Catégorie : Le BLEU

  • POÈME D ARAGON

    De la part de Micheline, pour parler du Bleu :

      DEVINE

    Devine

    Un grand champ de lin bleu parmi les raisins noirs
    Lorsque vers moi le vent l’incline frémissant
    Un grand champ de lin bleu qui fait au ciel miroir
    Et c’est moi qui frémis jusqu’au fond de mon sang

    Devine
    Un grand champ de lin bleu dans le jour revenu
    Longtemps y traîne encore une brume des songes
    Et j’ai peur d’y lever des oiseaux inconnus
    Dont au loin l’ombre ailée obscurément s’allonge
    Devine 
    Un grand champ de lin bleu de la couleur des larmes
    Ouvert sur un pays que seul l’amour connaît
    Où tout a des parfums le pouvoir et le charme
    Comme si des baisers toujours s’y promenaient
    Devine 
    Un grand champ de lin bleu dont c’est l’étonnement 
    Toujours à découvrir une eau pure et profonde
    De son manteau couvrant miraculeusement
    Est-ce un lac ou la mer les épaules du monde
    Devine 
    Un grand champ de lin bleu qui parle rit et pleure
    Je m’y plonge et m’y perds dis-moi devines-tu
    Quelle semaille y fit la joie et la douleur
    Et pourquoi de l’aimer vous enivre et vous tue
    Devine

    LOUIS ARAGON
  • AUX CONFINS DU BLEU par Catherine ROBERT

    Aux confins du Bleu

    Portrait de Germaine de Staël en 1812 par Vladimir Borovikovski
    Portion d’espace ou bien ligne ou encore point, confins nous assigne des limites et, de ce fait, une
    frontière entre voisins. À la campagne, on se souvient des haies sinon des chemins et des routes.
    Historiquement, on fantasme sur les lointains continents mais aussi les tranchées et no man’s land
    lors de la Première Guerre mondiale puis la Guerre froide. Géographiquement et spirituellement,
    on relit la phrase « L’âme comme l’air occupe les confins de la terre et du ciel » de Mme de Staël
    dans Corinne en 1807. Aujourd’hui, on pense au vivant et au virus, aux causes et aux
    conséquences, aux puissances et aux laissés pour compte.
    Et les confins d’une couleur ? Indiscernable, la perception d’une portion de spectre optique…
    La couleur est par excellence la partie de l’art qui détient le don magique. Elle a tous les
    pouvoirs sur la sensibilité. Journal d’Eugène Delacroix
    Moi, je tire une ligne imaginaire, dernier degré du bleu dans sa discontinuité entre le vert et
    l’indigo, paradoxe même de la proximité, comme tout être, aujourd’hui isolé, regarde d’un autre
    angle l’au-delà des jours, des semaines…
    Catherine Robert
  • CHAGALL

    Couleurs chez Chagall

    Pour répondre à notre premier commentaire mais affiché inconnu, voici quelques photos d’œuvres de Chagall prises lors d’expositions diverses. C’est aussi un maître de la couleur et le bleu est une part de lui-même. Il a réalisé plusieurs auto-portraits en bleu et il dit lui-même :
    « Mon art est peut être un art insensé, un mercure flamboyant, une âme bleue jaillissant sur mes toiles. »

    En regardant les tableaux, on a l’impression que les dessins se fondent dans la couleur. C’est une peinture lyrique. Quelle musique associeriez vous avec ???

     

     

    Ces tableaux et vitraux font partie de l’ensemble des œuvres présentées au Musée Chagall à Nice qui présente son oeuvre religieuse.

    Le bleu de Chagall n’est pas forcément un « bon » bleu. Comme Picasso, le bleu est parfois sa couleur de l’angoisse. En voici un autre peintre du Bleu dont nous n’avons pas parlé…

    Revenons à Chagall : ses sujets, ses personnages semblent décalés, irréels, détachés du  quotidien ; ils flottent, volent parfois. « Mon cirque se joue dans le ciel, dans les nuages parmi les chaises, dans la fenêtre ou se reflète la lumière ».

    Dans ce tableau de Chagall, le visage bleu de 1967, j’imagine le bleu comme son monde intérieur. Les couleurs chaudes sont tout ce qu’il donne, l’extérieur, sa perception du monde qui doit l’entourer. Je suppose que le visage féminin en haut à gauche, pourrait être sa femme, son inspiratrice. 
    Et puis, pour tous les voyageurs de Fil O Maine, souvenez vous du plafond de l’opéra Garnier que nous avions vu lors de notre journée à Paris.
    Il faut absolument que nous passions à une autre couleur mais je ne vous ai pas parlé de Miro, des ciels de Boudin, des essais aussi de Vigée Lebrun sur ses ciels aussi, des bleus des porcelaines de Sèvres, des vasques magnifiques que nous avions vu au bord de la Piscine à Roubaix…
    Bon, il faut en laisser pour demain car nous risquons le confinement quelques temps…
    Belle journée,

  • Quelques vues de bleus

    Parler du bleu c’est aussi penser au magnifique livre de Dominique « Les Ombres bleues ».
    Je vous mets quelques photos avec l’accord de Catherine sa soeur qui a écrit les textes. Je ne vous présente plus Dominique que vous connaissez, j’en ai beaucoup parlé et elle reste très présente pour moi.

