pas, écœurée. Les yeux au ciel
    des adultes.
    Plus tard, impossible de porter des habits blancs, à peine des corsages, chemisiers.
    Le blanc, ce qu’immanquablement on tache. Fatalité du blanc pour la femme.
    Être blanche, à Madagascar, dans l’adolescence, étrangère, déplacée. Visible.
    Incongrue. Le blanc qui dérange.
    La robe blanche, dans le livre de Nathalie Léger, celle de Pippa Bacca, dont elle
    retrace le long périple qui finit mal. Pippa a entrepris, vêtue d’une robe blanche, de
    traverser en autostop les pays en guerre pour y apporter de la paix et du lien. Faire
    confiance aux conducteurs, et rencontrer là où elle s’arrête, des femmes dont elle
    lavait les pieds en les écoutant parler de leur vie de femme. Tragique illusion du
    blanc, dans un massacre de sang.
    A Lille, plus tard, Hospice Comtesse, la réconciliation : le blanc de Safet Zec illumine,
    fascine, comme un silence immense qui réfute la blancheur : les linges blancs de
    Safet Zec ne sont pas tout à fait blancs, parce que froissés, mâchés, fripés, ridés sur
    ou dans ces lits vides, empreints d’absence et gonflés de toute une histoire qui ne se
    dit pas. Blanc d’absence, de silence, et dont la présence sensuelle est si puissante.
    Toutes les nuances de blanc, dans ces peintures qui semblent vouloir déborder le
    tableau, et que l’on croit toucher.
    Safet Zec encore, et l’homme à la chemise blanche ouverte, qui prend presque toute
    la place ; son visage estompé, effacé, sans regard ; sa tête penchée, tombante ; ses
    mains sur les hanches, comme abandonnées. De ce buste d’homme surgit le
    vêtement dont la blancheur enferme des couleurs tristes : les traces d’une vie, qu’on
    devine douloureuse ? Et s’il s’agissait du peintre ?…
    Plus loin, le voici démultiplié dans un triptyque, tout aussi privé de regard, de visage,
    tout aussi vêtu de blanc ; mains croisées, dans la geste du suppliant, une cordelette
    rouge suintant à son cou, puis assis, la tête enfouie dans un drap blanc, cette fois
    éclatant. Cet homme invisible ou absent, témoigne d’une profonde désolation dont la
    blancheur du vêtement semble seule à témoigner.
    Le blanc se fait ici l’écho de tout ce qui efface un homme.
    Le blanc se gonfle de la morsure des plaies humaines.
    Dégagé de toute pureté, le blanc dit aussi la puissance des corps, et la chair qui
    palpite sous ses plis.

    Catherine, avril confiné 2020.

  • AZUL de Françoise

    AZUL

    Dans mon pays d’adoption, depuis presque trente ans, le bleu de ma Bretagne natale devient
    « azul ». Une palette infinie de nuances bleutées se reflètent sous un soleil ardent et la
    température flirte au printemps avec les 35 degrés.
    Lorsque mon amie Geneviève m’a invitée à participer à son blog, né en plein confinement, je
    n’étais pas encore astreinte à rester chez moi, enfermée 24 heures sur 24. Je savourais encore,
    plus pour très longtemps, mes balades quotidiennes sur la plage parsemée de cocotiers,
    bercée par la brise qui rend la chaleur supportable.
    Le jour où j’ai décidé de parcourir, en quête de photos « azules » les rues de mon village de
    bord de mer, le gouvernement déclarait le confinement total. Je l’ai su, à mon retour mais les
    souvenirs teintés de bleu étaient déjà gravés dans ma mémoire. Le bleu de Progreso, à
    quelques kilomètres de la ville blanche de Mérida, dans la péninsule du Yucatan se conjugue à
    tous les temps.
    Je vous invite à savourer le bleu mexicain éclatant comme celui de la « boutique » de noix de
    cocos ou d’artisanat ou le bleu céleste du magasin de tissus La Parisienne (Parisina ), un clin
    d’œil aux artistes textiles que vous êtes.

    Après avoir marché dans les rues de Progreso, sous un soleil de plomb, vous pouvez vous asseoir sur les chaises blanches, typiques du Yucatán qui incitent aux confidences, le regard posé sur le bleu du palais municipal. Impossible de résister à une promenade sur la plage, les pieds dans l’eau, en esquivant les
    châteaux de sable. Zut, j’ai oublié que depuis le 23 mars, il est totalement interdit d’aller sur la plage, le front de mer, les places… pour cause de « confinamiento ». Heureusement, les photos sont là pour poursuivre nos errances et laisser libre cours à l’imagination.
    Françoise CLERMONT
    Depuis le Yucatan au Mexique

  • Vues du Ciel de la part de François

    Vues du ciel

    Bien entendu, le confinement est une drôle d’aventure. Mais notre planète respire un peu…

    Quelques images de nos villes :

    RENNES : https://www.youtube.com/watch?v=ClxhtHElPxc

    Nous y étions le mercredi 11 mars, et déjà, les rues étaient calmes !

    LE MANS :
    https://twitter.com/sarthefr/status/1242137808036380672?ref_url=https%3a%2f%2ffr.ouestfrance.ouestfrance%2f