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  • Jaune et les Etats Unis

    JAUNE et les Etats Unis

    Parler du jaune me semblait facile et rapide. Mais finalement, c’est une couleur qui a tellement d’entrées possibles que j’ai encore envie de vous en parler. Bien entendu, je ne ferai pas travail d’historien ou scientifique, mais je me rends compte lors de mes insomnies, que tant d’images remontent avec cette couleur.
    Catherine a parlé de la banane d’Andy Warhol dans l’article « En Avant la zizique – Jaune ». Je connaissais l’image et j’ai repensé à ce voyage aux Etats Unis pour voir notre fils et la découverte des taxis jaunes de New York. Plusieurs jours durant, on se serait cru dans un film de Woody Allen. Et oui, pendant ce temps là, Kate et William se mariaient ………et quelques jours plus tard, nous allions quitter les Etats Unis tandis que le même jour à une heure d’intervalle, Strass Kahn ne le pourrait pas …

    La verticalité immobile
    grise s’oppose aux taches jaunes de ce décor gigantesque.  

    Mais, à New York, je retiens aussi les sphères du sculpteur italien Pomodoro devant l’ONU et l’atrium bling-bling de la Trump Tower où le marbre jaune s’étale dans une orgie de luxe. Regardez l’échelle avec les chaises tout en bas !

     

    Et puis aux Etats Unis, on peut visiter des galeries, des musées, gratuites, énormes à la mesure des dimensions du pays. Et là, je me souviens de peintres et une autre image revient à mon esprit. Connaissez vous ce tableau de Kupka Etude sur la gamme Jaune :

    Apres des décennies de désamour de cette couleur au XIXe, le jaune opère un retour dans la peinture. Les travaux de Chevreul sur la couleur suscite un intérêt, voire un engouement qui sera repris par les Nabis, les Fauves, les cubistes entre autres. Tandis qu’au XIXe, le jaune est la couleur de la prostitution et de la transgression, s’en servir devient un signe de modernité. Kupka fera deux tableaux : l’un des personnages a les yeux ouverts et celui-ci aveugle, comme un signe d’intériorité. Ici le personnage est un lecteur. Le vert et le bleu sur le visage, en petites touches donnent l’équilibre dans la composition picturale. L’ensemble pourrait nous faire penser à de la mélancolie bien que jaune, sorte de lecteur isolé dans ses pensées. 
    C’est aussi ce tableau qui me ramène au poème de Charles Sainte Beuve, Les Rayons Jaunes :

    Les dimanches d’été, le soir, vers les six heures,
    Quand le peuple empressé déserte ses demeures
    Et va s’ébattre aux champs,
    Ma persienne fermée, assis à ma fenêtre,
    Je regarde d’en haut passer et disparaître
    Joyeux bourgeois, marchands,

    Ouvriers en habits de fête, au coeur plein d’aise ;
    Un livre est entr’ouvert près de moi, sur ma chaise :
    Je lis ou fais semblant ;
    Et les jaunes rayons que le couchant ramène,
    Plus jaunes ce soir-là que pendant la semaine,
    Teignent mon rideau blanc.

    J’aime à les voir percer vitres et jalousie ;
    Chaque oblique sillon trace à ma fantaisie
    Un flot d’atomes d’or ;
    Puis, m’arrivant dans l’âme à travers la prunelle,
    Ils redorent aussi mille pensers en elle,
    Mille atomes encor.

    Ce sont des jours confus dont reparaît la trame,
    Des souvenirs d’enfance, aussi doux à notre âme
    Qu’un rêve d’avenir :
    C’était à pareille heure (oh ! je me le rappelle)
    Qu’après vêpres, enfants, au choeur de la chapelle,
    On nous faisait venir.

    La lampe brûlait jaune, et jaune aussi les cierges ;
    Et la lueur glissant aux fronts voilés des vierges
    Jaunissait leur blancheur ;
    Et le prêtre vêtu de son étole blanche
    Courbait un front jauni, comme un épi qui penche
    Sous la faux du faucheur.

    Oh ! qui dans une église à genoux sur la pierre,
    N’a bien souvent, le soir, déposé sa prière,
    Comme un grain pur de sel ?
    Qui n’a du crucifix baisé le jaune ivoire ?
    Qui n’a de l’Homme-Dieu lu la sublime histoire
    Dans un jaune missel ?

