Auteur/autrice : Geneviève Verrier

  • Quelques vues de bleus

    Parler du bleu c’est aussi penser au magnifique livre de Dominique « Les Ombres bleues ».
    Je vous mets quelques photos avec l’accord de Catherine sa soeur qui a écrit les textes. Je ne vous présente plus Dominique que vous connaissez, j’en ai beaucoup parlé et elle reste très présente pour moi.

     

    Cette même saison, vous aviez les idées bleues. Souvenez vous :

     Tout n’est pas là, ce n’est qu’une petite partie de vos travaux.
    C’est une symphonie de bleus, avec des significations si différentes pour les unes et les autres.

     

     
    C’est aussi l’année de l’exposition Bleu Jaune Rouge au Musée de Tessé et vous, les Brodeuses, aviez eu, en devoir, une interprétation de l’oeuvre d’Hartung :

     

    Pour en finir, une citation de Prévert :

    Le gros mangeur qui désire un steak saignant le commande bleu pour oublier, peut être, sa vraie couleur de sang !

     
      
    Et pour moi, le bleu des ces aras rencontrés au Brésil est aussi une image de référence : pas de fard, pas de triche juste une couleur inoubliable.

    Et pour vous, quels souvenirs ???

    Bon dimanche à vous et demain, on prend une autre couleur peut être…

  • Le Bleu de LIA FLEMINGS

    Des œuvres bleues

    En repensant à cette couleur, il me revient en tête la première exposition que j’ai organisée au Pavillon Monod dans le cadre de Fil O Maine.
    Souvenez vous du magnifique travail de mon amie belge, Lia Fleming :

     

    Ses œuvres sont suspendues, plissées, jouant avec le moindre souffle d’air. Le shibori était sa technique de l’époque. Il faut de la rigueur pour ce travail, une parfaite connaissance de la matière et de la couleur. Son travail m’emmenait dans un monde aquatique.
    Il y a longtemps que nous n’avons pas parlé musique : La Mer de Trenet peut être …

     

    J’avais découvert comme beaucoup, son travail à Sainte Marie aux Mines en 2007. La rencontre a été intense. C’est une artiste simple, curieuse, délicate.

     

    Elle exposait avec Anne Marie BERTRAND.

    J’avais organisé un stage de deux jours autour de la technique du Shibori et vous êtes plusieurs à avoir pu profiter de cette occasion.

    Quelques traces sur les mains :

    Nous avions fait l’accrochage périlleux avec Dominique.

  • MODE D’EMPLOI

    Mode d’emploi

    Tout d’abord, merci de suivre ces pages. Je vois des chiffres d’ouverture des pages qui montrent que vous êtes bien au bout de la ligne : j’espère que vous m’enverrez vos impressions.

    LES COMMENTAIRES :

    Pour cela, deux possibilités :
    – soit vous m’envoyez un mail et vos photos et je les publie
    – soit vous cliquez sur l’onglet

    Ensuite, une nouvelle page s’ouvre et vous pouvez écrire votre texte là où vous voyez : 

     A la fin de votre texte, en bas à droite, s’affiche le mot PUBLIER : cliquez dessus et c’est parti ! Facile en fait

    Merci de votre participation et à très vite,

    RELIRE LES PREMIERS SUJETS

    De plus, pour retrouver les premiers articles, cliquez en bas de la page de présentation sur : AUTRES ARTICLES

     LIRE L’ARTICLE EN TOTALITÉ

    Vous ne voyez apparaître que les premières lignes des articles. Pour visualiser l’ensemble : cliquez sur LIRE LA SUITE

    Je pense que vous êtes prêtes à entrer dans tout le blog.
    Ainsi que le dit Paule Marie, écrivez, répondez afin que nous n’ayons pas l’impression d’écrire dans le vide. Merci à vous.

