Catégorie : Vert

  • METTONS NOUS AU VERT – 2

    METTONS NOUS AU VERT – 2

    Caillebotte : Jardin
    Je vous ai évoqué les premiers souvenirs autour du vert. 
    Il y a aussi bien d’autres images autour de cette couleur et là, nous arrivons à parler de cette entrée autour de la nature liée à la couleur verte. Légumes, végétaux, campagne, espaces verts, chlorophylle, croix verte des pharmacies qui utilisent des plantes, soins par les plantes, pharmacies…..
    Lune des premières images qui me vient en tête si on parle campagne est le tableau de Caillebotte présenté au Musée de Rennes : La ballade à Yerres.

    Le peintre prend un angle inspiré des estampes japonaises dans son cadrage pour nous parler du thème cher à ses amis impressionnistes, l’eau et ses reflets, la lumière. 
    La mise en scène est remarquable, valorise le mouvement des rameurs et on entend la clapotis de l’eau. Les nuances de vert son innombrables pour évoquer les arbres, la percée du soleil, les troncs et les bords de l’eau. C’est un sujet magnifique pour les brodeuses et textiliennes. Il ressort de ce tableau, une image bucolique et sportive. 

    Regardez : ici, on nous parle de l’effort pour ramer mais version loisir. N’oublions pas que le chemin de fer permet aux parisiens d’alors, de passer un dimanche à la campagne. Ce personnage n’a pas pris le temps d’ôter son chapeau. On suppose qu’il a sauté dans le bateau pour profiter de cette journée. Le peintre fera toute une série de ces rameurs mais le sujet n’est plus tant l’atmosphère végétale que les personnages et leur activité. 
    Puisque nous parlons de ce peintre, j’en profite pour présenter une vidéo sur son tableau les Raboteurs que j’aime particulièrement mais qui n’a rien de vert, je vous l’accorde  : 

  • METTONS NOUS AU VERT

    METTONS NOUS AU VERT – 1

     Jan van Eyck, 1434 ( National Gallery, Londres).

    Depuis le temps que je vous en parle, je vous invite à voir les prochains jours en vert. C’est finalement une entrée difficile car tellement liée à la nature. Je me souviens d’un bouddha en jade que l’on m’avait offert, première incursion du vert dans ma vie. Etant jeune, nous ne portions pas ou peu de vert. Ce n’était pas une couleur « portable, elle donnait mauvaise mine » : comme s’il n’existait qu’un vert unique ! Lorsqu’on regarde nos jardins, quelle palette…

    Je me suis rattrapée ensuite lorsqu’en choisissant une tenue pour m’habiller avec ma première paie à 16 ans, je choisis un pull vert assez vif et un pantalon bleu foncé. J’aimais beaucoup cette association. Et là, on me dit que cela ne se faisait pas, ce n’était pas possible sans plus d’arguments !

    J’étais habillée en Rothko avant l’heure…

    J’en ai souvent parlé autour de moi et nombre d’entre vous se souviennent de ces associations impossibles. Ces impossibles c’était aussi lorsque j’ai acheté ma 2nde tenue quelques temps après et voulant sortir du bleu marine que j’ai habité durant au moins 10 ans, je prends un pantalon rouge et un gilet jaune : nouveau scandale revécu encore lorsque j’ai adoré porter du rose et du orange. Ensuite, j’étais définitivement fichue et incorrigible ! Lorsque je vois ce tableau de Van Eyck que vous pouvez voir à la National Gallery de Londres, je trouve pourtant que la robe de velours de Madame Arnolfini avec ses ruchés est magnifique et pétillante de vie : ce vert aurait-il été choisi pour parler de la grossesse à terme et de la naissance à venir ?

    La couleur est utilisée depuis longtemps, nous le verrons mais il est vrai que peindre un tissu vert, ne se retrouve pas si souvent.

    Regardez cette vierge à l’enfant de Solario (XVIè) visible au Louvres : le velouté sur lequel est posé l’enfant donne un côté rassurant, confortable. Le peintre a-t-il voulu évoquer la vie à venir de cet enfant, véritable pari ? Vous remarquerez aussi combien le vert fait écho à la verdure de l’arrière plan.

    Le vert porte cette ambivalence d’évoquer à la fois la campagne, mais aussi la mort, le destin, le tapis vert des tables de jeux mais avant cela, c’était aussi l’herbe du pré sur lequel se faisait les tournois, les terrains de sport et les duels. On comprends tout de suite le risque à porter du vert ! Et puis, le vert porta aussi dans son histoire sa composition. Fait à partir d’une teinture qui contient de l’arsenic, les vêtements verts empoisonnaient à petite dose ceux qui les portaient durablement. Souvenons nous aussi combien la teinture verte est difficile à tenir durablement : regardez certaines tapisseries anciennes qui semblent bleuies dans les feuillages car le vert à disparu.

    Nous entrons dans un domaine aux multiples définitions car, comme pour la plupart des couleurs, il y a des entrées positives et des entrées plus négatives.