     

    Cette même saison, vous aviez les idées bleues. Souvenez vous :

     Tout n’est pas là, ce n’est qu’une petite partie de vos travaux.
    C’est une symphonie de bleus, avec des significations si différentes pour les unes et les autres.

     

     
    C’est aussi l’année de l’exposition Bleu Jaune Rouge au Musée de Tessé et vous, les Brodeuses, aviez eu, en devoir, une interprétation de l’oeuvre d’Hartung :

     

    Pour en finir, une citation de Prévert :

    Le gros mangeur qui désire un steak saignant le commande bleu pour oublier, peut être, sa vraie couleur de sang !

     
      
    Et pour moi, le bleu des ces aras rencontrés au Brésil est aussi une image de référence : pas de fard, pas de triche juste une couleur inoubliable.

    Et pour vous, quels souvenirs ???

    Bon dimanche à vous et demain, on prend une autre couleur peut être…

  • Le Bleu de LIA FLEMINGS

    Des œuvres bleues

    En repensant à cette couleur, il me revient en tête la première exposition que j’ai organisée au Pavillon Monod dans le cadre de Fil O Maine.
    Souvenez vous du magnifique travail de mon amie belge, Lia Fleming :

     

    Ses œuvres sont suspendues, plissées, jouant avec le moindre souffle d’air. Le shibori était sa technique de l’époque. Il faut de la rigueur pour ce travail, une parfaite connaissance de la matière et de la couleur. Son travail m’emmenait dans un monde aquatique.
    Il y a longtemps que nous n’avons pas parlé musique : La Mer de Trenet peut être …

     

    J’avais découvert comme beaucoup, son travail à Sainte Marie aux Mines en 2007. La rencontre a été intense. C’est une artiste simple, curieuse, délicate.

     

    Elle exposait avec Anne Marie BERTRAND.

    J’avais organisé un stage de deux jours autour de la technique du Shibori et vous êtes plusieurs à avoir pu profiter de cette occasion.

    Quelques traces sur les mains :

    Nous avions fait l’accrochage périlleux avec Dominique.

  • TOUJOURS BLEU

    Toujours du bleu

    Toutes ces impressions me font bien entendu, penser à d’autres œuvres picturales.

    Les œuvres des frères DUFY, et surtout Raoul mort en 1953, font partie d’ensembles très colorés.  J’ai vu beaucoup de ses tableaux lors d’expositions à Paris et à Nice entre autres. Si on est sensible à la couleur, il fait partie de ceux qui nous apprennent à nous en servir. Ses tissus sont aussi sources d’inspirations. Je ne vais pas vous donner un cours d’histoire de l’art, pas de compétences pour cela mais vous trouverez beaucoup de choses sur leur travail.
    Ma première approche de Dufy est un tout petit livre acheté par hasard dans les années 1980  et je ne savais pas ce que j’avais entre les mains. Ce tableau m’avait accroché, lorsque le dessin et la couleur se dissocient, lorsque la musique est dessinée.
    Et puis ensuite, les tissus proposés lors du Quilt Europa de Lyon.
    Puis vient la Fée Electricité du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Allez la voir dès que vous passerez à Paris.
    Il y a son traitement des jardins, des panoramas et de la mer. 
    Les bleus vibrent, les relations entre les couleurs denses et vivantes. Ici, il y a du bruit, des gens qui parlent, de la nature qui bruisse, du mouvement. Nous avons changé d’atmosphère par rapport à hier. Qu’importe, tout est possible dès lors que l’émotion y est. 

    Je pense que ces tableaux sont inspirants pour les brodeuses et textiliennes : faites vos recherches !
    Profitez de ce temps suspendu pour découvrir des artistes et faites part de vos découvertes.
    Et vous, quelle musique associeriez vous à cette peinture ?
    A très bientôt pour vous présenter d’autres coups de cœur autour du bleu…
  • Le BLEU du jardin aujourd’hui

    LA SEMAINE DU BLEU

    Est-ce ciel bleu au dessus de nous qui me conduit à parler de cette couleur ? Est-ce l’humeur de ces jours partagée entre la joie de prendre le temps et la  difficulté de ne pouvoir approcher ceux que l’on aime ?

