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  • Nos Pâques

    Nos Jours de Pâques

    En ce jour de Pâques, je me souviens !
    Je me souviens des socquettes blanches, du gilet blanc et de la nouvelle robe blanche que nous mettions pour fêter Pâques ! Ce jour était exceptionnel : mes parents prenaient le temps, ne travaillaient pas. La robe était neuve, l’ouverture d’une nouvelle saison. Il n’y avais pas de chocolat, pas d’œuf dans la cour du restaurant de mes parents. Il faisait beau, la journée était joyeuse. Les cloches sonnaient à toute volée. Nous allions à la messe et les chants résonnent encore à mes oreilles. En sortant, nous achetions des pâtisseries. Il y avait la queue devant le magasin et nous attendions en nous délectant de notre choix : hésitations, c’est la fin du carême et tout est tentant. Finalement, sans surprise, je choisissais le cygne, vous savez avec de la crème blanche chantilly et les ailes. 
    Et puis, l’après midi, nous rencontrions les grands parents : nous avions droit à un sachet transparent de ces œufs à la liqueur très sucrée, que nous nous partagions. Je ne sais s’ils existent toujours, avec leurs couleurs pastellisées. C’était une journée hors du temps mais assurément blanche !
    Souvenirs, souvenirs….
    Vous avez les vôtres et vous avec pris le temps de me les envoyer : merci à vous ! 
    Babeth 


    À Pâques, il fallait toujours avoir quelque chose de neuf, ne serait-ce qu’une paire de socquettes blanches, mais c’était souvent une nouvelle robe.
     Puis on se retrouvait tous , après la messe, chez ma grand mère, au village, pour chercher les œufs en chocolat soigneusement cachés dans le jardin.
     Le midi, toute la famille se rassemblait devant un gigot d’agneau et des haricots verts « extra fins » comme les souhaitait mon oncle.
     J’ai l’impression de sentir encore l’odeur de ce gigot, piqué d’ail.


    Annie 


    Pâques de mon enfance… 
    C’est loin…mais il me reste une sensation de légèreté… 
    Je me souviens des vêtements neufs que ma mère avait confectionnés. 
    J’entends encore le bruissement du fer sur la patte mouille et l’odeur dégagée. 
    C’est ancré dans ma mémoire, tellement souvent entendu et sentie ; il faut dire 
    qu’on ne connaissait pas le prêt à porter, si ce n’est pour mes frères. 
    Donc je mettais ces vêtements neufs qui attendaient, chaussais des chaussures légères, 
    nouvellement achetées, portées avec des socquettes blanches, bien sûr ! 
    Finies pour quelques temps, les chaussettes de laine tricotées par ma grand-mère. 
    C’était le retour des vêtements plus légers, aux couleurs claires, 
    sans se soucier de la météo, puisque c’était Pâques…. 
    Puis on partait à la messe. 

    La chasse aux œufs ? Je me souviens des cloches qu’on entendait tinter à toute volée.
     Il parait qu’elles revenaient de Rome. Tout excité, 
    on regardait alors si elles avaient laissé tomber quelques friandises. (Ce que l’on était naïf !) 
    Peut être quelques petites fritures de chocolat ou quelques petits œufs en sucre et à la liqueur.
     Par contre je me souviens bien, avoir trouvé quelques fois, 
    dans les massifs de fleurs et surtout pas dans le potager, des œufs durs, 
    mais des œufs durs qui avaient des coquilles de couleurs !
     Et puis Pâques, c’était aussi nos gros cerisiers, des guigniers d’ailleurs, 
    qui n’étaient que fleurs. Ils étaient tellement beaux ! 
    Alors, devant vêtus de nos beaux habits, 
    on posait et mon père nous photographiait.

  • Aujourd’hui, Pâques : je vous laisse la parole

      

    Depuis le début du confinement, vous êtes nombreux à me suivre. Je fais ces lignes pour être avec vous, une façon de lutter contre l’isolement de certains et certaines d’entre vous. Il s’agit d’un fil tendu entre nous. Lorsque je reçois vos mails, vos messages, cela me fait plaisir de voir que vous êtes bien au bout de la ligne. Voici quelques réactions des jours derniers :

    Brigitte :

    Merci ,merci pour ton blog. J’ai essayé plusieurs fois de commenter mais je n’y arrive pas . Ce n’est pas grave car cela ne m’empêche pas d’y aller tous les jours et de découvrir des trésors.
    Je suis impressionnée par tout ce que tu nous dévoiles.
    Merci aussi pour tous les textes qui ont été écrit et qui parfois m’ont donné la chair de poule tellement ils étaient forts.

