Catégorie : Blanc

  • FRAGILE, SENSIBLE

    FRAGILE, SENSIBLE

    Je ne saurai quitter tout à fait le monde du blanc sans vous parler de l’émotion devant les pièces de TRAUDEL STAHL



    « Les objets délicats et légers en papier sont un défi attractif. Rien n’y contribue, l’air fait partie des oeuvres d’art, les trous soulignent la tendresse. Le blanc du papier contraste avec les matières sombres de la nature ou les pièces de fer rouillé de la casse, la légèreté contraste avec le lourd. Les œuvres sur papier respirent un esprit d’inspiration lumineuse, sont comme des êtres naturels qui fredonnent, tourbillonnent et racontent tranquillement, ils pourraient faire des sons. »

    Ces pièces aperçues au détour d’une galerie en Allemagne, sont restées ancrées dans mes yeux pour leur délicatesse, leur finesse. Une nouvelle fois, on se perd dans la matière. Le plein joue avec le vide, redéfinissant l’espace. La blancheur est une palette virginale complémentaire à la sculpture pour donner cette impression de fragilité. Cela nous ramène à la réalité de nos vies, au temps qui passe.


  • Blanche ballade de Catherine ROBERT

    Blanche ballade de Catherine ROBERT

    Signe la symbiose du ciel
    Et de la passion d’autrefois
    Nuit douce dans les ruelles
    Là où le passé se déploie
    De cela on revient – Parfois
    L’on prie pour que jamais ne croise
    De ces souvenirs qui nous noient
    Comme neige qu’on apprivoise

    Il est des prospectives, belles
    Dans le silence sur les toits
    Des esquisses teintées de miel
    Bourdonnant comme de vieux crétois
    De cela on se souvient – Coi
    Dessous le soleil qui nous toise
    Tant on ignore les pourquoi
    Comme neige qu’on apprivoise

    S’étonner après le sommeil
    D’une brume que l’on perçoit
    De flocons, de leurs ribambelles
    De lueurs et rêves de froid
    De cela on fait sien – Crois-moi
    Feu et glace s’entrecroisent
    Fondent sur nous de tout leur poids
    Comme neige qu’on apprivoise

    Nîmes – Malgré moi malgré toi
    Tes pierres me saignent turquoise
    Corail où s’oublient les abois
    Comme neige qu’on apprivoise

  • BLANC

    BLANC

    Petit retour en arrière aujourd’hui : qu’importe puisque notre temps est….suspendu pour quelques semaines encore.
    Hier, je vous ai laissé la parole. Aujourd’hui également.

    Livre d’Anne, spécialisée dans le scrapbooking, a joué sur le blanc :

     

    Christiane également, reprenant l’esprit des derniers exercices que j’ai proposé dans le cadre de l’atelier Broderie . Nous parlions Perles cette année.

    La symphonie blanche de Martine est naturelle : elle n’a pas déconfiné mais elle a juste regardé dans Son kilomètre…

    Et pour vous, qu’y a t-il dans votre kilomètre ? Quels éléments vous donnent du baume au cœur ?
    Dites le moi par mail, je publierai ensuite. 
    Partageons ces bons instants…
    Belle journée,

  • LA BOULE BLANCHE

    LA BOULE BLANCHE

    Depuis le temps que je vous le dis, je vais vraiment clore cette page blanche avec des souvenirs très forts et très liés à cette couleur.

    Tout d’abord, la musique de Sibelius pour moi, toute blanche.

    Vous connaissez surement la valse triste : https://www.youtube.com/watch?v=5Ls8-pk4IS4

    Ou encore la Pavane de Gabriel FAURE

    J’associerai bien cette musique aux danses de Isadora DUNCAN. Je ne sais pas si elle a dansé dessus…