  • Fabienne VERDIER, suite à la proposition de Brigitte

    Quelques images du travail de Fabienne VERDIER

    Nous avions parlé et regardé son travail lors de l’année autour de l’Ecriture. Les brodeuses ont eu des moments de désarroi inspirés de ce travail :

    Inspirant je crois pour les textiliennes que vous êtes…
    A très vite
  • COMMENTAIRE de Brigitte

    Un message de Brigitte : 

    A la lecture de tes textes concernant la couleur puis les écrits de S.Tesson je te soumets une intervention possible qui se retrouve en lien avec ces deux thèmes

     » le rapport au temps, au silence, à la solitude, il y a des gens qui goûtent cela « 

                     Elle est peintre internationalement reconnue

                     Elle est « Passagère du silence »:

                    – Fabienne Verdier une artiste contemporaine –

    Après dix ans d’initiation en Chine à l’art pictural antique et à la calligraphie elle construit une oeuvre personnelle très étonnante de « l’unique trait de pinceau »

    Mais ses pinceaux elle les fabrique …et quels pinceaux !

     Si peut être, vous découvrez cette artiste, je vous invite à consulter une interview France Culture la concernant ( google- youtube décembre 2019 -sur les traces de Cézanne ) ainsi que 2 autres vidéo la montrant au travail…

    …et ensuite tous les articles sur les multiples facettes de son talent

    « Passagère du silence » est le titre de son auto-biographie, récit épique d’une formidable aventure intérieure

     Une vie hors du commun, une artiste qui me fascine.

    Alors nous partageons ce même plaisir et son livre a été une vraie révélation. Je ne possède pas de livre d’art sur elle (un peu hors de mon budget !) mais elle a eu une exposition il y a peu de temps et son travail et, comme celui de Geneviève ASSE, une méditation, un bruit silencieux…
    Vous trouverez beaucoup de vidéos ou elle parle de son travail, et même on peut la voir en atelier. A me manquer sous aucun prétexte…
    Merci Brigitte,
  • COMMENTAIRE de Paule Marie

    Le message de Paule Marie pour vous :

    Et voici les photos qu’elle souhaite partager avec vous.

    Merci Paule Marie : un bon point de départ également.

  • Sylvain TESSON et le confinement

    Sylvain TESSON

    Aujourd’hui, je ne vous emmène pas dans le monde de la couleur, mais plutôt sur le territoire de l’écriture. Je commence par l’interview d’un écrivain dont j’apprécie beaucoup les textes et qui était sur France Inter ce vendredi 20 mars : Sylvain TESSON


    Sylvain Tesson a fait plusieurs expériences de moment de solitude, choisies ou non, et il en a tiré quelques conclusions. 
    « La seule manière de ne pas succomber dans l’effondrement général, et le seul sur lequel on peut intervenir, c’est l’effondrement de soi-même. Ce que j’ai découvert c’est que la seule chose qu’on puisse faire c’est de ne pas engager une lutte contre le temps ; la guerre arithmétique contre les secondes qui passent, si on fait cela on est écrasé. »

    Cesser de lutter contre le temps, mieux vaut le sculpter
    Pour l’écrivain, « il ne faut pas lutter contre le passage du temps, mais l’accompagner ». Pour lui, si « nous avons la possibilité aujourd’hui de transformer nos vies sous pression, nos vies hâtives, qui nous soumettaient en permanence à des injections de dire ce qu’on pense, de courir, il nous est offert l’exact contraire. Nous le subissons, mais si nous ne tâchons pas d’en faire quelque chose, c’est la double peine ».
    Aujourd’hui, la ligne d’inégalité entre les gens, va se dessiner autour du rapport au temps : 
    Il y a une autre ligne d’inégalité, c’est le rapport au temps, au silence, à la solitude, il y a des hommes qui goûtent cela. Il y a des gens qui ont avec leur mémoire et leur sensibilité des conversations permanentes.
    Giono, Tourgueniev et Zweig au secours du confinement
    Sylvain Tesson rappelle que le président Emmanuel Macron a incité les gens à lire. « Je me suis précipité sur deux petits romans qui parlent de la retraite, c’est « Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig, et « Le journal d’un homme de trop » de Tourgueniev, c’est la possibilité de s’échapper en lisant ou en écrivant ». 
    Les auditeurs interpellent Sylvain Tesson pour lui rappeler que les journées confinées sont surchargées en télétravail, scolarisation à domicile, prises de contacts avec les plus fragiles, ils n’ont pas le temps de relire Balzac ni Faulkner. 
    Tesson cite aussi la fable de La Fontaine, « Les animaux malades de la peste », où l’on voit les animaux s’adonner à toutes sortes de procès, pour chercher des coupables. « Cela révèle toutes nos mauvaises passions, la peur, la jalousie, l’envie, l’amertume. Alors que dans « le Hussard sur le toit », avec Giono, il y a un procès spirituel. Ceux qui avaient peur de la contagion attrapent la maladie, ceux qui n’avaient pas peur, les plus nobles, étaient épargnés ».
    Sylvain Tesson : « L’imagination s’est totalement aplatie devant les écrans. Tout d’un coup, elle est obligée de revenir, parce qu’il va falloir occuper les heures. L’imagination va retirer un certain bénéfice de cette crise. » 
    Sylvain Tesson : « L’imagination s’est totalement aplatie devant les écrans. Tout d’un coup, elle est obligée de revenir, parce qu’il va falloir occuper les heures. L’imagination va retirer un certain bénéfice de cette crise. »