    Annie :

    J’avais envie d’écrire même si je suis « hors sujet ». Ce n’est pas du bleu, du jaune ni même des petits livres dont je voudrais parler, mais simplement témoigner que tous les jours j’ouvre avec plaisir le blog. C’est mon moment de pause. Je lis et relis les articles, découvre les nouveaux. Je m’instruis, me cultive. Par contre, je suis gênée de n’être qu’une consommatrice. Je n’enverrai pas de poésie ni de commentaire de tableaux, je ne sais pas faire… Aussi, je remercie tous ceux et celles qui nous offrent ces jolies pages.

    Rolande que je ne connais pas mais à qui je souhaite la bienvenue : 

    Bonjour,
    J’ai eu connaissance de votre site par Micheline. Je le consulte 
    régulièrement, un petit moment de légèreté en ce temps de confinement. Un 
    grand merci à toutes et tous.
    Rolande



    Josette :

    Je pense bien à tous..et toutes..Au tout début voyant l’idée de couleur   
    étant pour moi plus littérature par ce temps de confinement..je ne sais si mes suggestions du rouge vous sont parvenues….Je regarde vos références dans d’autres domaines..et j’apprécie!J’espère que tout va bien pour vous..comme pour moi..Heureusement il y a la broderie!!

    Et puis Carine vous a préparé en cadeau  un mix musical pour toutes les couleurs :

    Le mix couleur est arrivé ! Dans un temps idéal d’écoute : le confinement.

    pour « Entrer dans la couleur » c’est là :
    https://we.tl/t-x3EGD0mAWk

    Ecoutez, c’est très sympa et fait pour nous : plus que peu de jours pour télécharger…

    Et puis vos regards et travaux :

    Patricia a associé le blanc à cette photo qu’elle aime :

    Et Babeth regarde son jardin :

    En accord avec la couleur de la semaine, mon cerisier n’a jamais été aussi blanc. Le jardin est prêt : les petits pois grimpent gentiment, les salades grossissent pas très vite…
    Merci mille fois pour ton blog, c’est super intéressant



    Odile a aimé l’harmonie entre le thème de la semaine et son jardin : 
    Babeth souhaite aussi vous faire partage ce texte de Grand Corps Malade :
    Annie a travaillé sur la couleur bleue :
    Marie Christine aussi, s’est mise au bleu :
    Anne a travaillé sur le Jaune

     
    Bravo à tous et grand merci d’être ensemble 
    dans ces aventures :
     chaque contributeur est important 
    que vous jouiez les mots, les fils, 
    les photos, la musique………………….!

    Joyeuses Pâques,

  • Lettre d’intérieur

    Seul l’amour sait nous raconter….

    par Yasnima Khadra

    A l’intention de Martine pour ces jours particuliers…

    Paris, le 2 avril 2020.

    Ma chère petite maman,


    Depuis quelques jours, je suis confiné chez moi à cause du coronavirus. L’enfermement est devenu une habitude, pour moi. Je sors rarement. Le temps parisien ne se prête  guère à un enfant du Sahara qui ne reconnaît le matin qu’à sa lumière éclatante et qui a toujours rangé la grisaille du côté de la nuit. 