    En enfin, un souvenir que je partage avec très peu de gens et le début de mon gout pour les séries. Je suis très jeune et je regarde avec mon frère une série qui sera, je ne le saurai que beaucoup plus tard, une série culte. Je parle de la série LE PRISONNIER, tournée en 1967. 
    Le personnage, agent secret britannique (avant 007 !) démissionne de son travail et décide de partir en vacances. Mais, il se retrouve prisonnier dans un village habité par une communauté de gens un peu farfelus, étranges et obligatoirement heureux. Les personnages n’ont pas de nom, juste un numéro. Ils ne travaillent pas : ils sont dans une autre dimension. Je retiens seulement l’idée d’un bonheur superficiel et obligatoire. Peut être que si je revoyais cette série actuellement, je la verrais autrement. Cette série a été tournée au Pays de Galle mais c’est en Autriche que me sont revenus tous ces souvenirs. Je vous en reparlerai plus tard. Notre protagoniste porte le numéro  6 et à chaque épisode, il tente de sortir de ce village de fous. Mais il est rattrapé par une énorme boule blanche… On ne peut absolument jamais s’échapper.
    Dans cette série vue il y a plus de 45 ans je crois, l’individu n’existe plus. Il a juste un rôle qui lui est attribué par son numéro, qui lui affecte son rôle dans la société du village. Une pensée unique prévaut et on pense vos distractions, vos envies. Cette série serait-elle prémonitoire ? On n’en sortira jamais de ce village et toute tentative d’y échapper est vaine. La boule blanche vous étouffe, vous compresse, vous anéantie.
    Repensant à cette série, j’ai les mêmes impressions que lorsqu’on lit le 1984 de Georges ORWELL lu beaucoup plus tard, ou encore Fahrenheit 451 de Ray Bradbury que vous avez peut être lu ou vu dans ce film fantastique. 
    Je revois des images avec ce jeu d’échec qui évoque le monde fantastique d’Alice au Pays des Merveilles également.
    Est ce que vous l’avez vu aussi ?

    Pour vos commentaires, si nous n’arrivez pas à les poster, envoyez les moi et je les mettrai en ligne. 



  • EN AVANT LA ZIZIQUE

    EN AVANT LA ZIZIQUE

    Pas guimauve dans les choix musicaux pour finir mon petit coup de blanc.

    Pas guimauve dans les choix musicaux pour finir mon petit coup de blanc.
    Les exemples ne manquent pas dans ce registre, de Charles Trenet à Bernard Lavilliers mais  ici, je vous ai mis quelques chansons qui m’ont marquée. Bien entendu, les sorties de Fil O Maine ont permis de reprendre tous ensemble le Petit Vin Blanc et autres ritournelles connues de tous…

    Et pour vous, quelles chansons vous viennent à cette évocation ?

    Ma première pensée  va à la chanson Les Roses Blanches dont Annie nous a déjà parlé. 
    Souvenirs … qui font monter inévitablement des larmes aux premières notes de Berthe SYLVA  

    https://www.youtube.com/watch?v=VQ0i10XX6G0

    C’était un gamin, un gosse de Paris,

    Pour famille il n’avait qu’ sa mère

    Une pauvre fille aux grands yeux rougis,

    Par les chagrins et la misère

    Elle aimait les fleurs, les roses surtout,

    Et le cher bambin tous les dimanche

    Lui apportait de belLes Roses Blanches,

    Au lieu d’acheter des joujoux

    La câlinant bien tendrement,

    Il disait en les lui donnant:

    « C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman

    Voici des roses blanches, toi qui les aime tant

    Va quand je serai grand, j’achèterai au marchand

    Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman »

    Au printemps dernier, le destin brutal,

    Vint frapper la blonde ouvrière

    Elle tomba malade et pour l’hôpital,

    Le gamin vit partir sa mère

    Un matin d’avril parmi les promeneurs

    N’ayant plus un sous dans sa poche

    Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,

    Furtivement vola des fleurs

    La marchande l’ayant surpris,

    En baissant la tête, il lui dit:

    « C’est aujourd’hui dimanche et j’allais voir maman

    J’ai pris ces roses blanches elle les aime tant

    Sur son petit lit blanc, là-bas elle m’attend

    J’ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman »

    La marchande émue, doucement lui dit,

    « Emporte-les je te les donne »

    Elle l’embrassa et l’enfant partit,

    Tout rayonnant qu’on le pardonne

    Puis à l’hôpital il vint en courant,

    Pour offrir les fleurs à sa mère

    Mais en le voyant, une infirmière,

    Tout bas lui dit « Tu n’as plus de maman »