    Dans le jeu des entrées négatives, j’évoquais les tapis de jeu et ce matin, j’ai entendu parler du billet vert : le dollar et le prix du pétrole dans une actualité qui nous laisse sans voix. Les ressources de notre terre ne valent plus rien…mais cela est une autre histoire.. Si on pense actualité, des entreprises ont versé des dividendes à leurs actionnaires ces jours-ci. Or les conseils d’administration se sont longtemps réunis autour d’un tapis vert dit-on. Mais terminons cette page sur les risques des joueurs peints sur ce tableau de Jean Pierre DUBUC.

  • Prenons un vert

    Prenons un vert

    Pour glisser vers le vert, je me permets de vous transmettre cette lettre de David HOCKNEY, entendu dans les Lettres d’Intérieur diffusées sur France Inter grâce à Augustin TRAPENARD.
    C’est ma première rencontre avec le travail de ce peintre anglais pourtant plus connu pour ses scènes de piscine. La couleur des arbres l’a rendu inoubliable pour moi, le design qui semblait accessible, voir simpliste et pourtant ! Les couleurs libres dans ses tableaux sont un vrai apprentissage : peingnez ce que vous voyez et non ce qu’on vous dit conventionnellement de voir ! Une vraie philosophie…  
    Depuis, j’ai souvent montré dans les ateliers son carnet de voyage car il est abordable pour les brodeuses. Il fait partie des livres disparus depuis plusieurs mois de l’atelier alors, si vous le voyez…



    Ce matin, j’ai envie de vous faire partager sa lettre d’intérieur écrite durant ce confinement à Ruth Mackenzie, sa compatriote directrice artistique au Châtelet : 



    Nous sommes actuellement en Normandie, où nous avons séjourné pour la première fois l’année dernière. J’ai toujours eu en tête de m’organiser pour vivre ici l’arrivée du Printemps. Je suis confiné avec Jean-Pierre et Jonathan, et jusqu’ici tout va bien pour nous. Je dessine sur mon Ipad, un medium plus rapide que la peinture. J’y avais déjà eu recours voilà 10 ans, dans l’East Yorkshire, quand cette tablette était sortie. Avant cela, j’utilisais sur mon Iphone une application, Brushes, que je trouvais d’excellente qualité. Mais les prétendues améliorations apportées en 2015 la rendirent trop sophistiquée, et donc tout simplement inutilisable ! Depuis, un mathématicien de Leeds, en Angleterre, en a développé une sur mesure pour moi, plus pratique et grâce à laquelle j’arrive à peindre assez rapidement. Pour un dessinateur, la rapidité est clé, même si certains dessins peuvent me prendre quatre à cinq heures de travail.

    Dès notre découverte de la Normandie, nous en sommes tombés amoureux, et l’envie m’est venue de peindre et de dessiner l’arrivée du printemps ici. On y trouve des poiriers, des pommiers, des cerisiers et des pruniers en fleur. Et aussi des aubépines et des prunelliers. 
    J’ai immédiatement commencé à dessiner dans un carnet japonais tout ce qui entourait notre maison, puis la maison elle-même. Ces créations furent exposées à New York, en septembre 2019. Mais étant fumeur, je n’ai pas d’attirance pour New York et n’y ai jamais mis les pieds.
    Nous sommes revenus en Normandie le 2 mars dernier et j’ai commencé à dessiner ces arbres décharnés sur mon IPad. Depuis que le virus a frappé, nous sommes confinés. Cela ne m’impacte que peu, mais JP et Jonathan, dont la famille est à Harrogate, sont plus affectés.
    Qu’on le veuille ou non, nous sommes là pour un bout de temps. J’ai continué à dessiner ces arbres, desquels jaillissent désormais chaque jour un peu plus de bourgeons et de fleurs. Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
    Je ne cesse de partager ces dessins avec mes amis, qui en sont tous ravis, et cela me fait plaisir. Pendant ce temps, le virus, devenu fou et incontrôlable, se propage. Beaucoup me disent que ces dessins leur offrent un répit dans cette épreuve.
    Pourquoi mes dessins sont-ils ressentis comme un répit dans ce tourbillon de nouvelles effrayantes ? Ils témoignent du cycle de la vie qui recommence ici avec le début du printemps. Je vais m’attacher à poursuivre ce travail maintenant que j’en ai mesuré l’importance. Ma vie me va, j’ai quelque chose à faire : peindre.
    Comme des idiots, nous avons perdu notre lien avec la nature alors même que nous en faisons pleinement partie. Tout cela se terminera un jour. Alors, quelles leçons saurons-nous en tirer ? J’ai 83 ans, je vais mourir. On meurt parce qu’on naît. Les seules choses qui importent dans la vie, ce sont la nourriture et l’amour, dans cet ordre, et aussi notre petit chien Ruby. J’y crois sincèrement, et pour moi, la source de l’art se trouve dans l’amour. J’aime la vie.
    Amitiés
    D.  
    David Hockney
               
    Pour en savoir plus : 

    https://giphy.com/gifs/gFV1QJarZYkKRewMzR/html5
    https://www.dailymotion.com/video/x7tbxpu