    Je suis en train de terminer un roman — le seul que j’aurais aimé que tu lises, toi qui n’as jamais su lire ni écrire. Un roman qui te ressemble sans te raconter et qui porte en lui le sort qui a été le tien. 
    Je sais combien tu aimais la Hamada où tu adorais traquer la gerboise dans son terrier et martyriser les jujubiers pour quelques misérables fruits. Eh bien, j’en parle dans mon livre comme si je cherchais à revisiter lieux qui avaient compté pour toi. Je parle des espaces infinis, des barkhanes taciturnes, des regs incandescents et du bruit des cavalcades. Je parle des héros qui furent les tiens, de Kenadsa et de ses poètes, des sentiers poussiéreux jalonnés de brigands et des razzias qui dépeuplaient nos tribus. 
    C’est toi qui m’as donné le courage de m’attaquer enfin à cette épopée qui me hante depuis des années. Je craignais de n’avoir pas assez de souffle pour aller au bout de mon texte, mais il a suffi que je pense à toi pour que mes peurs s’émiettent comme du biscuit. 
    Chaque fois que j’emprunte un chapitre comme on emprunte un passage secret, je perçois une présence penchée par-dessus mon épaule. Je me retourne, et c’est toi, ma maman adorée, ma petite déesse à moi. Je te demande comment tu vas, Là-haut ? Tu ne me réponds pas. Tu préfères regarder l’écran de mon ordi en souriant à cette écriture si bien agencée dont tu n’as pas les codes. Je sais combien tu aimes les histoires. Tu m’en racontais toutes les nuits, autrefois, lorsque le sommeil me boudait. Tu posais ma tête sur ta cuisse et tu me narrais les contes berbères et les contes bédouins en fourrageant tendrement dans mes cheveux. Et moi, je refusais de m’assoupir tant ta voix était belle. Je voulais qu’elle ne s’arrête jamais de bercer mon âme. Il me semblait, qu’à nous deux, nous étions le monde, que le jour et la nuit ne comptaient pas car nous étions aussi le temps. 
    C’est toi qui m’a appris à faire d’un mot une magie, d’une phrase une partition et d’un chapitre une saga. C’est pour toi, aussi, que j’écris. Pour que ta voix demeure en moi, pour que ton image tempère mes solitudes. Toi qui frisais le nirvana lorsque tu te dressais sur la dune en tendant la main au désert pour en cueillir les mirages ; toi qui ne pouvais dissocier un cheval qui galopait au loin d’une révélation divine, tu te sentirais dans ton élément dans ce roman en train de forcir et tu ferais de chacun de mes points d’exclamation un point d’honneur. Comment oublier l’extase qui s’emparait de toi au souk dès qu’un troubadour inspiré se mettait à affabuler en chavirant sur son piédestal de fortune ? 
    Pour toi, comme pour Flaubert — un roumi qui n’était ni gendarme ni soldat, rassure-toi — tout était vrai. Étaient vraies les légendes décousues, vraie la rumeur abracadabrante, vrai tout ce qui se disait parce que, pour toi, c’était cela le pouls de l’humanité. Quand il m’arrive de retourner à Oran, je vais souvent m’asseoir à notre endroit habituel et convoquer nos papotages qui se poursuivaient, naguère, jusqu’à ce que tu t’endormes comme une enfant. 
    C’était le bon vieux temps, même s’il ne remonte qu’à deux ans — deux ans interminables comme deux éternités. Nous prenions le frais sur la véranda, toi, allongé sur le banc matelassé et moi, tétant ma cigarette sur une marche du perron, et nous nous racontions des tas d’anecdotes en riant de notre candeur. Tu plissais les yeux pour mieux savourer chaque récit, le menton entre le pouce et l’index à la manière du Penseur. 
    Mon Dieu ! Que faire pour retrouver ces moments de grâce ? Quelle prière me les rendrait ? Mais n’est-ce pas dans l’ordre des choses que de devoir restituer à l’existence ce qu’elle nous a prêté ? On a beau croire que le temps nous appartient, paradoxalement, c’est à lui que revient la tâche ingrate de séparer à jamais ceux qui se chérissent. Ne reste que le souvenir pour se bercer d’illusions. Ma petite maman d’amour, depuis que tu es partie, je te vois dans toute grand-mère ? Qu’elles soient blondes, brunes ou noires, il y a quelque chose de toi en chacune d’elles. Si ce ne sont pas tes yeux, c’est ta bouche ; si ce n’est pas ton visage, ce sont tes mains ; si ce n’est pas ta voix, c’est ta démarche ; si ce n’est rien de tout ça, c’est l’émotion que tu as toujours suscitée en moi. 
    Et pourtant, partout où je vais, même là où il n’y a personne, c’est toi que je vois me faire des signes au fond des horizons. Tantôt étoile filante dans le ciel soudain triste que tu lui fausses compagnie, tantôt île de mes rêves au milieu d’un océan de tendresse aussi limpide que ton cœur, tu demeures mon aurore boréale à moi. Si je devais un jour te rejoindre, maman, je voudrais qu’il y ait une part de nous deux dans tout ce qui nous survivrait. Puisque seul l’amour sait nous raconter à ceux qui savent écouter.



    Les lettres d’intérieur de Augustin Trapenard
    France Inter – 8h55


  • Résumons le BLANC

    Résumons le BLANC


    Nous avons vu dans les articles précédents, diverses symboliques du blanc. Dans tous les cas, sa pureté est exigée. C’est l’une des couleurs les plus anciennes que l’on ait utilisé. Depuis l’art pariétal jusqu’au carré blanc de Malevitch de 1918, les peintres l’emploient comme une couleur à part entière. 