  • Un projet pour le confinement

    Bonjour à toutes,

    Nous en sommes au 7ème jour : le temps passe très vite finalement pour toutes celles qui ont des jardins, du ménage de printemps à faire, des lectures en retard… Merci de vos mails et réponses à ce blog.

    Aujourd’hui, je voudrais proposer un petit travail pour celles qui le souhaitent. Petit format, petite proposition.
    Nous échangeons beaucoup sur les livres que nous aimons avec certaines d’entre vous. Or, l’aventure est là en ce moment à notre porte.

    Je vous propose donc de faire des collages, broderies, patchwork, textes et même textes brodés, un par semaine ou par jour si vous en avez le temps et l’envie. Ensuite,
    – soit nous faisons un bande : plusieurs m’avaient dit vouloir en refaire, c’est vraiment la situation pour cela !
    – soit nous faisons un livre que nous relierons ensemble lors de votre retour à l’atelier.

    Pas d’inscription, juste travailler pour soi. Et on fera une exposition de tous ces travaux spécifiques à la rentrée de septembre. Cela vous tente ?

    On peut partir librement ou encore, se raccrocher aux thèmes proposés sur le blog : cette semaine, le bleu !

    C’est en rangeant vos bandes, puis en regardant le travail d’artistes que j’ai pensé à vous proposer cela.

    Je pense aux livres textiles de C. HOLMES, de J. KINGSHOTT, S. LAFOND….

      Tous les styles seront possibles, toutes les tailles. Je connais vos talents et passé la première ligne de points, les premiers mots posés, je sais que vous pourrez faire de magnifiques travaux. Allez, je vous attends !

     

    Et, vous pouvez envoyez vos photos afin que je les mette sur ce blog : échangeons et toujours ces maîtres mots, soyons solidaires, partageons !

    Allez, qui démarre ???

  • UNE DRÔLE DE LIVRAISON par Nicole

    Voici un texte de mon amie Nicole
    une drôle de livraison.
    Certains promeneurs reconnaîtront les lieux que nous avons parcouru le 11 mars dernier. 
    Merci Nicole.

     