    Mais où la retrouver, quand elle s’est perdue,
    Cette humble foi du coeur, qu’un ange a suspendue
    En palme à nos berceaux ;
    Qu’une mère a nourrie en nous d’un zèle immense ;
    Dont chaque jour un prêtre arrosait la semence
    Aux bords des saints ruisseaux ?

    Peut-elle refleurir lorsqu’a soufflé l’orage,
    Et qu’en nos coeurs l’orgueil debout, a dans sa rage
    Mis le pied sur l’autel ?
    On est bien faible alors, quand le malheur arrive
    Et la mort… faut-il donc que l’idée en survive
    Au voeu d’être immortel !

    J’ai vu mourir, hélas ! ma bonne vieille tante,
    L’an dernier ; sur son lit, sans voix et haletante,
    Elle resta trois jours,
    Et trépassa. J’étais près d’elle dans l’alcôve ;
    J’étais près d’elle encor, quand sur sa tête chauve
    Le linceul fit trois tours.

    Le cercueil arriva, qu’on mesura de l’aune ;
    J’étais là… puis, autour, des cierges brûlaient jaune,
    Des prêtres priaient bas;
    Mais en vain je voulais dire l’hymne dernière ;
    Mon oeil était sans larme et ma voix sans prière,
    Car je ne croyais pas.

    Elle m’aimait pourtant… ; et ma mère aussi m’aime,
    Et ma mère à son tour mourra ; bientôt moi-même
    Dans le jaune linceul
    Je l’ensevelirai ; je clouerai sous la lame
    Ce corps flétri, mais cher, ce reste de mon âme ;
    Alors je serai seul ;

    Seul, sans mère, sans soeur, sans frère et sans épouse ;
    Car qui voudrait m’aimer, et quelle main jalouse
    S’unirait à ma main ?…
    Mais déjà le soleil recule devant l’ombre,
    Et les rayons qu’il lance à mon rideau plus sombre
    S’éteignent en chemin…

    Non, jamais à mon nom ma jeune fiancée
    Ne rougira d’amour, rêvant dans sa pensée
    Au jeune époux absent ;
    Jamais deux enfants purs, deux anges de promesse
    Ne tiendront suspendu sur moi, durant la messe,
    Le poêle jaunissant.

    Non, jamais, quand la mort m’étendra sur ma couche,
    Mon front ne sentira le baiser d’une bouche,
    Ni mon oeil obscurci
    N’entreverra l’adieu d’une lèvre mi-close !
    Jamais sur mon tombeau ne jaunira la rose,
    Ni le jaune souci !

    Ainsi va ma pensée, et la nuit est venue ;
    Je descends, et bientôt dans la foule inconnue
    J’ai noyé mon chagrin :
    Plus d’un bras me coudoie ; on entre à la guinguette,
    On sort du cabaret ; l’invalide en goguette
    Chevrotte un gai refrain.

    Ce ne sont que chansons, clameurs, rixes d’ivrogne,
    Ou qu’amours en plein air, et baisers sans vergogne,
    Et publiques faveurs ;
    Je rentre : sur ma route on se presse, on se rue ;
    Toute la nuit j’entends se traîner dans ma rue
    Et hurler les buveurs.

    Et que dire du travail d’Andy Warhol qui   dit :

    « J’ai commencé dans l’art commercial et je veux terminer avec une entreprise d’art… être bon en affaire, c’est la forme d’art la plus fascinante… gagner de l’argent est un art, travailler est un art, et les affaires bien conduites sont le plus grand des arts ». 
    Il pose là de nouvelles questions quand à l’art, la position de l’artiste. 
    Il appartient à ce grand mouvement du Pop Art et vous connaissez certainement cette qravure de Marilyn.

    Pour ces tableaux, Warhol utilise beaucoup la sérigraphie : en art textile aussi, cette technique nous permet des rendus personnalisés et techniquement abordables. 
    Nous sommes allés à Philadelphie et sommes allés à son université : aucune trace de lui dans les murs mais à la place, il y avait une magnifique et énorme exposition de Sheila HICKS dont je vous ai déjà parlé. 





  • Un petit tour bleu de la part de Nicole

    Un petit tour Bleu de la part de Nicole

    Dans le cadre des voyages Grand Format de Fil Ô Maine, nous avions visité un atelier de pastelier  près de  Gaillac. Les fonds de casseroles étaient magnifiques des restes de bouillons de couleurs. Voici les impressions de Nicole suite à cette visite.