    Malevitch est un peintre russe, créateur du mouvement « Suprématisme ». Nous sommes en 1918 lorsqu’il peint ce tableau. Il s’agit d’un carré blanc flottant sur un fond d’un autre blanc. On parle ici d’infini, Selon Malevitch, « la forme est une entité autonome pour y associer une énergie qui prend son intensité dans la couleur. » Le mouvement existe depuis plusieurs années lorsqu’il réalise cette toile. Ses adeptes vont travailler sur le noir au début. Ils cherchent à mettre en forme l’énergie de la couleur, à rendre la couleur comme élément pictural essentiel source d’énergie. C’est le premier courant de l’abstraction qui met la couleur comme source première. D’autres peintres suivront mais la première pierre est ici posée. Ce courant ne vivra pas longtemps mais marque le début de nouveaux possibles dans le champ pictural. 
    On peut critiquer, ne pas aimer, ergoter sur le sens de ce mouvement. Mais on ne peut nier son impact sur les courants à venir. Lisez ou regardez la pièce de Yasmina REZA Art : vous y verrez toutes vos réactions ! Facile, rapide et très drôle…
    Je vous l’ai déjà évoqué : le blanc se confond avec l’incolore avec l’apparition du papier support. Est-ce à partir de là qu’il devient synonyme de vide, d’absence ?  C’est une entrée que nous n’avons pas encore évoquée mais présente, par exemple, dans le roman anglais La Dame en Blanc de Wilkie Collins en 1860 : le personnage principal semble absent, ailleurs. On retrouvera aussi dans les films, nombre de fantômes symbolisés par des formes blanchâtres. L’absence de couleur est le début de la peur, de l’inquiétude. On en devient « blanc comme un linge » ou « blanc comme un cachet d’aspirine ».

    Nous l’avons déjà évoqué, le blanc est aussi le représentation du froid, de la solitude et Nicole vous propose à bon escient de regarder ce magnifique film sur le photographe animalier : Vincent MUNIER
    Pour ma part, je vous invitais à le retrouver aussi dans le dernier livre de Sylvain Tesson : partis ensemble à la recherche de la panthère des Neiges. 
    Photo Jean Luc Mayssonnier


    Si on parle photo, je pense tout de suite à l’exposition de Jean Luc Maysonnier à l’Espal au Mans qui évoquait la Haute Loire et la Burle, ce vent si froid qui bouleverse ce paysage neigeux. Je pense que les voyageurs de mon association Fil O Maine n’oublieront pas tout de suite notre périple dans ce département sous la neige, avec la buse qui ouvrait le chemin à notre car. Ces paysages étaient magnifiques mais absolument pas froids !

    A la veille de la fête de Pâques, on peut rappeler aussi les vêtements sacerdotaux : on se rapproche de la couleur du divin, des anges voire du bonheur avec l’expression « marqué d’une pierre blanche ».
    Le blanc nous accompagne tout au long de notre vie, depuis notre berceau jusqu’à l’époque où il auréole notre tête d’une jolie couleur blanche, on imagine le temps de la sagesse, de la maturité. On pourrait dire que le blanc est le cycle de notre vie. 

    Les Anges de Raphaël

    Notre langue est riche d’expressions ou les symboliques du blanc apparaissent : 
    blanc comme neige,
    Sortir blanchi
    Se faire des cheveux blancs
    Blanc bonnet ou bonnet blanc
    Regarder dans le blanc des yeux,
    Une oie blanche
    Un chèque en blanc
    La page blanche….

    Les pigments du blanc :
    Depuis la préhistoire : le carbonate de calcium (craie)
    Depuis l’Antiquité : Kaolin et blanc de plomb aussi appelé Céruse, Blanc d’argent, Blanc de Cremnitz, Blanc de Berlin, Blanc de Hollande, Blanc de Clichy 
    Depuis le XIXe siècle : Blanc de zinc, Blanc de titane, Lithopone


  • Perles et dentelles

    Perles et dentelles

    Christine s’est interrogée sur le blanc comme couleur de la peinture au XIXe.

    La Modiste – Boucher – 1746

    Cela m’a tout de suite conduit à penser aux portraits de l’époque classique où le blanc servait aux décors des dentelles, broderies et perlages.
    Un rapide tour d’horizon :

    Ann Boleyn en 1560 par Pourbus

    Le chevalier Riant par Franz HALST en 1624

    L’inconnue de Gaspar de Crayer XVIIe

    Vigée Lebrun : Marie Antoinette

    un petit Watteau…
    Ce ne sont que les premiers exemples retrouvés dans mes galeries de photos mais le costume avec ses broderies de perles est un sujet du blanc fantastique.
    Demain, je vous donnerai la parole car de beaux textes sont arrivés : ce sera le cadeau de Pâques !