    Et le gamin s’agenouillant dit,

    Devant le petit lit blanc:

    « C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman

    Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant

    Et quand tu t’en iras, au grand jardin là-bas

    Toutes ces roses blanches, tu les emporteras »


    Dans la même époque, je peux évoquer le Noel Blanc de Tino Rossi, complètement ringard maintenant mais une vraie madeleine pour moi et je ne pense pas être la seule…

    Beaucoup plus gai, j’entends aussi les sonorités de Jacques BREL dans sa chanson Au Printemps

    Au printemps

    Au printemps au printemps

    Et mon Cœur et ton Cœur

    Sont repeints au vin blanc

    Au printemps au printemps

    Les amants vont prier

    Notre-Dame du bon temps

    Au printemps

    Pour une fleur un sourire un serment

    Pour l’ombre d’un regard en riant

    Toutes les filles

    Vous donneront leurs baisers

    Puis tous leurs espoirs

    Vois tous ces Cœurs

    Comme des artichauts

    Qui s’effeuillent en battant

    Pour s’offrir aux badauds

    Vois tous ces Cœur

    Comme de gentils mégots

    Qui s’enflamment en riant

    Pour les filles du métro

    Au printemps au printemps

    Et mon Cœur et ton Cœur

    Sont repeints au vin blanc

    Au printemps au printemps

    Les amants vont prier

    Notre-Dame du bon temps

    Au printemps

    Pour une fleur un sourire un serment

    Pour l’ombre d’un regard en riant

    Tout Paris

    Se changera en baisers

    Parfois même en grand soir

    Vois tout Paris

    Se change en pâturage

    Pour troupeaux d’amoureux

    Aux bergères peu sages

    Vois tout Paris

    Joue la fête au village

    Pour bénir au soleil

    Ces nouveaux mariages

    Au printemps au printemps

    Et mon Cœur et ton Cœur

    Sont repeints au vin blanc

    Au printemps au printemps

    Les amants vont prier

    Notre-Dame du bon tempsAu printemps

    Pour une fleur un sourire un serment

    Pour l’ombre d’un regard en riant

    Toute la TerreSe changera en baisers

    Qui parleront d’espoirVois ce miracle

    Car c’est bien le dernier

    Qui s’offre encore à nous Sans avoir à l’appeler

    Vois ce miracle

    Qui devait arriver

    C’est la première chance

    La seule de l’année

    Au printemps au printemps

    Et mon Cœur et ton Cœur

    Sont repeints au vin blanc

    Au printemps au printemps

    Les amants vont prier

    Notre-Dame du bon temps

    Au printemps

    Au printemps

    Au printemps

    Source : Musixmatch
    Paroliers : Jacques Brel

    J’ai aussi les sonorités de Michel BERGER  et de son Paradis Blanc
    https://www.youtube.com/watch?v=Z2OawuAcIF4

    Le Paradis blanc

    Il y a tant de vagues et de fumée

    Qu’on arrive plus à distinguer

    Le blanc du noir

    Et l’énergie du désespoir

    Le téléphone pourra sonner

    Il n’y aura plus d’abonné

    Et plus d’idée

    Que le silence pour respirer

    Recommencer

    Là où le monde a commencé

    Je m’en irai dormir dans le paradis blanc

    Où les nuits sont si longues qu’on en oublie le temps

    Tout seul avec le vent

    Comme dans mes rêves d’enfant

    Je m’en irai courir dans le paradis blanc

    Loin des regards de haine et des combats de sang

    Retrouver les baleines

    Parler aux poissons d’argent

    Comme, comme, comme avant

    Y a tant de vagues et tant d’idées

    Qu’on arrive plus à décider

    Le faux du vrai

    Et qui aimer ou condamner

    Le jour où j’aurai tout donné

    Que mes claviers seront usés

    D’avoir osé

    Toujours vouloir tout essayer

    Et recommencer

    Là où le monde a commencé

    Je m’en irai dormir dans le paradis blanc

    Où les manchots s’amusent dès le soleil levant

    Et jouent en nous montrant

    Ce que c’est d’être vivant

    Je m’en irai dormir dans le paradis blanc

    Où l’air reste si pur qu’on se baigne dedans

    À jouer avec le vent

    Comme dans mes rêves d’enfant

    Comme, comme, comme avant

    Parler aux poissons d’argent

    Et jouer avec le vent

    Comme dans mes rêves d’enfant

    Comme avant

    J’ai aussi entendu il y a peu, une nouvelle chanson de Florent PAGNY intitulée Noir et Blanc