    Drôle de livraison

    Je me suis relevé difficilement. J’écartai avec le pied les feuilles mortes qui m’avaient sans doute fait chuter. Je rencontrai une résistance, un léger dénivelé. J’observai mieux l’espace à mes pieds. J’avais repoussé les feuilles mais ce n’était pas la terre et les pierres du chemin que je découvrais. C’étaient des dessins, des entre-lacs de couleur faits de minuscules carreaux assemblés. Une mosaïque ! Je m’y connaissais peu en mosaïque. Mais le nom d’Odorico me revint! On l’avait étudié en cours d’histoire de l’art. Je m’agenouillai pour mieux continuer mon nettoyage et observer. Le dessin que je découvrais au fur et à mesure était d’importance. Soudain mes yeux tombèrent sur ma boîte. Ma superbe boîte rouge qui aurait dû être accrochée à mes épaules. Elle était renversée un peu plus loin . Je voyais le logo blanc, le pierrot endormi sur un croissant de lune que j’ai mis beaucoup de temps à choisir. Mais par bonheur elle ne s’était pas ouverte . J’avais complètement oublié la raison de ma venue ici… Ma livraison ! Je suis livreur. Et tenu à des horaires stricts. J’avais laissé mon vélo à l’entrée de l’allée. L’endroit m’avait paru bizarre ou du moins guère entretenu si j’en croyais les herbes folles et les ronces qui m’accueillaient. M’étais-je trompé d’adresse ? Pourtant j’avais vérifié le n° sur le portail, le 273, rue St Martin. J’aurais mal noté l’adresse, alors ? Mais comme au bout de l’allée m’attendait une belle maison, j’ai donc rangé mon vélo et me suis avancé vers ce perron. Les volets étaient fermés, rien ne bougeait. Me voici cherchant une sonnette, et je tombe. Odorico , Mon dieu ! c’est bien de ça qu’il s’agit, quelle découverte ! Si cette maison est réellement abandonnée, il faudrait sans doute signaler l’existence de cette mosaïque à une institution quelconque de préservation. Encore des démarches, je ne sait pas si j’en serai capable. Ce que j’avais sous les pieds était sans doute un « paillasson » ! Comme sur les photos qu’on nous avaient montrées en cours. Il en existe encore quelques uns dans certaines entrées d’immeubles. 
    Et pas seulement à Rennes car la réputation des décorations réalisées par l’entreprise des frères italiens pendant les années folles et après, avait largement dépassé les limites de la région. Le dessin encore un peu sali de terre représentait des poissons qui se faisaient face entre des rubans d’algues. Et sur le pourtour je commençais à distinguer des oiseaux. L’ensemble paraissait en bon état sauf cette tesselle dorée qui semblait déchaussée. J’avais trouvé la responsable de ma chute ! Je la tapotais pour lui faire reprendre sa place. J’entendis comme un déclic. Je levai les yeux croyant que c’était la porte d’entrée qui s’ouvrait. ( Elle était donc habitée ? ) Mais je ne vis plus de maison dans mon axe de vision. La maison avait disparu ! Je regardai à mes pieds, j’étais toujours accroupi sur les poissons en mosaïque. Je réalisai alors que comme je n’avais pas bougé, c’était donc le sol sous mes pied qui avait tourné. Mes neurones fonctionnaient à plein régime : c’était la mosaïque qui avait pivoté ?!! Et je n’avais rien senti ! Comment cela se pouvait-il ? Et ma livraison ? Et mon vélo ? Les questions embarrassaient mon esprit à tel point que je ne pensais pas à regarder devant moi, ni même à me retourner. Je dus revenir promptement à la réalité et ouvrir mes « vrais » yeux. Pas ceux du dedans comme on me le reprochait en me traitant de rêveur « descend de ta lune, Jérémie ! » -le logo, vous avez fait le lien ! A la place de ce qui était la maison, s’étendait un jardin. Un fouillis d’arbustes, de plantes et des fleurs, parcouru de frissons de soleil. Il traînait dans l’air des senteurs fleuries, rose, œillet, muguet. Je pensai aussi « tubéreuse » bien que je ne connaissais pas cette plante et encore moins son parfum. Mon œil commençait à s’y retrouver dans l’ordonnancement du jardin, je repérais les zones de couleur qui alternaient et se répondaient. C’était vraiment très beau. Je me suis retourné. Derrière moi une forêt se dressait, menaçante avec une ombre mystérieuse sous de grands arbres noirs et serrés. Un sentier partait droit sous les arbres. Je ne pouvais rester là à attendre la réapparition improbable de la maison. Je délaissai d’emblée l’option « sentier dans les bois » ayant toujours eu peur du noir et de l’ombre des forêts, sans doute encore infestées des loups de mon enfance. Je devais quitter cet endroit. Retrouver ma bécane, mon gagne-pain ! Ma boite accrochée sur mon dos, je m’engageai dans le jardin. Je n’eus pas à fouler les fleurs. Elles étaient parcourues de dalles de pas japonais. Je les empruntai bien décidé à ne pas les « rendre » . Rires ! (L’absurde de la situation conjugué au stress ) Mon rire nerveux s’estompait à peine que le sentier de dalles grises s’ouvrait en patte d’oie devant moi. Je pris le chemin de droite. Aussitôt il se subdivisa de nouveau. Je maintins mon choix à droite, me disant que pour revenir éventuellement sur mes pas ce serait plus facile. Il en fut ainsi plusieurs fois. J’évaluais mal les distances et le temps passé. Ma montre se mit à sonner. En réalité il ne s’agit pas d’une vraie montre. C’est un biper. Il me prévenait de ma prochaine livraison. Je le mis sur silencieux, inutile de rajouter du stress, la livraison n’était pas la préoccupation primordiale pour le moment ! J’étais près d’un massif qui déclinait tous les tons de rouge, du rouge coquelicot au grenat. Je fus saisi par la beauté d’un érable du Japon aux fines feuilles étoilées, rouge lie de vin. Un lapin détala devant moi me montrant son derrière. Il disparut près d’un gros rocher attirant mon regard de ce côté. Il y avait une sorte de panneau posé au pied du rocher. Je décidai d’à aller y voir, prenant pour la première fois une bifurcation sur la gauche. Ce qui m’avait intrigué était une planchette calligraphiée calée contre la base du rocher. J’y lus l’inscription « Quand une feuille d’arbre tombe, quel mal se faitelle ? » Le pourtour de la plaque était garni d’éclats de mosaïque qui par leurs couleurs me rappelèrent ma « découverte ». Ça me semblait déjà très loin. Je m’approchai me demandant quelle sorte de philosophe ou de poète avait pu concevoir une telle inscription. Je lissais machinalement les tesselles tout en cherchant une réponse. J’étais tombé peut-être sur une sorte de jeu de piste et trouver la bonne réponse me permettrait de sortir de ce traquenard. J’étais sur le point de trouver, j’avais la réponse sur le bout de la langue. Ça m’agaçait et j’astiquai d’autant plus fort une tesselle dorée qui jeta un éclat de lumière sous mes doigts. 
     *** 
    J’ai émergé difficilement. Des bribes d’un rêve traînaient dans ma tête. Les images me traversaient encore. Je me souvenais de mes jambes immenses de géant enjambant les toits de la ville. J’avais mis un pied sur les arbres du parc St Martin, l’autre au-dessus de la barre St Just et je m’apprêtais à m’accrocher au dôme de de Notre-Dame, pour atteindre la faîtage du Parlement de Bretagne.
    Mais je n’étais pas sur le toit du Palais en compagnie des allégories dorées. J’étais assis dans une sorte de réduit. Il y avait deux petites fenêtres. Des rideaux laissaient passer un mince filet de lumière. L’espace était étroit. Je me relevai péniblement, ma tête tournait beaucoup, et écartai ces bouts de tenture. Je me penchai à la fenêtre. Son cadre tout autour de ma tête étaient doré, les rideaux aussi. J’étais perché sur un côté d’une salle de grande dimension où dominaient des tons rouge et or. Mes idées se remirent en place doucement. Allèrent au fond des plis de ma mémoire chercher à quoi pouvait me faire penser ce lieu. Je les imaginais, ces idées fantasques, sautant d’un pas japonais sur l’autre dans un dédale de synapses, évitant les influx nerveux qui klaxonnaient, et heureusement sinon elles auraient été balayées comme par un courant d’air. Quand tout fut plus clair dans ma tête et dans mes yeux, je crus reconnaître enfin la Grand Chambre du Palais du Parlement. 
       