    Ce temps est là pour que nous puissions ouvrir nos yeux et nos esprits. Mon jardin se prépare : il se met en quatre pour moi.

    Voici les prémices d’une palette de couleurs à travailler.
    Il y a peu de temps, nous avons passé 3 jours à Granville entre amitié et nature. Je ne saurais trop remercier nos hôtes pour cette pause nourricière. Les couleurs de Geneviève ASSSE étaient là aussi, inspirantes, apaisantes :

    En ce qui me concerne, cela me donne des fourmis dans les doigts. 
    ET VOUS ?
  • Toujours du BLEU

    LE BLEU

    Dans l’histoire des couleurs si bien racontée par Michel PASTOUREAU, il nous explique que le bleu est tout d’abord une couleur de second plan. Même pas de mot en grec pour parler de celle-ci !
    Il nous faut attendre le XIIème siècle pour que l’essor de la religion nous permette d’assimiler le ciel à cette couleur, de donner au bleu ses lettres de noblesse. Elle devient une couleur spirituelle. Les vêtements de la vierge sont peints en bleu, de ce bleu précieux tiré du Lapis Lazuli. Pigment rare, donc cher, mais c’est une couleur céleste et cela le vaut bien !
    Dès lors, les mécènes vont fixer dès la commande, la quantité de pierre à mettre dans le tableau. Cette couleur va arriver aussi dans les vitraux, les émaux, les tissus…
    Lorsque je parle de cette couleur, je pense au tableau de Rigaud de Louis XIV en pied qui nous en impose avec son manteau bleu doublé d’hermine.

    Immédiatement, je vois aussi le turban de la jeune fille à la Perle de Vermeer.

    Et pour vous, quelles sont les images que vous associez au BLEU ?

  • Du BLEU

    COULEURS PLEIN LES YEUX !

    En ces jours de confinement, la couleur des tableaux de nos musées imaginaires pour paraphraser Paul Veyne, jaillit dans nos têtes. C’est le moment propice pour revisiter ce qui nous transcende, ce que nous aimons, ce qui nous porte. Le quotidien ne nous permet que rarement cette pause : profitons en, et faisons le ensemble !
    Je commencerai ma galerie par les tableaux de Geneviève ASSE, revus le 11 mars dernier au musée des Beaux Arts de Rennes. Cette artiste joue uniquement la partition du Bleu. Les couleurs du ciel se confondent avec le bleu de la mer dans une construction abstraite et pourtant si lisible. Je vois les tons bleutés des toits bretons mouillés, je vois le bleu du glazig, je vois les ciels si changeants selon les marées, je vois le bleu des regards dans des visages burinées par les embruns, je vois le regard de ceux qui m’entourent. 

    De la peinture de Geneviève ASSE, je ne connais que les grands formats vus lors de diverses expositions. Vous retrouverez régulièrement son travail à la Galerie ONIRIS de Rennes. Cette peinture nous oblige à ouvrir les yeux, les oreilles, à être attentif pour s’en pénétrer. Pas de falbalas, juste un propos vrai, authentique. Il s’agit d’une peinture méditative, silencieuse. Elle nous recentre, nous oblige à ne pas nous laisser distraire.
    J’avais vu un de ces tableaux il y a très longtemps lors d’une visite au musée de Rennes avec mon collège. Je ne connaissait absolument rien, c’était ma première visite dans un musée. Je me souviens qu’en passant devant ce tableau, je trouvais cela facile avec rien à voir. Lorsqu’on nous a présenté et expliqué cette peinture, j’étais étonnée, désorientée. Le temps passe, les occupations poussent au fond de ma mémoire des évènements qui ne demandent qu’à ressurgir.
    Il y a quelques années, on me propose de participer à une exposition sur le Bleu avec trois triangles orangés. Il me faut du temps pour trouver ma réponse. Je fais le travail ci-dessous : piqué libre, encres, teinture et broderies.
    Lors d’un projet avec l’atelier que j’anime à Rennes, nous visitons le musée des Beaux Arts : révélation ! A l’étage, une salle est consacrée à Geneviève ASSE : je redécouvre ce qui maintenant, me semble évident. Ces tableaux s’étaient installés en moi, sans conscience, je les ai digérés puis interprétés à ma façon probablement.
    Si je dois associer une musique, je pense à des mélodies de Gabriel FAURE.
    Merci Madame ASSE pour ces grands moments, 
    Merci les professeurs de nous faire fréquenter des musées qui nous grandissent : on ne sait pas ce que deviennent les graines que l’on sème !
    Pour finir, allez voir les tableaux en vrai, pas seulement sur les écrans, vivez ces instants, faites vous expliquer les œuvres…