    Est-ce ma vue qui a baissé, un tour que me joue mon cerveau

    Y vois-je trop clair ou trop foncé

    Fait-il trop jour ou nuit trop tôt, est-ce d’avoir trop longtemps fixé

    Les touches d’un piano

    Les cases d’un échiquier

    Ou trop raturé de mots

    Comme dans les cinémas d’antan, je vois le monde en noir et blanc

    Noir, les marchés truqués, des trafiquants de rêves

    Blanc le drap que l’on tend sur tous ceux qui en crèvent

    Noir le sang de la Terre et l’or qui en jaillit

    Blanche la couleur que prend l’argent au paradis

    Noires, marrées et fumées, est la colère du ciel

    Blanche dans les bennes des enfants la neige artificielle

    Noirs les fusils d’assaut des soldats de dix ans

    Blanche la robe des mariés qui en ont presque autant

    Le monde est noir et blanc

    Quelqu’un a éteint la lumière ou quelque chose m’éblouit

    Comme dans le ciel un éclair

    Qui vient soudain rayer la nuit

    Est-ce qu’on devient sans le savoir daltonien avec le temps

    Pour ne plus avoir à revoir

    Un jour la couleur du sang

    Ou est-ce que ce monde est vraiment

    Aussi noir qu’il est blanc

    Blanc, mon masque de clown, mes tempes et mes cheveux

    Noir, le voile des femmes dans l’ombre de leur dieu

    Blanc, l’éclat des diamants, et les doigts qui les portent

    Noirs, les mains et le sang de ceux qui les rapportent

    Blanc, tous ces chèques signés aux escrocs de la guerre

    Noir, l’avenir des hommes, le fond de l’univers

    Blanc, les coraux éteints, l’ivoire des éléphants

    Noir, le nid des rivières, la pluie sur l’océan

    Le monde est noir et blanc

    On peut prier, chanter la Terre

    Boire et se couvrir de fleurs

    Quel que soit le somnifère, on ne rêve jamais en couleurs

    Est-ce que je deviens clairvoyant ou ai-je les yeux de la peur

    Faut-il avoir 17 ans pour voir le monde en couleurs

    Le monde en couleurs

    Source : LyricFind
    Paroliers : Pierre Riess / Alain Lanty
  • LA LESSIVE

    LA LESSIVE

    Une insomnie doit avoir du bon : elle a fait remonter dans ma mémoire cette nuit, ces pages du livre de Pierre Jakez Helias sorti en 1976 et lu plus tard ! Mais ce livre démarre par quelques pages imprimées dans ma mémoire.

    « On avait des chemises de toile  pour le dimanche. Une quelquefois, deux. Mais on ne se plaisait pas trop dedans. Elles ne tenaient pas au corps, elles glissaient dessus. Elles étaient trop minces, on avait l’impression d’être nu. Heureusement, il y avait le gilet à deux pans croisés, montant au ras du cou et descendant largement jusqu’aux reins pour vous garantir en toutes saisons, les jours de fêtes. Mais rien ne valait les chemises de chanvre pour le travail quotidien. Elles buvaient votre sueur généreusement et sans vous refroidir. Elles étaient les cottes de mailles des misérables chevaliers de la terre. A être portées jour et nuit, elles m’apparaissaient guère plus grisâtres à la fin de la semaine qu’au début. Une bénédiction je vous dis. Mais il fallait en avoir beaucoup parce qu’on ne faisait la lessive que deux fois par an, au Printemps et à l’Automne. Quand on en dépouillait une, toute raidie par la terre et l’eau de votre cuir, on la jetait sur le tas des autres, dans quelque coffre ou un coin d’appentis. Là, elle attendait la grande lessive d’avril ou septembre. Et tout recommençait. 