  • BLANC D’AUTOMNE par Jean Yves

    BLANC D’AUTOMNE


    1er matin d’automne, lever tôt, je me rends sur les bords de Loire. 

    Je commence à profiter de mon nouveau temps libre. 

    Sur place, les rives sont plongées dans une lumière brumeuse, rasante et diffuse. Je m’installe et me laisse gagner par le calme. 

    Le temps fait une pause et je me glisse dans ce rythme matinal.  

    J’apprécie alors le réveil des cygnes et la pose de cette aigrette. Les arbres et la rive commencent à se dessiner au travers du brouillard. La brume se dissipera avec la chaleur montante des rayons du soleil….




    Jean Yves
  • LLOYD WRIGHT, RICCIOTTI, PORTZAMPAC…

    BLANC

    Tant de symbolique dans cette couleur. Je vous ai parlé d’architecture à travers les bâtiments de Niermeyer et son couloir de nacre immaculée.

    Je connais d’autres bâtiments pour lesquels la couleur blanche est partie intégrante de l’architecture :
    L’arbre blanc de Montpellier concu par l’architecte Sou Fujimoto :
    https://www.18h39.fr/articles/cet-immeuble-residentiel-de-montpellier-a-ete-elu-le-plus-beau-du-monde.html

    Je pense aussi à d’autres bâtiments :

    Le Musée Guggenheim à New York, de Franck Lloyd Wright.

    La spirale vous donne accès à différentes salles d’exposition sans contrainte physique telles que les marches. Vous êtes aspiré par les œuvres sans entrave. Vous pouvez visiter en montant ou en descendant. Le blanc des murs forment un écrin neutre pour les œuvres.
    Architecte : Franck Lloyd Wright.

    Le dernier projet de l’architecte Franck Lloyd Wright en Arizona :

    Le cabinet de Portzamparc a aussi blanchi le chai du vignoble bordelais : Le Cheval Blanc et travaillé la couleur tant à l’extérieur qu’en design intérieur : 

    Vous connaissez aussi le Mucem de Marseille . Son architecte Rudy Ricciotti a aussi travaillé sur la fondation Cocteau à Menton :

    Le Pavillon blanc à Colomiers du même architecte.

    On ne présente plus le Taj Mahal :

    Cette construction nous ramène à l’art textile. Ce magnifique bâtiment a inspiré le travail de Yannick, exposé lors de la manifestation Architextur’Elles en 2014. Les sculptures, les détails sont autant de broderies, de points et de matières à interpréter..

    A vos aiguilles…

    agences Sou Fujimoto Architects, Laisné-Roussel et OXO Architectes
    https://www.18h39.fr/articles/cet-immeuble-residentiel-de-montpellier-a-ete-elu-le-plus-beau-du-monde.html

  • CHIHARU SHIOTA

    CHIHARU SHIOTA

    Dans l’article précédent, je vous ai présenté un extrait du roman de Zola : Au Bonheur des Dames. Il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour parler des expositions des grands magasins. A travers ces événements, les enseignes cherchent aussi à se créer une autre image, celle de mécènes, une image culturelle…
    C’est ainsi qu’en 2017, j’avais accompagné un groupe pour une exposition de cette artiste textile Chiharu SHIOTA au Bon Marché à Paris. 
                                                 
    Texte Nathalie Morgado pour Point contemporain © 2017 :

    Peintre de formation, elle souhaitait s’affranchir du cadre restrictif de la toile, ressentant le besoin de s’exprimer davantage à travers son tissage, désirant dessiner dans l’espace. Lorsqu’elle compose ses installations, elle considère que c’est son œil qui peint. Pour Le Bon Marché Rive Gauche, elle a choisi d’exposer deux créations : l’une composée de fils de cotons blancs reliés entre eux, une autre composée de structures métalliques légères, évoquant des bateaux dont la coque est constituée également de fils blancs. 
    La symbolique du blanc est importante pour l’artiste car cela symbolise pour l’artiste la pureté et l’idée d’un nouveau départ. La technique est simple puisqu’il s’agit de relier une ligne l’une après l’autre et s’apparente pour elle à un genre de méditation. Les lignes entremêlées symbolisent l’univers mais aussi les relations humaines complexes et évoquent le système nerveux du cerveau. 
    Chirahu Shiota aime voir la surprise des visiteurs. En effet, elle a également composé son installation de façon à ce que ceux-ci s’imaginent marcher sous l’eau. Leur étonnement et leur ravissement la rend heureuse.
    La deuxième installation composée de bateaux est située sous les verrières du magasin. Les bateaux sont disposés en grappes comme s’ils allaient sortir par  la verrière. Les bateaux servent à transporter les gens et pour Chirahu Shiota cela constituait la métaphore parfaite de l’espoir, de l’avenir. Prendre le bateau c’est partir à la découverte de la vie sans savoir qu’elle est la destination, la faute à un monde incertain (d’où l’interrogation contenue dans le titre : Where are we going ? Où allons-nous ? »)
                  