    Difficilement car il ne m’avait jamais été donné de la voir sous cet angle, avec cette perspective plongeante d’au moins trois mètres. Mon premier réflexe fut de chercher une porte sur le mur opposé du réduit. Rien. Qu’une boiserie qui me paraissait dorée à la lumière des rideaux entre-ouverts. Tout me revint en un éclair. J’avais trouvé ! Une visite scolaire de ce monument. Quelqu’un avait demandé « M’sieur, c’est quoi la cage dorée au dessus ? » Le guide avait rectifié : il s’agissait de la « loge » royale destinée à recevoir la Duchesse de Bretagne. Mais elle n’avait jamais servi, car aucun escalier n’y menait. La cage était inaccessible ! J’avais bien rigolé avec les copains. Je n’avais aucune idée de comment je m’étais retrouvé là-dedans, mais j’étais bel et bien prisonnier à trois mètres du plancher, certes en bois précieux, mais inhospitalier pour un corps qui chute. C’est à ce moment que je retrouvai la réponse à la question philosophique. « Une feuille ne se fait aucun mal, elle est programmée pour finir son cycle, mais elle le fait tout en grâce et élégance, portée par l’air en mouvement » Je songeai que je pourrais y rajouter maintenant « Elle ne connaît pas Newton et ne l’expérimentera jamais » Mais un grand gaillard comme moi, chutant de cette hauteur pourrait souffrir beaucoup ! Je m’apprêtais à tester l’attraction terrestre, n’ayant aucune autre alternative. Le monument était fermé, c’était le week-end et je n’allais pas moisir dans ce trou, même doré. J’avais entrepris de défaire les sangles de ma boîte, les avaient nouées ensemble, fait un nœud autour du montant entre les deux fenêtres. Ma ceinture et mon sweat rallongeaient le tout ; j’avais encore la ressource d’y rabouter ma chemise. Mais tout d’abord je voulais tester la longueur et fis passer ma corde improvisée dans le vide. Elle était trop courte… A partir de ce moment tout s’est accéléré, le détecteur de présence a fait son travail de détecteur. Le gardien est promptement arrivé, faisant son travail de gardiennage -depuis l’incendie, ils sont doublement vigilants !- Et sur ses talons ,la police prête a faire son travail d’éclaircissement de la vérité, moi dans le panier à salade. Ils ne m’ont pas cru. On est retourné rue St Martin. Le n° 273 n’existait pas. Et surtout plus de trace de mon vélo, mon outil de travail, ma vie, mon pain. Désormais je suis logé et nourri, je vais avoir tout mon temps pour penser à ma reconversion. 
     Nicole Desgranges 
    Mai 2017
  • TOUJOURS BLEU