    La grande lessive était une corvée d’importance pour les femmes. Comme toutes les besognes sérieuses, elle durait trois jours qui correspondaient, dans l’ordre,au purgatoire,à l’enfer et au paradis.
    Le premier jour, on entassait le linge dans d’énormes baquets de bois que l’on recouvrait d’une linsel skloagerez, sorte de drap de chanvre tissé très gros et donc poreux. Sur ce linceul,on répandait largement une couche de cendres préalablement tamisées avec soin. on faisait chauffer des chaudronnées d’eau et on jetait cette eau bouillante sur les cendres qui allaient tenir lieu de lessive à défaut de savon ou d’autres produits, alors inconnus ou trop chers. L’eau se chargeait de cendres et passait à travers le tissu grossier pour aller imprégner et détremper les linges à laver. On laissait la chimie faire son effet pendant la nuit. Le jour suivant, on chargeait le tout sur une charrette et
    on le conduisait au lavoir.

    Là, les femmes du village et des environs, armées de leur battoir, venaient apporter leur aide , à charge de revanche. Elles battaient le linge depuis l’aube jusque vers les quatre heures de l’après midi , sans autre chose dans le corps que la soupe maigre qu’elles avaient avalée avant de partir. Mais les langues ne cessaient pas d’aller bon train. A mesure que les affaires étaient décrassées dans un première eau, elles étaient jetées dans un second lavoir plus petit et plus propre. Quand c’était fini, une femme se dépouillait le bas du corps et descendait dans le lavoir, retroussées jusqu’aux reins,
    pour ramasser le linge et le tendre aux autres qui l’essoraient. Il y en eut plus d’une qui prit le coup de la mort pour s’être aventurée, suante, dans l’eau froide.

    Puis, la lessive était étendue sur le pré ou la lande voisine, de préférence accrochée aux bouquets d’ajoncs nains où elle séchait mieux qu’à plat, disait-on, où elle blanchissait mieux. Alors seulement on allait manger. Le lendemain, une femme ou deux passaient la journée à surveiller le linge et à le retourner. Quelquefois, la cendre mal tamisée y avait laissé des taches malgré le travail des battoirs.
    Il fallait y remédier sous peine de perdre la réputation des lavandières.

    Chaque village avait son lavoir , souvent double comme je l’ai dit. Il y en avait plusieurs autour du bourg , chacun d’eux au compte d’une « compagnie qui y avait ses habitudes et se chargeait de l’entretenir.
    Les ruisseaux ne manquaient pas. En Avril , on entendait retentir les battoirs dans les vallons. Quand les enfants demandaient quels étaient ces bruits et ces éclats qui les réveillaient de bon matin, on leur disait que c’était le Cavalier du Printemps qui arrivait sur son cheval pour ouvrir les fleurs, faire éclater les bourgeons, aider les plantes à sortir de terre et accomplir mille autres taches dont ils verraient les effets s’ils savaient se servir de leurs yeux. Peut-être même pourraient ils voir le Cavalier à condition de se lever avant le soleil et d’avoir dans la main une certaine graine dont on se disait pas trop bien ce que c’était. En Septembre , le même tapage recommençait, mais plus assourdi.
    Le Cavalier du Printemps s’en allait, la bonne saison était finie jusqu’au prochain appel du coucou.
    Les 24 chemises de chanvre de mon père ne firent pas connaissance avec son corps. Ma mère y tailla seulement des torchons sans oser le dire à Catherine Gouret qui en aurait pris de l’humeur. C’était en 1913. Déjà le chanvre était entré en désuétude.  On pouvait se procurer des chemises de toile grossière dans les foires, les marchés, auprès des merciers ambulants qui parcouraient la campagne. Seul les vieillards restèrent fidèles au chanvre jusqu’à la fin avec les farauds de village et les hommes forts qui se mesuraient encore à la lutte bretonne. La chemise de chanvre était la partie essentielle de leur équipement sportif. On pouvait s’y accrocher à pleines mains sans risque de la déchirer comme on aurait fait d’un quelconque tissu bourgeois. » 

    Quelques images :