     Je nage bleu

    Je nage bleu dans cette nuit
    entre filoche et écume
    mes rêves en filoselle
    frangés d’étoiles et de galets trop polis

    La ténèbre a envahi le monde
    La mer semble immobile
    l’oeil blanc de la lune
    ourle les chemins d’incertain

    Que sera demain ?
    Quelle main me conduira ?

    Je nage bleu
    J’éclabousse d’ombre
    le pays immuable
    le ciel de fer
    des gouffres avides

    L’étoile qui clignote là-haut
    me voit-elle
    nu dans la lumière bleue
    ombre sans visage
    tissée de charbon
    en limite
    ─ au point de fusion
    entre bleu et feu
    cachette de l’enfant
    qui continue à me conduire
    où meure l’écume sur le sable

    Je nage bleu dans cette nuit
    je suis porteur d’herbes sèches
    de graines échappées
    de souffles multiples
    de calligraphies obscures
    Mes bouches
             parlent oiseau
                     parlent poisson
                             parlent sirène

    Une comète là-haut traverse le ciel
    A-t-elle fait un vœu pour moi ?

    Dans mon vêtement d’eau et de vent
    statue de glaise opaque
    j’échange les masques
    je troque les miroirs
    je bloque le balancier
    je soliloque
    ─ je reviens toujours dans mes pas

    L’obscurité embrasse encore le ciel
    mais déjà un faucon bleu
                     déchire les nuages

    Je me redresse
    plein d’éclaboussures
                           ─ de celles qui me traversent

    Quand point le jour
    dans la jeune lumière
    je m’absente de moi-même
    par les chemins de transparence

    Nicole Desgranges
    Mars 2018

  • OR, de la famille du jaune

    OR, de la famille du jaune

    Nous l’avons vu précédemment, l’or va prendre le dessus sur le jaune au temps du Moyen Age. Il représente la richesse, la valeur et devient le jaune de référence. 
    Immédiatement, il me vient en tête l’image d’une icone présente dans le Musée des Beaux Arts du Mans que je ne manque pas de saluer à chaque passage. A côté de la Saint Agathe, il y a aussi cette vierge à l’enfant qui me touche par son air triste ou sérieux, protégée par ses angelots habillé d’un manteau perlé. Je crois que c’est son calme qui m’émeut, le jeu des couleurs et des ornements du fond du tableau. Pas de perspective bien entendu à cette époque, les tissus témoignent d’un espace.
    La fraîcheur des tons et leur humilité contrastent avec le brillant et l’effet « riche » des auréoles dorées. 

    Pietro Lorenzetti (c.1280-c.1348), Sainte Agathe, Musée du Mans ...  

    La Galerie des Offices à Florence m’a fait aimé ces icônes. Alors, lorsque nous retournerons en Italie, poussons la porte de ce magnifique musée.
    Bien sûr, il n’y a pas que les icônes ! Je fais un saut énorme dans le temps et vous parle de Klimt. Vous connaissez aussi son travail d’ornementations et la présence des contrastes avec le doré qui fait vibrer les couleurs. Le cycle d’or de Klimt débute en 1902 et va définitivement marquer son oeuvre. Utiliser l’or est synonyme de séduction, de sensualité.
    C’est la découverte des mosaïques de Ravenne lors de son voyage en Italie qui lui ouvre les yeux et change sa palette. L’or devient Sa couleur, Sa palette voire son Sujet !

    Je me souviens aussi de cette magnifique impression en entrant dans le mausolée de Galla Placidia : on croirait que les couleurs ont été posées hier ! Elles sont denses, fortes, fraîches et le doré naturel.

    On ne peut revenir identique après cette visite.
    Voici ce que Klimt va faire de cette palette, quelques siècles plus tard.