    Nous nous sommes promenées dans sa Vague, nous avons pris le bateau de nos rêves, nous sommes parties en voyage. Tout est suggéré, pas de bord, pas de limite. Juste une structure métallique suggère la forme sur laquelle est accroché une cascade de fils de coton blanc. 
    La matière est rassurante, ce fil de coton nous est familier. Nous sommes à la fois pris dans les fils et rassurés par cette structure. 
    L’idée de voir les bateaux accrochés en l’air est fascinante. Un bateau est une identité solide, étanche, marine donc en rapport avant la terre, en aucun cas aérienne. Voir les bateaux accrochés en l’air évoque les déplacements du magicien d’Oz. Les fils ne forment pas une protection étanche. Cependant, nous partons en voyage dans un univers poétique. On peut aussi penser à la fragilité des bateaux de migrants, en partance pour d’ autres voyages.

    Installée sur toute la hauteur du magasin, nous pouvons nous promener sur les galeries, appréhendant l’installation sous toutes ses faces.
    L’artiste construit des espaces, que l’on peut appréhender… ou pas. Il me semble qu’elle nous laisse nous approprier le propos. Lorsqu’elle enferme des éléments dans ses fils, elle propose une façon de relier nos souvenirs, de continuer à les faire vivre sans les enfermer. C’est une construction de notre jardin intérieur. 
    Pour en savoir plus : 
  • AU BONHEUR DES DAMES – ZOLA

    AU BONHEUR DES DAMES

    Lorsque nous étions adolescents, nous lisions, grâce à l’école, des classiques. Je vous ai présenté aujourd’hui des poèmes  restés enfouis au fond de ma mémoire et de mes classeurs. Ce journal est l’occasion rêvée pour mettre les choses en ordre. Un livre est toujours resté très présent et à contribué à ma découverte du textile : Au Bonheur des Dames de Zola. Il parle du blanc, de la lingerie, des magasins comme personne. Voici les extraits du chapitre 14  ou la répétition du mot Blanc permet de dynamiser les présentations. 
    « En bas, enfin, l’exposition de blanc prenait, au fond des vitrines, une intensité de ton aveuglante. Rien que du blanc, un trousseau complet et une montagne de draps de lit à gauche, des rideaux en chapelle et des pyramides de mouchoirs à droite, fatiguaient le regard ; et, entre les « pendus » de la porte, des pièces de toile, de calicot, de mousseline, tombant en nappe, pareilles à des éboulements de neige, étaient plantées debout des gravures habillées, des feuilles de carton bleuâtre, où une jeune mariée et une dame en toilette de bal, toutes deux de grandeur naturelle, vêtues de vraies étoffes, dentelle et soie, souriaient de leurs figures peintes. Un cercle de badauds se reformait sans cesse, un désir montait de l’ébahissement de la foule.[…]