    Reportage sur le film tourné par Claude CHABROL §
    https://www.youtube.com/watch?v=_6tAZ5_BLhY

    Quelques images du film :
    https://www.youtube.com/watch?v=a_AxtwkrvPc

  • QUELQUES SCULPTRICES

    QUELQUES SCULPTRICES

    Marjolaine SALVADOR MOREL
    On ne peut quitter le blanc sans parler de sculptrices qui ont une place a part. Mère et fille pratique la dentelle aux fuseaux.  Après l’apprentissage des savoir faire traditionnel, Marjolaine créée un univers léger, fantastique, arachnéen. Ses constructions sont poétiques, légères, raffinées. Elle se meuvent sous vos yeux, les fils s’entremêlent, vous plongent dans un monde imaginaire…

                              

    Emmanuelle DUPONT
    Je vous ai parlé d’Aurélie Lanoiselée. Dans les mêmes conditions, j’ai rencontré le travail d’une sculptrice textile Emmanuelle DUPONT; Monde onirique, créatures surprenantes, chimères qui parfois nous effraient mais dont la matière nous attire. Regarder ces pièces peut nous mettre dans une profonde dualité.  Nous avions échangé pour qu’elle expose dans les manifestations de Fil O Maine mais la vie en a décidé autrement… Magnifique maîtrise des techniques de broderies et de volumes.

  • ESSAYAGE de Nicole

    ESSAYAGE de Nicole

    Dessin de Pierre Marie CLAVIER

    Dans la glace d’Armand, ma binette
    Un chapeau tout beau sur ma tête
    Un peu de travers
    Non ! c’est pas l’hiver
    C’est l’essayage
    Pour mon mariage.
                                         Sans nuage, bon présage dit l’adage
    Un bibi un peu riquiqui
    Pourquoi fait-on des chapeaux si petits ?
    Je le mettrai comme ci
    Ou comme cela, j’en ris !
    Tant pis pour les hauts cris
                                       d’hystérie prédit tante Marie-Line-Amélie
    Je n’ai pas une tête à chapeau
    Mais je craque il est si beau
    – On se marie pas tous les jours
    La cérémonie mérite bien cet atour
                                      tournure et entournure. – Quel pédant cet Armand !
    Je porterai donc ce chapeau rond
    Y ajouterai grand bout de mon jupon
    La gaze légère fera office de voile
    Pas mal, que dis-je , au poil !
                                     de chameau pour mon blaireau s’écrie mon puceau de jumeau
    Quoi de mieux pour faire la fête
    Qu’un bibi juponné sur la tête
    Trop plate la robe sans jupon ?
    Qu’à cela ne tienne, nous l’ôterons !
                                    et ron et ron chantonne Mémé qu’a dévissé depuis des années
    Mariée chapeautée
    Mariée déhoussée
    Déssachée
    Culottée
                                   ôtez aussi ces gants dirait un galant ajustant ses lorgnons sur mon cotillon
    Mariée hors norme
    Mariée en pleine forme
    Rien qu’à voir leurs têtes
    A tous ces gâte-fête !
                                tête de linotte, ta robe ? ! dit Mamie Jacotte qui en yoyote et m’asticote.
    Mais… quelle sotte !
    Nicole Desgranges

  • ENCORE DU BLANC – 2

    ENCORE DU BLANC – 2

    J’ai décidément bien du mal à m’arracher à cette non couleur mais comment faire pour ne pas partager ces créations. Pour une amoureuse de la couleur….

    Je me dois aussi de vous parler des coups de cœur pour les travaux d’artistes qui n’œuvrent pas seulement dans le blanc mais ces pièces m’ont interpellée :

    les magnifiques plissés de Madame GRÈS exposées en 2011 au Musée Bourdelle à Paris :

     

    Fenella DAVIES : https://www.fenelladavies.com/

    Sublimation de la matière 
    Gleb : ce maître licier dont nous voyons régulièrement les travaux lorsque nous allons aux Minis-Textiles d’Angers et autres évènements toujours de qualité :
    Ses créations nous interrogent sur la tapisserie contemporaine, les limites, le plein et le vide, les textures ou pas…. 
  • ENCORE UN PETIT BLANC

    ENCORE UN PETIT BLANC – 1

    Je vous l’ai dit, avant de nous mettre au vert, je voudrais vous présenter quelques œuvres blanches qui m’ont impressionnée.

