Jaune

Le Jaune

Les matières du Jaune

Voilà une couleur bien compliquée. Son histoire est liée au besoin des hommes de communiquer puisqu’on la retrouve dans l’art pariétal. Les premiers tons sont ceux des pigments de la terre, faciles à trouver.

Symbole de soleil, de vie, on le retrouve aussi fréquemment sur les murs des maisons de Pompéi. A base  de différents ocres additionnés de carbonate de chaux. Ces mêmes pigments chauffés deviennent des rouges, des bruns. 
Ces jaunes représentent aussi la richesse matérielle. 

 

Les jaunes sont les substituts de l’or. 
Pour être au plus près de l’or, on va prendre de l’Orpiment : pigment extrait d’un pigment qui contient de l’arsenic. Toxique, il est aussi issu d’une cuisine : il faut fondre du réalgar et du soufre pour le travailler. Sinon, attention, il devient orange ! Il est beaucoup utilisé pour le travail de l’enluminure : Livre de Kells, livre de Durrow… Bien entendu ce Jaune de Perse n’est plus utilisé.

Le Jaune de Naples ou jaune Antimoine est une chose issue d’un minerai brut extrait du tuf volcanique napolitain. On voit que la source n’est pas loin. Mais il existe aussi des pigments naturels ou ocre jaune.  
Le Moyen Age est une période difficile arrive pour cette couleur. Le jaune devient la couleur de la bile, du soufre et est attribuée au diable. Sa mauvaise réputation s’installe…Pourquoi ce désamour ?  Michel Pastoureau nous indique que tous les éléments positifs du jaune se sont reportés sur la couleur OR. De fait, le jaune semble bien pâle à côté. Alors, voila comment on lui attribue tous les défauts du déclin, de l’automne, de la maladie. Il n’y a plus qu’un pas à franchir pour qu’il devienne la couleur de la trahison et du mensonge, la couleur de Judas.  Cette connotation perdure quelque peu. Le mari cocufié n’est il pas vu en jaune ? Plus récemment, on peut penser à l’étoile Jaune…  
Au XIIIe, le Jaune PLOMB ÉTAIN est moins toxique et plus facile a utiliser car moins dangereux. 
Il sera vite remplacé par le Jaune de Naples aux XVIIe et XVIIIe siècles.  Sa gamme varie, du clair au plus sombre. 
On peut aussi travailler le Jaune de CHROME créé par un chimiste français en  1797. Pas cher avec des gammes jaune citron, on le retrouve dans les tableaux de Van Gogh par exemple. Seul souci : il n’est pas stable et ils ne savaient pas, les peintres de l’époque, qu’ils s’obscurcissait avec le temps. J’ai eu l’occasion de lire différents articles à ce sujet : est ce la peinture ou le vernis que l’on posait dessus qui le rend instable ?
Le Jaune de CADMIUM le remplacera peu à peu. Il offre plus de stabilité. 
La côte du jaune va changer. L’influence du japonisme se propage en France à partir de  1860. Le travail en extérieur participe à lui redonner ses lettres de noblesse. Les peintres Nabis, les Symbolistes redonnent à la couleur une dimension spirituelle. 
Le Jaune devient une couleur à la mode et apparaît  sur les affiches publicitaires. 
A partir de 1900, l’électricité s’installe et on veut aussi se l’approprier dans les représentations et les tableaux.

 

Les Nabis, Les Fauves et les Expressionnistes ne s’en priveront pas…. Talisman de Cérusier dont les
couleurs flambent sous notre regard.
  L’arbre Jaune d’Emile Bernard est aussi un vrai sujet pour les                                                             brodeuses : ses coups de pinceaux nous donnent le langage des points.

 Nabi à la barbe dorée de Lacombe.

Collection Alexis Mabille

Côté teintures, si vous avez un peu pratiqué, vous savez combien de végétaux nous fournissent des couleurs délicates dans une gamme étendue de jaunes : le crocus avec le safran, la graine d’Avignon peuvent compléter les matériaux de nos jardins.

Ici, c’est un taffetas jaune : j’entends le crissement délicat de la matière, je ressens la souplesse et le confort…

Magnifique Jaune !