    Ce qui arrêtait ces dames, c’était le spectacle prodigieux de la grande exposition de blanc. Autour d’elles, d’abord, il y avait le vestibule, un hall aux glaces claires, pavé de mosaïques, où les étalages à bas prix retenaient la foule vorace. Ensuite, les galeries s’enfonçaient, dans une blancheur éclatante, une échappée boréale, toute une contrée de neige, déroulant l’infini des steppes tendues d’hermine, l’entassement des glaciers allumés sous le soleil. On retrouvait le blanc des vitrines du dehors, mais avivé, colossal, brûlant d’un bout à l’autre de l’énorme vaisseau, avec la flambée blanche d’un incendie en plein feu. Rien que du blanc, tous les articles blancs de chaque rayon, une débauche de blanc, un astre blanc dont le rayonnement fixe aveuglait d’abord, sans qu’on pût distinguer les détails, au milieu de cette blancheur unique. Bientôt les yeux s’accoutumaient : à gauche, la galerie Monsigny allongeait les promontoires blancs des toiles et des calicots, les roches blanches des draps de lit, des serviettes, des mouchoirs ; tandis que la galerie Michodière, à droite, occupée par la mercerie, la bonneterie et les lainages, exposait des constructions blanches en boutons de nacre, un grand décor bâti avec des chaussettes blanches, toute une salle recouverte de molleton blanc, éclairée au loin d’un coup de lumière. Mais le foyer de clarté rayonnait surtout de la galerie centrale, aux rubans et aux fichus, à la ganterie et à la soie. Les comptoirs disparaissaient sous le blanc des soies et des rubans, des gants et des fichus. Autour des colonnettes de fer, s’élevaient des bouillonnés de mousseline blanche, noués de place en place par des foulards blancs. Les escaliers étaient garnis de draperies blanches, des draperies de piqué et de basin alternées, qui filaient le long des rampes, entouraient les halls, jusqu’au second étage ; et cette montée du blanc prenait des ailes, se pressait et se perdait, comme une envolée de cygnes. Puis, le blanc retombait des voûtes, une tombée de duvet, une nappe neigeuse en larges flocons : des couvertures blanches, des couvre-pieds blancs, battaient l’air, accrochés, pareils à des bannières d’église ; de longs jets de guipure traversaient, semblaient suspendre des essaims de papillons blancs, au bourdonnement immobile ; des dentelles frissonnaient de toutes parts, flottaient comme des fils de la Vierge par un ciel d’été, emplissaient l’air de leur haleine blanche. Et la merveille, l’autel de cette religion du blanc, était, au-dessus du comptoir des soieries, dans le grand hall, une tente faite de rideaux blancs, qui descendaient du vitrage. Les mousselines, les gazes, les guipures d’art, coulaient à flots légers, pendant que des tulles brodés, très riches, et des pièces de soie orientale, lamées d’argent, servaient de fond à cette décoration géante, qui tenait du tabernacle et de l’alcôve. On aurait dit un grand lit blanc, dont l’énormité virginale attendait, comme dans les légendes, la princesse blanche, celle qui devait venir un jour, toute puissante, avec le voile blanc des épousées. […]

    Elles ne se lassaient pas de cette chanson du blanc, que chantaient les étoffes de la maison entière. Mouret n’avait encore rien fait de plus vaste, c’était le coup de génie de son art de l’étalage. Sous l’écroulement de ces blancheurs, dans l’apparent désordre des tissus, tombés comme au hasard des cases éventrées, il y avait une phrase harmonique, le blanc suivi et développé dans tous ses tons, qui naissait, grandissait, s’épanouissait, avec l’orchestration compliquée d’une fugue de maître, dont le développement continu emporte les âmes d’un vol sans cesse élargi. Rien que du blanc, et jamais le même blanc, tous les blancs s’enlevant les uns sur les autres, s’opposant, se complétant, arrivant à l’éclat même de la lumière. Cela partait des blancs mats du calicot et de la toile, des blancs sourds de la flanelle et du drap ; puis, venaient les velours, les soies, les satins, une gamme montante, le blanc peu à peu allumé, finissant en petites flammes aux cassures des plis ; et le blanc s’envolait avec la transparence des rideaux, devenait de la clarté libre avec les mousselines, les guipures, les dentelles, les tulles surtout, si légers, qu’ils étaient comme la note extrême et perdue ; tandis que l’argent des pièces de soie orientale chantait le plus haut, au fond de l’alcôve géante.« 
    On peut parler d’une véritable mise en scène du blanc, magnifié pour les besoins du roman. Octave MOURET qui a crée le magasin sanctifie les matières en parlant d’autel, de tabernacle. Il  consacre ses affaires en les purifiant de blanc, se refait une image virginale. La symbolique du blanc ici est celle de la pureté, de l’immaculée.

  • SOUVENIR de BLANC

    SOUVENIR de BLANC

    Aujourd’hui, je pense souvenirs. C’est l’effet de Pâques qui approche peut être. Pour ce jour là, je vous propose  raconter vos souvenirs liés à ce rituel : vous m’envoyez votre texte par mail afin que je le mette en ligne.
    Pensant à ces images, il m’est revenu le souvenir d’un manteau rouge que je quittais ce jour-là car nous arrivions aux beaux jours. Il était magnifique ce manteau que je portais fièrement,  bordé d’un col de cygne : je garde intact le souvenir de cette douceur, de cette chaleur.