    Tout d’abord, je reviens en 2016 ou je suis allée à l’exposition des Minis Textiles de Montrouge avec plusieurs d’entre vous. Comment oublier les nombreuses pièces blanches exposées ?
    Hélas, je n’ai plus le nom des artistes !!! Peut être que vous pourrez m’aider afin de leur restituer leurs œuvres ? Cette année là, le thème est « A Tablé ! »

    Les coquilles d’huîtres pour faire
    ce cercle lumineux ci-dessous : 

    En ces temps de confinement, cette maison est symbolique. Elle nous parlait d’une maison qui vole en éclat, d’éléments de la modernité qui fuyaient, de violence avec les coquelicots… Nous étions partagés entre l’envie d’y entrer car elle semblait rassurante par son style, ses proportions, et une certaine frayeur par ce qui se passait dedans. Ne l’oublions pas !
    Bien d’autres pièces étaient présentes mais celles-ci m’avaient particulièrement touchée. 
    Et si on parle d’émotion, de ces oeuvres qui vous chamboule, je reviendrai aussi vers l’oeuvre de Aurélie LANOISELEE à l’Aiguille en Fête

     .

    A cette époque, le salon d’ l’Aiguille en Fête se tenait à Villepinte. Foule à l’entrée, j’étais avide de me faire surprendre par les expositions dont le programme dense augurait de belles rencontres. Cette année là, je suis allée seule. De ce salon, je me souviens de beaux moments mais surtout de l’effet « Wouah » devant une pièce particulièrement. Elle est présentée sur mannequin, dans un écrin de pièces blanches toutes plus magnifiques les unes que les autres. Beaucoup de passages devant, des silhouettes qui s’arrêtent, disent « c’est beau » et repartent, d’autres jettent juste un regard du coin de l’oeil. Pour moi, ce fut un grand moment où je n’entendais plus rien : scotchée, médusée, fascinée, impressionnée. Et puis, cet instant rare où les larmes vous montent aux yeux : pourquoi ? Je ne saurais le dire mais cela, vous ne l’oubliez pas. Engluée dans ces émotions, une jeune femme vient vers moi et commence à me parler, brisant un peu cette vague de sensations. Elle me ramène sur terre et me propose de venir pour qu’elle m’explique cette oeuvre. Elle m’a même autorisé a prendre quelques photos après que je sois revenue à moi. Il semblerait que ma réaction l’ait touchée également. 
    Voici cette pièce qui parle du temps qui passe. De la naissance à l’âge adulte, la vie d’une femme. 
    Le Léviathan d’Aurélie LANOISELEE
    Gentiment, elle a tourné la pièce afin que je la vois de tous les côtés, elle m’a expliqué les différents morceaux intégrés, le rapport au temps….
    Cela a été un voyage formidable et je n’oublierai jamais ces instants : Merci l’Artiste !!!
    Inutile de vous dire que je sais les autres expositions formidables qu’il y avait sur ce salon, très bon cru mais c’est cette rencontre là qui a estompé tout le reste. 
    Dans le registre de la broderie, je voudrai aussi vous parler de la broderie blanche. Bien sûr, je pourrais aborder les trousseaux avec les monogrammes extraordinaires, les dentelles comme celles utilisées ci-dessus, le linge de table après avoir abordé les Arts de la Table…
    Mais j’ai envie de vous présenter le travail d’une brodeuse que j’ai eu l’honneur d’exposer à St Pierre La  Cour en 2014 avec les Musées du Mans : Françoise WINTZ. Elle fait de la broderie blanche, une création moderne. Entre ses doigts, les points traditionnels se font langage contemporain pour un monde raffiné et sensible.

     
     

    Lors de cette même exposition, nous avions aussi le magnifique perlage d’une jeune créatrice,
    Margot CHESNE et ses minis-pièces si délicates et raffinées. Une petite merveille. Merci Margot d'(avoir été avec nous à ce moment là.