    Le Baiser 1907-1908

    Klimt est fils d’orfèvre. Il a travaillé aux arts décoratifs. On sent l’importance des ces arts dans les ornements qu’il déploie dans les vêtements, les fonds de ses tableaux. Pour les textiliennes que nous sommes, ces idées sont une richesse.
    Poster Portrait d'Adèle Bloch-Bauer I
    Portrait d’Adèle Bloch- Bauer

    Ce tableau est fait par Klimt à partir de 1903 à la demande du mari d’Adèle, riche industriel qui fait le pari de ce peintre si différent, créateur du mouvement Jugenstil à Vienne. Bien exposé dans leur salon, ce tableau fera partie des tableaux qu’Adèle lègue à l’état autrichien à sa mort. C’est la Joconde autrichienne. Lors de la 2nde guerre mondiale, le tableau sera décroché par les Allemands. Vous pensez, un oeuvre faite par un juif et possédé par une famille juive qui ne sera absolument pas épargnée. Il faudra des années de procès pour que les héritiers puissent le récupérer.  
    Dans un registre très différent, j’ai aussi plaisir à regarder les chats de Rosina Wachtmeister qui met toujours du doré sur les têtes de ses chats pour augmenter la charge affective qu’elle porte à ces animaux. Le doré donne leur valeur.

    Une nouvelle fois, ce ne sont que les premières images qui me viennent en parlant de la couleur OR et à des registres très différents. 
    Et pour vous, quelles images vous viennent en tête ? 

  • En avant la Zizique : Jaune

    En avant la Zizique : Jaune

    Ce matin, le soleil est là. Il nous console de notre confinement, le froid l’accompagne, donnnant de magnifiques couleurs. Les feuilles pointent au bout des branches, c’est une vraie symphonie.
    Voici les musiques auxquelles j’ai pensé mais vous allez certainement pouvoir me donner d’autres éléments qui pour vous, évoquent cette sensation de chaleur, de printemps :
    – Les Quatre saisons de Astor PIAZZOLA
    – DVORAK et la symphonie du Nouveau Monde
    VIVALDI : les Quatre Saisons
    Je n’ai pas trouvé les versions baroques de Jean Claude MALGLOIRE que j’avais tant aimé il y a….

    – Les Quatre saison de Max RICHTER
    – Le sacre du Printemps de Stravinsky
    Il me revient aussi des chansons de mon adolescence : 
    – Dès que le Printemps est là de Hugues Auffray
    – What a wonderfull world par Louis Amstrong
    – Le printemps qui chante de Claude François
    Soleil, soleil de Nana Mouskouri
    Et pour vous, quelles musiques vous viennent en tête ?

    De la part de Catherine : 

    Pour répondre à « En avant la Zizique : Jaune »
    Heroin, The Velvet Underground, 1965
    et en image,  Banana album, 1967
    Pour en savoir plus sur cette pochette de disque : https://www.20minutes.fr/culture/141258-20070222-banane-dandy
  • CHENG François, ode à la vie

    La mort n’est point notre issue

    La mort n’est point notre issue
    Car, plus grand que nous
    Est notre désir, lequel rejoint
    Celui du Commencement,
    Désir de vie.
    La mort n’est point notre issue,
    Mais elle rend unique tout d’ici :
    Ces rosées qui ouvrent les fleurs du jour,
    Ce coup de soleil qui sublime le paysage,
    Cette fulgurance d’un regard croisé,
    La flamboyance d’un automne tardif,
    Ce parfum qui assaille et qui passe insaisi
    Ces murmures qui ressuscitent les mots natifs,
    Ces heures irradiées de vivats, d’alléluias,
    Ces heures envahies de silence, d’absence,
    Cette soif qui jamais ne sera étanchée
    Et la faim qui n’a pour terme que l’infini…
    Fidèle compagne, la mort nous contraint
    A creuser sans cesse en nous
    Pour y loger songe et mémoire ;
    A toujours creuser en nous
    Le tunnel qui mène à l’air libre.
    Elle n’est point notre issue.
    Posant la limite,
    Elle nous signifie l’extrême exigence de la Vie,
    Celle qui donne, élève.

    François CHENG

                                        

  • Lettre ouverte Ariane ASCARIDE

    Lettre ouverte d’Ariane ASCARIDE

    Je ne puis m’empecher de reproduire ici la lettre ouverte d’Ariane Ascaride, entendu sur France Inter. Chaque matin, cette radio en lien avec France Culture, diffuse une lettre ouverte d’acteurs culturels de notre monde. Je vous ai parlé de Edgar Morin avec Sylvette, de Sylvain Tesson. Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous celle-ci.

    Pour l’écouter : https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-26-mars-2020

    Ariane Ascaride est comédienne. Elle est née à Marseille, vit à Montreuil. Son nom est associé au cinéma de Robert Guédiguian. Dans cette lettre de contrition adressée à un adolescent inconnu, elle explique en quoi la pandémie actuelle révèle et exacerbe les inégalités sociales.