    Tout naturellement, j’entends ce poème de Sully Prud’homme :

    Le cygne



    Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,

    Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,

    Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil

    A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;

    Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
    Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
    Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
    Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
    Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
    Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
    Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
    Il serpente, et laissant les herbages épais
    Traîner derrière lui comme une chevelure,
    Il va d’une tardive et languissante allure ;
    La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
    Et la source qui pleure un éternel absent,
    Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
    En silence tombée effleure son épaule ;
    Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
    Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
    Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
    La place éblouissante où le soleil se mire.
    Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
    A l’heure où toute forme est un spectre confus,
    Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
    Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
    Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
    Et que la luciole au clair de lune luit,
    L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
    La splendeur d’une nuit lactée et violette,
    Comme un vase d’argent parmi des diamants,
    Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.

    René-François Sully Prudhomme, Les solitudes
    Mais j’ai aussi envie de vous proposer ce texte court et magnifique, collecté il y a………lors du Printemps des Poètes de Hamid Tibouchi :

                  

    D’UNE BLANCHEUR À L’AUTRE


    A une semaine à peine
    du premier jour du printemps
    le pommier gavé de neige
    converse avec Brancusi ou Mondrian
    De la tardive blancheur humide


    à celle étonnante de tiédeur parfumée
    bientôt il éclatera de mille fleurs
    blanches un peu rosées

    Offrant à nos yeux
    fatigués de l’hiver
    l’éblouissement ensoleillé
    de la Merveille renouvelée
    Hamid Tibouchi – 
    Extraits de « Riens », inédit

    Dans mes classiques, j’ai aussi retrouvé La Symphonie en Blanc Majeur de Théophile GAUTIER, véritable ode aux éléments blancs :

    Symphonie en blanc majeur


    De leur col blanc courbant les lignes,
    On voit dans les contes du Nord,
    Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes
    Nager en chantant près du bord,

    Ou, suspendant à quelque branche
    Le plumage qui les revêt,
    Faire luire leur peau plus blanche
    Que la neige de leur duvet.

    De ces femmes il en est une,
    Qui chez nous descend quelquefois,
    Blanche comme le clair de lune
    Sur les glaciers dans les cieux froids ;

    Conviant la vue enivrée
    De sa boréale fraîcheur
    A des régals de chair nacrée,
    A des débauches de blancheur !

    Son sein, neige moulée en globe,
    Contre les camélias blancs
    Et le blanc satin de sa robe
    Soutient des combats insolents.

    Dans ces grandes batailles blanches,
    Satins et fleurs ont le dessous,
    Et, sans demander leurs revanches,
    Jaunissent comme des jaloux.

    Sur les blancheurs de son épaule,
    Paros au grain éblouissant,
    Comme dans une nuit du pôle,
    Un givre invisible descend.

    De quel mica de neige vierge,
    De quelle moelle de roseau,
    De quelle hostie et de quel cierge
    A-t-on fait le blanc de sa peau ?

    A-t-on pris la goutte lactée
    Tachant l’azur du ciel d’hiver,
    Le lis à la pulpe argentée,
    La blanche écume de la mer ;

    Le marbre blanc, chair froide et pâle,
    Où vivent les divinités ;
    L’argent mat, la laiteuse opale
    Qu’irisent de vagues clartés ;

    L’ivoire, où ses mains ont des ailes,
    Et, comme des papillons blancs,
    Sur la pointe des notes frêles
    Suspendent leurs baisers tremblants ;

    L’hermine vierge de souillure,
    Qui pour abriter leurs frissons,
    Ouate de sa blanche fourrure
    Les épaules et les blasons ;

    Le vif-argent aux fleurs fantasques
    Dont les vitraux sont ramagés ;
    Les blanches dentelles des vasques,
    Pleurs de l’ondine en l’air figés ;

    L’aubépine de mai qui plie
    Sous les blancs frimas de ses fleurs ;
    L’albâtre où la mélancolie
    Aime à retrouver ses pâleurs ;

    Le duvet blanc de la colombe,
    Neigeant sur les toits du manoir,
    Et la stalactite qui tombe,
    Larme blanche de l’antre noir ?

    Des Groenlands et des Norvèges
    Vient-elle avec Séraphita ?
    Est-ce la Madone des neiges,
    Un sphinx blanc que l’hiver sculpta,

    Sphinx enterré par l’avalanche,
    Gardien des glaciers étoilés,
    Et qui, sous sa poitrine blanche,
    Cache de blancs secrets gelés ?

    Sous la glace où calme il repose,
    Oh ! qui pourra fondre ce cœur !
    Oh ! qui pourra mettre un ton rose
    Dans cette implacable blancheur !