    Toujours du bleu

    Toutes ces impressions me font bien entendu, penser à d’autres œuvres picturales.

    Les œuvres des frères DUFY, et surtout Raoul mort en 1953, font partie d’ensembles très colorés.  J’ai vu beaucoup de ses tableaux lors d’expositions à Paris et à Nice entre autres. Si on est sensible à la couleur, il fait partie de ceux qui nous apprennent à nous en servir. Ses tissus sont aussi sources d’inspirations. Je ne vais pas vous donner un cours d’histoire de l’art, pas de compétences pour cela mais vous trouverez beaucoup de choses sur leur travail.
    Ma première approche de Dufy est un tout petit livre acheté par hasard dans les années 1980  et je ne savais pas ce que j’avais entre les mains. Ce tableau m’avait accroché, lorsque le dessin et la couleur se dissocient, lorsque la musique est dessinée.
    Et puis ensuite, les tissus proposés lors du Quilt Europa de Lyon.
    Puis vient la Fée Electricité du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Allez la voir dès que vous passerez à Paris.
    Il y a son traitement des jardins, des panoramas et de la mer. 
    Les bleus vibrent, les relations entre les couleurs denses et vivantes. Ici, il y a du bruit, des gens qui parlent, de la nature qui bruisse, du mouvement. Nous avons changé d’atmosphère par rapport à hier. Qu’importe, tout est possible dès lors que l’émotion y est. 

    Je pense que ces tableaux sont inspirants pour les brodeuses et textiliennes : faites vos recherches !
    Profitez de ce temps suspendu pour découvrir des artistes et faites part de vos découvertes.
    Et vous, quelle musique associeriez vous à cette peinture ?
    A très bientôt pour vous présenter d’autres coups de cœur autour du bleu…