    Montreuil, le 26 mars 2020
    Bonjour « beau gosse »,


    Je décide de t’appeler « Beau gosse ». Je ne te connais pas. Je t’ai aperçu l’autre jour alors que, masquée, gantée, lunettée, j’allais faire des courses au pas de charge, terrifiée, dans une grande surface proche de ma maison. Sur mon chemin, je dois passer devant un terrain de foot qui dépend de la cité dans laquelle tu habites et que je peux voir de ma maison particulière pleine de pièces avec un jardin. 

    Je suis abasourdie de vivre une réalité qui me semblait appartenir à la science fiction. 

    À mon réveil chaque jour je prends ma température, j’aère ma maison pendant des heures au risque de tomber malade, paradoxe infernal et ridicule. La peau de mes mains ressemble à un vieux parchemin et commence à peler, je les lave avec force et savon de Marseille toutes les demie heures. Si je déglutis et que cela provoque une légère toux, mon sang se glace et je dois faire un effort sur moi-même pour ne pas appeler mon médecin. Je n’ai d’ailleurs pas fui en province pour rester proche de lui. Je deviens folle ! 
    Sortir me demande une préparation  mentale intense, digne d’une sportive de haut niveau, car pour moi une fois dehors tout n’est que danger ! Et c’est dans cet angoissant état d’esprit, que je t’ai vu, loin, sur ce terrain de foot, insouciant, jouant avec tes copains, vous touchant, vous tapant dans les mains comme des chevaliers invincibles protégés par le bouclier de la jeunesse.
    Vous étiez éclatants de sourire, d’arrogance, de vie mais peut-être  aussi porteurs de malheurs inconscients. 
    Si vous étiez dehors, c’est qu’il n’est pas aisé d’être je ne sais combien dans un appartement toujours trop étroit, c’est invivable et parfois violent. Vos parents travaillent, eux, toujours, à faire le ménage dans des hôpitaux sans grande protection ou à livrer toutes sortes de denrées et de colis que nous récupérerons prudemment avec nos mains gantées après qu’ils ont été posés devant nos portes fermées. Prudence oblige. 
    Bakari, je suis née dans un monde similaire au tien je n’ai eu de cesse de l’avoir toujours très présent dans mon cœur et ma mémoire, et je n’ai eu de cesse de le célébrer et d’essayer de faire changer les choses. 
    Aujourd’hui je te demande pardon, à toi porteur sain certainement qui risque d’infecter l’un des tiens.

    Je te demande pardon de ne pas avoir été assez convaincante, assez entreprenante, pour que la société dans laquelle tu vis soit plus équitable et te donne le droit de penser que tu en fais partie intégrante. Tout ce que je dis aujourd’hui, tu ne l’entendras pas, car tu n’écoutes pas cette radio. 
    Je voudrais juste que tu continues à exister, que ta mère, ton père, tes grands-parents continuent à exister, à rire et non pleurer. 
    Je ne sais pas comment te parler pour que tu m’entendes : je suis juste une pauvre folle masquée, gantée, lunettée, qui passe non loin de toi et que tu regardes avec un petit sourire ironique car tu n’es pas méchant, tu es simplement un adolescent qui n’a pas eu la chance de mes enfants.
    Ariane Ascaride
  • Ecole de SKAGEN par Michèle

    Ecole de SKAGEN

    École de Skagen : de la fin des années 1870 au début du 20e siècle, des peintres scandinaves

    se regroupent au nord du Danemark, à Skagen, là où la mer du Nord et la Baltique se rejoignent.
    Ils sont très intéressés par le travail des impressionnistes et par le travail de l’école de Barbizon.
    Beaucoup de tableaux sont peints en extérieur. Les lumières du soleil nordique sont essentielles.
    Anna Ancher (1859-1935) est la seule femme de ce groupe.

     

    Les trois petites filles : elles tressent des fleurs, semblent concentrées sur leur travail. Lumière,
    calme et plaisir. Elles sont dehors, ensemble et n’ont besoin de rien d’autre

    .
    Soleil dans la pièce bleue (1891) : la petite fille est seule, travaillant à son ouvrage, dans la lumière
    et le silence. Le bleu est omniprésent mais la fenêtre, la lumière sur le mur et la blondeur des
    cheveux illuminent la pièce. Impression de calme.

     Soleil dans la pièce (1921) : 
    Des années après, un thème similaire. L’ambiance est très lumineuse et le triangle bleu du fichu
    attire directement l’oeil. La vieille femme est seule, dos tourné au regardeur. Paisible et plongée en elle-même. La lumière entre à flots. Beaucoup de petites notes lumineuses sur la toile.
    Une exposition Anna Ancher était prévue à Copenhague du 8 février au 24 mai
    https://www.smk.dk/en/exhibition/anna-ancher/

  • Goganes de Christiane

    Goganes de Christiane


    Timides « goganes »

    Goguettes

    Apparaît le printemps

    Gogane : nom local de la fritillaire pindade , dans le Maine et Loire

    Christiane

    Zone contenant les pièces jointes

  • KANDINSKY par Nicole

    « Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier » Kandinsky

    Son ouvrage, Du Spirituel dans l’art, écrit en 1910, où l’artiste médite sur les rapports entre la forme et la couleur, la peinture et la musique, tentant de définir la valeur expressive des formes et des couleurs et de leurs combinaisons, fera date.
    Couleurs et formes, déterminent des impressions particulières, véhiculent des sensations et des sentiments différents. Au bleu mystique et froid s’opposent le jaune chaud et agressif, le vert paisible, les différents silences des blancs et des noirs, la passion du rouge, couleurs qu’il met en relation avec ronds, triangles et carrés, lignes ouvertes ou fermées. Le spirituel est du ressort de la peinture qui agit  directement sur les sens et sur l’émotion 
    Un extrait du chapitre 5 
    Lorsque nos yeux tombent sur une palette chargée de couleurs, deux effets principaux se produisent :
    1 – Un effet purement physique, par lequel l’œil lui-même est enchanté par la beauté et les autres propriétés de la couleur. Le spectateur ressent alors une sensation de satisfaction, de joie, comme un gastronome qui goûte une gourmandise. Ou bien l’œil est excité, comme le palais au contact d’un met épicé. […] Il s’agit là de sensations physiques, qui, en tant que telles, ne peuvent être que de courte durée. Elles restent aussi superficielles et ne peuvent laisser d’impression durable, tant que l’âme demeure fermée à leur contact. […] Mais cet effet élémentaire peut, en se développant, donner lieu à un effet plus profond, qui cause un ébranlement de l’âme.
    2 – Dans ce cas, on atteint au second effet principal de l’observation de la couleur, c’est-à-dire son effet psychique. Il s’agit de la force psychique de la couleur, qui provoque une vibration de l’âme. Et la première force, physique, devient la voie par laquelle la couleur atteint l’âme. :
    Notes prises pendant le cours d’histoire de l’art de Delphine Durand sur Kandinsky, 
    à Cesson Sévigné :
    L’abstraction, c’est se rapprocher du divin.
    La couleur dans l’art c’est comme le sentiment amoureux.
    Pour Kandinsky , la toile est un clavecin de couleurs et le corps est un violon, une caisse de résonance.
    Le bleu c’est le divin.
    Le jaune c’est un tympan déchiré par le son aigu d’une trompette.
    Jaune + noir, c’est la mélancolie, la dépression
    Vert la couleur de la Création
    Rose + jaune + blanc c’est la puissance divine
    Nicole
  • Toujours du JAUNE

    Toujours JAUNE

    « Le jaune tourmente l’homme, il le pique et l’excite, s’impose à lui comme une contrainte, l’importune avec une espèce d’insolence insupportable »
    Wassily KANDISKY

    Voilà résumé par un maître, un rapport difficile à cette couleur.

    Il est très étonnant de dire qu’on n’aime pas cette couleur tandis que tant d’œuvres m’ont marquées. Bien sur que j’aime le jaune, regardez comme il illumine ces œuvres :

    Sheila HICKS : Chaumont sur Loire et Centre Pompidou

     Des œuvres gigantesques où il est question d’immersion. Son jeu d’échelle nous oblige, les sensations sont là. La manière de travailler les fils nous perd : entre ligatures très rangées, ordonnées et les ballots de textiles plus spontanés.

    Et les œuvres de Anne Marie Bertrand, toutes de finesse et de raffinement : 

    Et tout cela me ramène à mes racines bretonnes, même si je suis du Pays Gallo :

    Gilet du Pays Bigouden

    Création de Pascal Jaouen